NORVEGE

JUILLET 2011

LA BEAUTE DU MONDE

Mardi 5 juillet, Bergen

La compagnie SAS ne me laisse guère un souvenir impérissable : à bord, tout se vend, tout s’achète, tout se paye ; carte de crédit recommandée… Demander un verre d’eau est chose incongrue.

Dès l’arrivée, on le remarque, les gens du nord sont disciplinés, ils font la queue…

En début d’après-midi, à Bergen, après une escale à Oslo, le thermomètre affiche 22 degrés. En sept minutes, le funiculaire escalade la montagne. Des hauteurs de Bergen, on contemple la ville et les fjords : ici, la terre et la mer s’épousent, se pénètrent, voire se confondent, et le souffle du vent ride la surface moirée des eaux. En bas, sur la quai Bryggen, témoignage du passé, s’alignent seize demeures anciennes coiffées de toits pointus. Les couleurs crème, ocre ou brique de leurs façades s’éclairent sous le soleil ; elles sont hautes de deux étages et d’un grenier qui s’élèvent au-dessus du magasin situé au rez-de-chaussée. Architecture imaginée par un lointain prédécesseur norvégien du baron Haussmann ? Plus loin, se haussent d’autres beaux édifices, plus hauts mais moins anciens.

Long dîner quelconque au bord l’eau… Il fait froid mais les jeux de lumière du soleil, qui lentement s’éteint, réconcilient l’Homme avec la nature.

Bergen
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Le quai Bryggen
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Mercredi 6 juillet

NAVIGATION

A 8 heures, on quitte le port et ses navires marchands pour longer la côte. Nombre de constructions regardent la mer : maisons de bois, peintes de couleurs diverses, édifices assez laids aussi… Au fil de la navigation, les habitations se font plus rares, l’habitat plus isolé. Au creux d’une crique, se blottit une petite maison de bois rouge ; à proximité, flotte un doris… On aimerait y partager un souper et admirer le jour qui s’éternise et la nuit qui se refuse…

Un pont suspendu barre l’horizon. Collines verdoyantes, rochers… Voilà que le paysage se diversifie : la nature «  s’ensauvage ». Ici, paissent quelques moutons…

Première escale à Eivindik Sollibotn : le ciel et la mer marient les ton gris de leur robe ; la chaîne des montagnes les distingue ; la plus haute culmine à 1600 mètres. A dix heures, on pénètre dans le fjord Sogn.

Navigant au gré des 204 kilomètres de ce fjord, noyé dans cette palette de gris qui colorent le ciel et la mer, on contemple la succession des paysages : sommets enneigés, qui, ici ou là, accrochent une écharpe de brume, sombres promontoires, tapis verdoyant des conifères qui dévale les pentes, écume des cascades impétueuses, moire des eaux tranquilles du fjord… Sauvage et grandiose, la nature est souveraine. Sa beauté et ses silences ont, sans doute, forgé l’imaginaire des créateurs. Comme l’improbable alternance des ténèbres et de la lumière : ici, les nuits ne sont pas l’envers des jours ; l’hiver, elles se prolongent et, l’été, la clarté du ciel s’attarde tandis que la nuit, éphémère, se fait prier. L’inspiration des artistes évolue, dit-on, de l’obscurité de l’hiver à la lumière de l’été… On songe au dramaturge Jon Fosse qui aime écrire sur la rive d’un fjord.

Deuxième escale à Lavik. Peu avant onze heures, on atteint le lieu le plus profond du fjord : 1300 mètres ! Et voilà que le soleil daigne apparaître. Le Breton s’émerveille…

Nordeide est la troisième escale. A tribord, on aperçoit des sommets enneigés, à bâbord, des pentes verdoyantes plantées de conifères. Et la neige ensevelit les cimes les plus élevées des deux rives.

Nouvelle escale à Vik. Littéralement, ce mot signifie baie et compose la dénomination Vikings, originaires des fjords. A proximité, l’une des collines vomit une cascade et, les paysages se succèdent encadrant la moire des eaux du fjord …

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VILLEGIATURE

A l’escale suivante, Balestrand, nous quittons le bateau. Un peu plus tard, l’hôtel Kviknes nous accueillera. Il fait chaud. Bravant le soleil, on se dirige à pied, à travers la campagne, vers le restaurant Ciderhuset, la maison du cidre. Le paysage, ici, évoque la Suisse… Le parcours est éprouvant.

