LETTRE D’AMSTERDAM

Amsterdam, le 15 février 1981

Chers Amis,

Nous voilà à Amsterdam en cette mi-février… L’entrelacs des canaux, enjambés par des ponts, baigne dans un voile de brume, que perce, à l’occasion, un timide et pâle soleil d’hiver. Des maisons de briques rouges, engrossées de bow windows, ces fenêtres à l’anglaise, s’alignent le long des parcelles dessinées par les eaux et qui composent un vaste damier. Des arbres bordent les rues pavées au cœur desquelles file une multitude de bicyclettes. Les chalands, en promenade, y déambulent eux aussi, à pied. C’est en marchant que l’on apprivoise une ville. Et, en ces vieux quartiers, le piéton est roi. Tout concourt à la quiétude. En cette saison hivernale, le Dam est seulement parcouru par ces tramways de couleur jaune et peuplé de rares citadins frileux et peu soucieux de sa légende…

Au Rikjmuseum, les touristes, cette plaie démocratique de notre temps, visitent au pas de course ce musée. D’un œil distrait, ils aperçoivent les portraits de Franz Hals et, entre autres, la « Ronde de nuit » de Rembrandt.

Invité en cette ville, avant d’écouter deux jours plus tard, à Gouda, un chanteur néerlandais, je suis logé à la même enseigne sans doute que ces visiteurs pressés : je suis hébergé au Hilton local, immergé au milieu des VRP internationaux et des groupes de touristes… Heureusement, à deux pas s’étend « le plat pays »…