Situé au milieu des vergers et des cerisaies, le restaurant est une grande maison agrémentée d’une véranda. D’abord, on déguste le cidre, puis les jus de fruits maison : pomme, pomme-groseille… Tous produits naturels. Le repas en plein air, face aux champs et au fjord, est exquis : truite saumonée, pommes de terre, jambon de Parme, crêpes, pain maison, fruits au sirop et glaces maison, café. Tous ces mets savourés comme des délices. Au terme de ces agapes, on écoute un long exposé de la maîtresse des lieux : elle raconte ce village, prisé par les artistes depuis le XIX° siècle. Le maître de maison lui succède : il évoque la culture de la pomme et la fabrication du cidre selon la méthode champenoise. Il célèbre ensuite « l’esprit du brandy » et chante d’une fort belle voix un cantique en latin.

En compagnie de madame, on s’achemine à pied à travers la campagne et on contemple deux élégantes villas : l’une édifiée par une américaine, l’autre par un peintre qui, dit-on, découvrit Munch, le plus illustre des peintres norvégiens. Les deux sont ornées de dragons. Ce style d’architecture est qualifié de « suisse ». Sur le chemin de l’hôtel, on visite la jolie église anglicane en bois ouverte en 1897.

De la chambre 873 de l’hôtel Kviknes, la vue sur le fjord offre le spectacle de l’une de ces merveilles de la nature que le regard se plaît à contempler. Et, une heure durant, on s’attache à méditer sur la beauté du monde tel qu’il est et, tel qu’il fût, voici des millénaires voire, des millions d’années. Une nature immuable sans doute, vierge encore.

Fjord Sogn
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Fjord Sogn
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Fjord Sogn
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Fjord Sogn
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Balestrand
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Balestrand
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Balestrand
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Balestrand - Église anglicane Saint Olaf
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Balestrand - Église anglicane Saint Olaf
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Balestrand - Église anglicane Saint Olaf
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Balestrand - Église anglicane Saint Olaf
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Fjord Sogn
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Hôtel Kviknes
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Conférence-projection de Sigur Kviknes, directeur de l'hôtel Kviknes
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Fjord Sogn
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Fjord Sogn
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Fjord Sogn
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MUSIQUE

« C’est inconcevable qu’il n’y ait personne pour se plonger dans l’étude de notre musique nationale, alors que nous avons, dans notre musique populaire, tant de sources fraîches pour ceux qui ont les oreilles pour le entendre, le cœur pour les sentir et les capacités pour les transcrire », regrettait le compositeur Edvard Grieg, en 1901, cité par Etienne Bours, expert en la matière. Ce-dernier poursuit : « La Norvège, comme les autres pays scandinaves, est terre de violon. Ici, l’archet mène la danse. Et, malgré l’arrivée de l’accordéon, l’instrument est resté maître en musique traditionnelle ». Pourtant, « il n’y a pas si longtemps, en ce pays luthérien, jouer du violon ou danser, c’était pécher et, on brûlait les violons », raconte Hilde Bjorkum, directrice du festival de Forde. Aujourd’hui, la tradition se perpétue et évolue, portée par une pléiade de jeunes talents.

Initialement, la musique traditionnelle norvégienne est une musique de solistes au sein de laquelle, donc, domine le violon.

Au cours de l’après-midi, l’un des salons de l’hôtel accueille une conférence consacrée à la musique traditionnelle norvégienne. Fiona Talkington de la BBC et son collègue Leiv Solberg, de la radio norvégienne, procèdent à l’initiation des profanes. La géographie de la Norvège, observent-ils, dessine une diversité : les régions diffèrent les unes des autres, leurs musiques également. La diversité des dialectes musicaux qui irrigue la tradition offre nombre de variantes d’une mélodie.

L’écoute d’une plage de CD rappelle que la musique traditionnelle est fonctionnelle : c’est un chant pour ramener le bétail à la ferme ; interprétée par une voix de femme aigue, il recèle des sonorités inouïes.

L’une des spécificités de cette tradition musicale réside dans l’existence d’un instrument original : le violon hardanger ou violon harding qui n’existe nulle part ailleurs. Encore n’est-il présent qu’au sud du pays et sur une partie de la côte ouest. En plus des quatre cordes habituelles, il est tendu de quatre ou cinq cordes sympathiques. Il est doté d’un manche à tête de lion et décoré d’incrustations d’os, de nacre et de perles. Il prodigue une sonorité inouïe. Son répertoire est tissé de mélodies spécifiques : deux mesures répétées avec de légères variations successives…

Autrefois, les hommes jouaient du violon et du violon hardanger ; aux femmes était dévolu le chant. Mais advint un temps où jouer du violon c’était pécher alors, on jetait l’instrument au feu…

Jorun-Marie Kvenberg, membre de l’ensemble Majorstuen, interprète un air à trois temps de la côte, région dont elle est originaire. Elle propose plusieurs variantes de la mélodie, en fonction de la géographie : quelque peu « sirupeuse » à l’est, plus ornementée aux marches de la Suède, allégée par une certaine légèreté un peu plus au sud de la même région. Ces différences contribuent à la richesse de la tradition. Jorun-Marie a suivi un apprentissage classique jusqu’au conservatoire, l’Académie d’Etat. Elle s’est initiée à la tradition avec sa mère, fiddler comme son grand-père, apprenant d’oreille, selon l’usage. D’une jolie voix, elle chante…

Leiv Solberg rappelle que la diffusion d’un programme de musique traditionnelle à la radio a commencé en … 1931 ! Six mille airs ont été collectés entre 1952 et 2011, et la radio assure la diffusion de ce patrimoine musical traditionnel. Aujourd’hui, nombre de jeunes talents portent cette musique. On observera qu’il existe une parenté entre les musiques norvégienne et suédoise.

En fin d’après-midi, une autre conférence, illustrée de projections, est offerte par monsieur Sigur Kviknes, directeur de l’hôtel, et représentant la quatrième génération de cette famille d’hôteliers. C’est en 1752, raconte-t-il, qu’est fondée la première auberge. Elle répond à un besoin car, à l’époque, on navigue à la rame sur cette autoroute qu’est le fjord. En 1810, arrivent les premiers touristes ; ce sont les peintres romantiques norvégiens. Admirées en Angleterre, leurs peintures suscitent un tourisme britannique. En 1877, c’est l’arrière-grand-père de l’actuel directeur qui préside aux destinées de l’établissement. Au fil des ans, les travaux d’agrandissement se succèdent …

FASTES

En 1910, Balestrand accueille un visiteur de marque, le Kaiser Willem, l’empereur allemand Guillaume II. Il voyage à bord de son yacht, manoeuvré par 250 marins et escorté par trois navires de guerre. Il vit à bord et, à l’occasion, organise à terre des festivités. Ainsi, son orchestre symphonique, en uniforme de la marine, accompagne les danses exécutées sur le gazon… Maintenus à distance, tels des manants, les villageois observent.

Satisfait de son séjour, l’empereur revient en 1911, 1912 et en 1913. Il offre alors une gigantesque statue, l’occasion de célébrations. Toutes les fanfares et tous les chœurs d’hommes du pays sont convoqués ; des dizaines de milliers de personnes affluent dans le village, qui ne compte guère à l’époque plus de 600 habitants. En 1914, l’empereur note sur son agenda : « vacances à Balestrand ? » Il arrive le 13 juillet. Le 31, ultimatum puis, vient la guerre… Ces images de l’époque, que détient le directeur de l’hôtel, sont de véritables documents.

On assiste ensuite à un court concert de Jorun-Marie Kvernberg : elle interprète au violon marche de mariage et autres thèmes, chante un chant d’adieu, accompagné par les sonorités mélodieuses de la cithare puis, au violon, un air de danse et, rend hommage à son grand-père, une musique qu’il a composée, violon et voix superbes jusque dans les aigus.

Dans la grande salle à manger, le buffet est somptueux ; les lieux évoquent un décor de « Mort à Venise ». Ils succèdent à une enfilade de salons et regardent les eaux du fjord. Le repas, c’est la fête des poissons ! Ils sont accommodés de mille manières. Ainsi le saumon est-il apprêté mariné, en roulade, au vin rouge, fumé… La collection de poissons fumés est alléchante : du turbot au requin dont le fumet et le goût peut-être sont dissuasifs… Les baies du dessert sont au sirop, les vins français.

On collabore ensuite, brièvement, avec RFI pour traduire les propos tenus par Jorun-Marie : elle confesse que la lumière estivale suscite une inspiration différente de celle de l’obscurité hivernale. On traîne au bar jusqu’à minuit, pour attendre la nuit et se concilier ses faveurs. En vain, car à minuit, heure mal nommée, il fait encore jour et le sommeil se fait prier…

 

Jeudi 7 juillet

Le lever est matinal : 6heures 40 ! Le fjord s’offre au regard dans son immuable beauté. A 8 heures, un bac largue les amarres et met le cap sur Fjaerland. C’est un défilé d’escarpements granitiques dont les sommets, ici et là, portent une calotte de neige. Les pentes verdoyantes, à l’occasion striées de fines et blanches cascades, plongent dans les eaux vertes du fjord, couleur manigancée par le soleil du printemps et de l’été. En hiver, elles se parent de bleu. Ce sont les jeux du soleil et des sédiments qui colorent ainsi les eaux. Des nuages gris voilent le bleu du ciel. Des écharpes de brume s’accrochent en quelques endroits… Il pleut. En ce milieu de matinée, le bateau accoste à Fjaerland. Sur le quai, un présentoir offre des livres. Je sèche « le cours » et la visite, tous deux relatifs à l’échange de livres dans cette « cité du livre ».

Glacier Boyabreen
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Cascade Huldefossen
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Cascade Huldefossen
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GLACE

En route pour le musée du glacier… victime en ce jour d’une panne d’électricité. Qu’importe, seule l’aventure de Ötzi, homme du néolithique, découvert par hasard, m’intéresse…

Le bus nous dépose ensuite au pied du glacier Boyabreen. C’est un amas de glace spectaculaire, au creux du granit ; en contrebas, s’est affalé un monceau de neige. On en contemple les reflets dans l’eau tranquille d’un petit lac.

Le restaurant Brevasshytta offre une vue grandiose sur le glacier. On se restaure avec gourmandise d’un saumon-salade de pommes de terre et d’une tarte aux pommes, arrosés de vin blanc. Simple et délicieux !

Ici, nous dit-on, la route est arrivée en 1984, les hôtels en 1991 : la vie des fermiers de cette région rurale a été bouleversée…

On reprend la route et on admire ces paysages grandioses de montagnes, cascades et torrents, tapis de pins et champs verdoyants… Beauté de la nature !

Peu avant d’arriver à Forde, on s’arrête pour jouir d’un paysage bucolique : une rivière aux eaux moirées, un petit pont de bois, des vaches qui paissent et, au-delà des arbres, l’impétueuse chute d’eau de Huldefossen ; la nature affirme sa majestueuse puissance.

FORDE

En début d’après-midi, nous voilà à Forde. Installation à l’hôtel Rica Sunnfjord. Sur le coup de 18 heures, réception en présence du maire et des sponsors : champagne, vin blanc, vin  rouge ; les coupes sont alignées en longues théories comme pour une parade. Plusieurs tables rondes sont chargées de plateaux garnis de roulades de saumon, de sandwiches fourrés de crevettes, de saladiers débordant de salades de pommes de terre et de pâtes… Ici, on ne se bouscule pas, on attend sagement son tour.

La salle polyvalente de 2000 places accueille les festivités en début de soirée. La vaste scène est nantie de trois larges écrans ; ils diffusent de belles images de synthèse, réalisées par un Polonais. Par ailleurs, ils affichent les noms des artistes qui se succèdent sur scène. Le spectacle commence à l’heure : les gens du nord sont, pour la plupart, disciplinés et rigoureux.

Trois femmes chantent a capella : trois voix issues de Mongolie, de Suède et de Norvège. La Mongole se promène allègrement des graves aux aigus. Suit un trio norvégien : Sigrid Moldestad, voix et violon, Anders Hall, violon, et Jorgen Sandwick, guitare. Deux brefs discours ouvrent ensuite cette 22° édition du festival.

Entre Houria Aïchi et ses cinq musiciens, dont je n’apprécie pas les arrangements. Seul le saxophone retient mon attention. Susana Baca lui succède (elle sera, quelques jours plus tard, nommée ministre de la culture du gouvernement du Pérou). Toutes deux me sont familières depuis longtemps…. Comme la douzaine de femmes de Deba, venues de Mayotte : grâce et beauté des voix. Liu Fang, ensuite, au pipa, le luth chinois, brille de virtuosité.

Kristen Braten Berg, chanteuse traditionnelle norvégienne connue, chante joliment a capella en s’accompagnant d’une guimbarde. Urna, la Mongole, offre un beau chant hérité de sa tradition. Puis, Susanne Rosenberg, suédoise, se joue des aigus. C’est superbe ! Sigrid Moldestad et Live Merete Kroken s’associent en un duo de violons hardanger, table de l’instrument tatouée et manche ornementé. Vient Julie Fowlis. Ecossaise, elle commence a capella, en langue gaëlique. Bonne idée car, la voix est belle. Elle joue aussi de la flûte. Bouzouki, fiddle et guitare escortent sa voix. Et voilà que toutes les femmes, qui ont foulé la scène, la rejoignent. Ensemble, elles chantent une chanson de circonstance, reprise par le public : « Les femmes prennent la relève ; il est temps sinon, le monde court à sa perte … »

Sigrid Moldestad et Live Merete Kroken en duo de violons hardanger
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Violon hardanger
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Il est 22 heures au terme de cette soirée fort réussie. Mais les festivités se poursuivent. Un bus roule pendant une vingtaine de minutes pour atteindre le Jolstpatmuseet : trois constructions en bois, peuplées d’objets d’autrefois, accueillent musiciens d’ici et d’ailleurs. L’une est une sorte de buanderie. Elle abrite le concert de l’ensemble de Leiv Solberg (voir supra). Il joue de la guitare, une jeune-fille, le violon hardanger, et un homme, l’accordéon chromatique. Ils offrent un échantillon de la musique, fort singulière, de la côte sud du pays : valse, on devine l’influence des marins, ou marche de mariage….

A l’extérieur, c’est le déluge. Il est 23heures 30 et il fait jour. J’avale avec plaisir une soupe norvégienne : petits légumes découpés en dés fins et viande d’agneau. Un régal ! Le verre de vin rouge est le bienvenu… Départ à minuit ; lentement, l’obscurité se répand. Les mouettes demeurent éveillées : matin, midi et soir, ces volatiles s’agacent, s’excitent, criaillent sans égard aucun pour les pauvres humains… Mon « vos gueules les mouettes » demeure sans effet.

 

Vendredi 8 juillet

Réveil tardif : 9 heures. Le ciel est bleu. Comme chaque matin, on savoure le délice local : un yaourt aux baies des bois… Au cours de la matinée, point Presse dans un amphithéâtre qui affiche sa réjouissante modernité : tapis Jef (moi, je) et œuvres de feu Ludvig Eikass. On apprend que 1900 spectateurs ont honoré de leur présence, hier, la soirée d’ouverture, que les prévisions météo sont mauvaises et que la directrice de la communication, Torill Faleide, reçoit, ce soir, en sa résidence, à l’issue des spectacles.

Précoce, le déjeuner ne laissera guère un souvenir impérissable.

SINIKKA

En tout début d’après-midi, dans les locaux de la Forde kulturskule, concert de Sinikka Langeland. Devant une tapisserie exécutée par elle-même et sa mère, présente dans la salle, et inspirée de l’épopée finlandaise du Kalevala, elle a disposé sa demie- douzaine de kantele (cithare), respectivement tendus de cinq, dix, quinze et trente-neuf cordes. C’est une petite femme brune ; elle porte les cheveux mi – longs.

Elle ouvre le concert avec le kantele trente-neuf cordes dont elle joue d’abord à l’archet puis, avec les doigts : les sonorités mélodieuses qu’elle extrait de l’instrument flattent l’oreille. Suit une composition originale inspirée par le petit cheval de son enfance, «  désormais au ciel… ». Sinikka rappelle alors que de nombreux émigrants finlandais peuplent l’est de la Norvège, territoire de la forêt et des oiseaux. De sa belle voix, elle interprète un chant en finnois en s’accompagnant de l’un des petits kantele. En norvégien, elle chante un poème à une jeune-fille, « sans doute un petit poème d’amour », escortée par le kantele quinze cordes. En finnois et en norvégien, elle évoque les insectes et le kantele compte cinq cordes : « c’est le cœur du kantele », dit-elle. Avec ce même instrument puis, avec le trente-neuf cordes en solo, elle chante une rune avant d’entonner, avec ce même kantele, une composition pour honorer un oiseau fantastique. Elle évoque, ensuite, l’oiseau qui fait son nid… «  L’imitation du chant des oiseaux ou des cris des animaux est une vieille tradition », souligne l’artiste. Kantele dix cordes joué à l’archet et trente-neuf cordes, ensuite, avec les doigts : le son est d’abord puissant puis mélodieux… « La rivière parle », c’est le titre, l’archet caresse les dix cordes et les doigts pincent ensuite les trente-neuf cordes avant d’entonner en suédois, accompagnée par cette même cithare, le poème de Thomas Tranströmer (futur prix Nobel), « Un arbre qui marche dans la forêt ». Sinikka conclut son récital avec une composition inspirée par une leçon de koto, la cithare japonaise, et les paroles, en suédois, d’un autre poème de Tranströmer, escorté par le kantele trente-neuf cordes pincées. Le texte « compare la lumière du printemps à un dragon ». Ce concert est un bel exemple d’une tradition revisitée et recréée par une musicienne inspirée. Elle sème, ici ou là, quelques accents pop ou un beat de jazz, à peine marqués, plutôt suggérés. Ainsi évolue la tradition, sans trahison.

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Tapisserie, oeuvre de Sinikka Langeland
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Sinikka Langeland
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Mère de Sinikka Langeland
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KRISTEN

Peu après, on assiste au concert de Kristen Braten Berg, accompagnée du trio de Leiv Solberg. Elle chante et joue guimbarde et cithare. Les trois autres se partagent accordéon-piano, violon hardanger et contrebasse- mandoline-guitare. Plusieurs générations réunies, la petite salle est comble d’un public familial : têtes chenues et nombre d’enfants ; quelques jeunes aussi… L’assistance reprend en chœur la plupart des chansons et rit aux traits d’humour de l’artiste. Chacun est ici en terre connue. A la fin du récital, piano et contrebasse, on perçoit quelques accents jazzy, avant de renouer avec l’accompagnement accordéon et guitare.

En fin d’après-midi, sous une tente, dressée à proximité du musée de la cité, enfants et parents rassemblés écoutent berceuses et comptines, dites et chantées par deux femmes, l’une mongole, l’autre norvégienne.

JULIE

C’est l’heure du concert de Julie Fowlis, belle voix d’Ecosse, accompagnée de trois musiciens (mandoline ou bouzouki, fiddle et guitare). La voix séduit. Elle chante en gaëlique et, ose en cette langue une traduction du « classique » breton « Me zo ganet e kreiz ar mor » (je suis né au milieu de la mer). Elle joue aussi du tin-whistle et, au terme du concert, de la cornemuse, devant une salle comble et enjouée. Elle offre également une séquence de port a beul (version gaëlique de la mouth music), qui, dit-elle, « appartient à la tradition gaëlique ». Certes, mais manque l’explication. Suite à la défaite de l’Ecosse à Culloden, en 1746, et à l’interdiction, entre autres, par les Anglais vainqueurs des instruments traditionnels, les Ecossais, pour continuer à danser, ont inventé ces imitations buccales des instruments proscrits.

En partagent au bar le verre de l’amitié avec ces « cousins celtes », j’apprends avec tristesse le suicide de Gordon Duncan, génial joueur de cornemuse, enregistré par nos soins, voici une quinzaine d’années. Depuis sa disparition, chaque année, ses disciples entretiennent sa mémoire et lui rendent hommage. Ainsi va la vie, ainsi va la mort…

PARTY

Il est plus de minuit ! C’est une grande et belle demeure, agrémentée d’un jardin au bord de la rivière. La terrasse jouxte l’eau. Elle est nantie d’une cheminée qui flamboie dans l’obscurité naissante tandis que le déluge inonde le paysage… Torill, directrice de communication du festival, reçoit. Victuailles en abondance (cerf, saumon, rouleaux fourrés…) et vin à volonté… La plupart des journalistes étrangers sont présents ainsi que la chanteuse africaine Oumou Sangaré.

Conversation avec Hilde, directrice du festival, musicienne et danseuse : évocation de ces rencontres, métissages et mélanges improbables, qui semblent s’ériger actuellement en tendance et que, l’un et l’autre, nous déplorons. Elle se désole par ailleurs que bien peu de jeunes s’intéressent à la facture du violon hardanger ; il faudrait, dit-elle, que l’Etat s’en préoccupe… Et voilà qu’il est plus de 3 heures quand nous prenons congé…. Le mot sommeil n’appartient guère, semble-t-il, au vocabulaire norvégien.

 

Samedi 9 juillet

A la conférence de Presse matinale, Anne Hytta, l’une des trois membres de l’ensemble Dei Beste Damene, dont font également partie Ase Teigland et Synnove Bjorset (l’une des complices, par ailleurs, de Majorstuen), présente son violon hardinger et joue. Originaire du sud-ouest de la Norvège, elle a commencé son apprentissage à l’âge de onze ans… Elle explique que la diversité des dialectes musicaux repose en partie sur le rythme : 1/2/3 ou 1/2-3 ou encore 1-2/3, etc. Elle dit aussi qu’il existe vingt-cinq types d’accord.

Lors de la compétition de violon, elle a remporté la deuxième place, Andreas Ljones (Majorstuen), la troisième et Synnove Bjorset (Majorstuen également), la quatrième. Mais qui donc remporta la première place ? Ottar Kaasa, nous dit-on, vingt-sept ans, facteur de violons hardanger.

SUSANNE

Midi. Dans les locaux de la Forde kulturskule, récital de Susanne Rosenberg, intitulé «ReBoot-OmStart », Nouveau départ. Professeur de chant au Conservatoire de Stockholm, elle en dirige le département de musique traditionnelle. Devant une sorte de fresque, qui décore le fond de scène, un dispositif léger est installé, essentiellement une structure portant huit cloches. En langue suédoise, elle interprète des ballades et improvise les liaisons. Ses chants sont, à l’occasion, accompagnés par les suaves sonorités de l’ocarina, liés par le tintement de cloches, le son d’onomatopées, les claquements de langue, cris, sonneries de cloches… Certains chants sont longs, d’autres, comme un kyrie eleison, obéissent à des modulations ou bien s’éteignent diminuando… Gestes des bras ou jeu d’éventail ponctuent l’interprétation. Tous les chants du récital sont enchaînés. C’est un concert austère, mais audacieux et original. On est séduit.

NYCKELHARPA

On traverse ensuite le pont qui enjambe la rivière ; à gauche, sur l’une des rives, se dresse le Pikant, café-restaurant haut de deux étages. Le bar supérieur accueille Hazelius Hedin, duo suédois mandoline-guitare et nyckelharpa* qui enchaîne chants et polkas… Des musiques qui sonnent comme le répertoire de musique ancienne.

* Les yeux l’admirent, l’oreille est séduite, c’est un instrument ancien et précieux dont la facture offre ce double plaisir. Instrument à cordes frottées par un archet, c’est une « vièle à clefs » dont le clavier comporte trois rangées de touches. Il appartient à la famille de la vièle et de la vielle à roue et s’inscrit, donc, au sein d’une riche parentèle. On en trouve la trace dès le XIV° siècle mais, au fil du temps, sa facture a évolué : le nyckelharpa moderne date des années 1940. Il est généralement tendu de trois cordes mélodiques, de douze cordes sympathiques et d’une corde bourdon. Autrefois répandu dans l’aire septentrionale de l’Europe, on le trouve aujourd’hui essentiellement en Suède : son fief est la région située au nord de la capitale.

Déjeuner avec Nikolas, programmateur du festival de Bergen, l’un des plus anciens de Scandinavie. Il m’informe de l’existence d’un disque de chansons dont les paroles sont l’œuvre de l’illustre dramaturge Jon Fosse, un citoyen de Bergen, et les musiques composées par Gabriel Fliflet. On me procure ce CD, je l’écoute et j’apprécie : c’est une réussite que, ultérieurement, confirmera la traduction des paroles.

Anne Hytta (violon hardanger), l’une des trois membres de l’ensemble Dei Beste Damene
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Ensemble de flûtes de Pan des Îles Salomon
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Ensemble de flûtes de Pan des Îles Salomon
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Norvège : la tradition dansée
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Norvège : la tradition dansée
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Norvège : la tradition dansée
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SALOMON

En début d’après-midi, la grande salle de l’hôtel accueille l’ensemble Narasirato, originaire des Iles Salomon*. Epoustoufflant !

* Iles Salomon : 60 000 habitants ; 87 dialectes.

Corps et visages peints, fronts ceints de coquillages, cou parés de nacre et de coraux, pagnes de couleurs, les neuf musiciens soufflent, frappent, chantent et dansent avec allégresse sur des rythmes rapides et entraînants. Leur musique–elle s’écarte souvent de la source- jaillit d’une incroyable collection de flûtes de pan, de toutes dimensions, des plus modestes aux plus grandes. Souffle, énergie, force, puissance : envoûtant !

Quoiqu’ils jouent ou chantent, les musiciens sont continuellement en mouvement, sautillant d’un pied sur l’autre, se tournant de gauche à droite ; ceux qui soufflent dans les flûtes de pan tenues à la main, alignés au premier rang de la scène, exécutent ces deux mouvements concomitamment…

En milieu d’après-midi, création : les Solistes de Trondheim, un ensemble à cordes (huit violons, trois altos, trois violoncelles et une contrebasse) et les frères Larsen, Gjermund et Einar Olav, deux jeunes fiddlers traditionnels. Une quinzaine de compositions des frères Larsen stimule le talent de l’orchestre et des solistes. Selon les pièces, solos, duos et tutti se succèdent et explorent divers motifs de l’écriture musicale, en l’occurrence, plus classique que traditionnelle.

En fin d’après-midi, à la kulturskule, Dei Beste Damene, trois dames jeunes, offre un trio de violons hardanger. L’accord, nécessaire, de l’instrument se prolonge et les bavardages, facultatifs, également. On savoure ensuite de belles sonorités, une succession de soli, dont un, magnifique, de Synnove (Majorstuen).

En début de soirée, s’ouvre le « gala de musique traditionnelle », un récapitulatif des concerts de ces artistes qui ne figuraient pas au programme de la soirée d’ouverture : Sinikka, Divna, Hazelius Hedin… Les images de synthèse, créées par l’artiste polonais semblent encore plus belles que celles diffusées lors de la cérémonie d’ouverture.

Dans une salle adjacente, douze fiddlers, un guitariste et un contrebassiste mènent la danse : valses et quadrilles, les danseurs sont nombreux ; parmi eux, peu de jeunes. La plupart a chaussé des chaussures de danse.

Les deux grandes salles de l’hôtel accueillent, ce soir, la « big party », la soirée de clôture du festival ; il y a foule ! Les autochtones font la queue devant les bars qui proposent des consommations onéreuses. Chacune des salles dispose d’une scène : une chanteuse s’exprime en arabe, tandis que dans l’autre salle se déchaînent les increvables Mahotella Queens (Afrique du sud) auxquelles succèdera la voix d’airain de Christine Salem (La Réunion).

La nuit toujours se fait prier ; une fois encore, elle sera courte…

Vue de Forde
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Dimanche 10 juillet

Au point Presse, Erik, directeur d’un label de disques évoque la réalisation du projet « The axes of evil » (les axes du mal), raconte qu’il a appris le farsi en Iran et chante la beauté de la poésie iranienne… Il cite Mahsa Vahdat (Iran) et Rim Banna (Palestine) puis, se déclare «  en vacances » et disparaît… Je le retrouve avant qu’il ne quitte l’hôtel : trop brève rencontre.

Ultime concert avant le déjeuner, cuivres et archets : quatorze violons hardanger, vingt-quatre cuivres, une guitare, une contrebasse, un violon solo… Onze pièces : tutti, soli,chants, dansesUn concert pittoresque.

 

Lundi 11 juillet

A quelques kilomètres de l’hôtel, au sein d’un paysage de montagnes, baigné de cascades et de lacs, un collège d’enseignement agricole. Au cours de la semaine qui s’ouvre, une session de cours d’été de musique traditionnelle s’y déroule. Les enfants et adolescents suivent, auprès d’un maître, les leçons, par petits groupes. Ils se restaurent et dorment sur les lieux.

Cours de danse : le professeur est une femme ; les enfants dansent en rond (ils sont nombreux) en faisant les mouvements et les gestes indiqués par le maître : voltes, toucher du talon… Au milieu de cette ronde, un fiddler : ils tournent au son de ce violon… Les garçons sont dissipés.

Jorun Marie a cueilli feuilles et fleurs avec les enfants pour leur apprendre les choses de la nature. Puis, dans une des salles de classe, elle initie deux petites filles au fiddle… d’oreille.

Dans une autre salle, une autre femme enseigne le chant à deux autres petites filles, d’oreille également : ni texte ni partition.

Jon Oddvar initie cinq petits. Hakon enseigne à sept adolescents. L’apprentissage commence dès le plus jeune âge.

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FORDE ET OSLO VUES DU CIEL

Aéroport de Forde
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