COREE
OCTOBRE 2009
RENOVER LES TRADITIONS ?
« L’expansion culturelle coréenne illustre le dynamisme du pays, passé en quelques décennies du sous-développement à l’ultra-modernité et pointant aujourd’hui au quinzième rang mondial en termes de produit intérieur brut. Compétitivité économique, attractivité artistique… et taux de suicide record : si on aimait les formules toutes faites, on dirait que la Corée est le nouveau Japon. Un pays, en tout cas, avec lequel il faudra compter à l’heure où le centre de gravité du monde bascule vers l’Orient. »
Julien Blanc-Gras, Le magazine du Monde, 4 février 2012
Initialement peuplée par des tribus nomades venues d’Asie Centrale et de Sibérie, il y a quelques 30000 ans, la Corée a, au fil du temps, édifié un royaume dont l’unité s’est perpétuée du VII° siècle jusqu’à la domination japonaise en 1910. Ce pays a forgé aussi une culture originale dont témoignent aujourd’hui de multiples formes musicales, théâtrales et chorégraphiques anciennes –certaines distinguées par l’UNESCO- un art culinaire subtil ainsi qu’une riche littérature et une cinématographie inspirée et inventive. Coincée entre mer et montagne, Séoul abrite, au milieu d’une forêt d’immeubles de béton, vastes parcs, temples ombragés et palais anciens et, une pléthore de théâtres et de salles de concert. Au « pays du matin calme », l’activité culturelle est intense.
UN PEU D’HISTOIRE ET…
DE MUSIQUE
Avant 57 AC : musique et danses célèbrent les rites agraires. Aujourd’hui, la musique rurale nongak et le rituel shamanique kut se réfèrent à la vie agricole et poursuivent cette tradition.
Par la suite, la musique coréenne assimile, à diverses époques, les influences musicales venues de Chine, ainsi que bouddhisme et confucianisme. Au fil de l’Histoire, on observe une véritable vénération pour la culture chinoise et le confucianisme. La tradition coréenne considère volontiers que la musique est un pont qui relie l’homme à la nature ou au ciel.
- Les TROIS ROYAUMES (57 A.C. – 668 P.C.) :
*Koguryo, au nord (37 AC-668) : le royaume noue des contacts avec la Chine. Musique et instruments chinois sont adaptés, telle la cithare tendue de six cordes komungo (ou gomungo), imitée du qin chinois, nanti de sept cordes dès le V° siècle. On prête à Confucius (551-479 A.C.) la formule suivante, au sujet de cet antique instrument chinois, déjà en usage à son époque : « le qin plaît à l’âme plutôt qu’à l’oreille ».
*Paekche, au sud-ouest (18 AC- 663) : les influences viennent du Japon et de Chine du sud et, par l’intermédiaire de cette région, d’Asie centrale. L’instrument principal est le konghu, harpe angulaire verticale.
*Silla, au sud-est (57 AC-935) : le kayago (ou kayageum), cithare douze corde, est inspirée d’une cithare chinoise seize cordes. U-Rûk serait le premier joueur reconnu de kayageum ; il aurait joué devant le roi de Silla en 551 !
Le royaume de Silla unifie les Trois Royaumes. Et, la musique de ce royaume est jouée à la cour du Japon avec les mêmes instruments qu’en Corée.
- SILLA UNIFIE (668- 935) :
Cette Corée unifiée conclut un accord militaire avec la dynastie chinoise des Tang. Trois nouveaux types de flûtes traversières font leur apparition. L’influence de la haute culture bouddhiste chinoise se manifeste. On entend les premiers chants bouddhistes coréens : la mélodie est mélismatique, le tempo lent, le texte assez obscur, comme ceux que l’on connaît aujourd’hui, en particulier, le répertoire appelé pompae.
- Le ROYAUME DE KORYO (918 – 1392) :
Le royaume hérite de la riche culture bouddhique de la période précédente. Le bouddhisme est la religion de la dynastie. On assiste à une première création du aak, cette musique de cour rituelle d’origine chinoise. Au début du XII° siècle, la dynastie Song, qui a succédé aux Tang, envoie au royaume de Koryo divers instruments parmi lesquels figurent ceux qui accompagnent les banquets de la cour chinoise. Deux ans plus tard, le royaume reçoit un ensemble d’instruments propres au aak, pour tungga, orchestre jouant sur la terrasse, et honga, orchestre jouant sur le sol, ainsi que des instructions relatives à deux styles de danse rituelle, munmu, danse civile, et mumu, danse militaire. On dénomme tangak toute musique chinoise importée en Corée à partir de la dynastie des Tang. Orchestres et danses participent à la formation de divers rituels de cour. Désormais la musique de cour comprend aak et tangak. Fin XII° siècle, on y ajoute la musique locale hyangak. A l’époque, la musique de banquet et les danses de cour de la Chine des Song côtoient la musique de banquet et les danses de la cour coréenne. Divers traits distinguent cependant ces danses. Les textes des chants sont écrits soit en chinois (tangak chongjae) soit en coréen (hyangak chongjae). La harpe angulaire disparaît et son rôle est désormais tenu par les cithares.
- Le ROYAUME DE CHOSON, JOSEON ou YI (I392 – 1910) :
Dès le début de cette période, le néo –confucianisme tend à se substituer au bouddhisme de la dynastie précédente. Le aak est peaufiné. Les instruments sont accordés en référence au cycle déterminé par la cloche de bronze de la dynastie chinoise des Ming (1368-1644). On recherche des matériaux convenables pour la fabrication des instruments figurant dans la composition des orchestres du aak, en particulier, carillons de pierre et cloches de bronze. Tungga et honga, ces orchestres rituels, commencent à jouer en respectant les clés yin et yang. Un nouveau répertoire aak est adopté, inspiré par un modèle chinois. Sous cette dynastie, le hyangak est florissant tandis que le répertoire de tangak décline.
Au cours de la deuxième moitié du XV° siècle, une nouvelle musique, qui s’écarte des origines chinoises, célèbre l’esprit des rois défunts. On assiste à une sorte de fusion des orchestres tangak et hyangak ; certains des instruments chinois sont modifiés afin de simplifier les techniques de jeu.
Les invasions japonaises, au XVI° siècle, et mandchoue, au XVII° siècle, détruisent une partie importante de l’héritage culturel coréen, en particulier, sa musique de cour traditionnelle. La perte de certains instruments contribue à l’abandon de l’ aak qui ne réapparaît qu’en 1645. Tangak et hyangak sont interprétés par un seul orchestre, le hyangdang kyoju : c’est une « coréanisation » de la musique chinoise.
A partir du XVIII° siècle, musiques aristocratiques et populaires sont de plus en plus prisées. Des chants classiques traditionnels comme kagok, kasa et sijo (voir plus loin) apparaissent comme les musiques vocales préférées des gens cultivés et, leur vitalité demeure aujourd’hui. La domination permanente du confucianisme conduit au déclin des arts bouddhiques. Cependant, une poignée d’artistes bouddhistes garde vivante sa musique. Jouée au sein des temples, elle résiste au changement.
Au XVIII° siècle, les kwangdae, musiciens populaires itinérants, commencent à développer un genre nouveau, le pansori. Au XIX°, ils développent une forme originale de solo instrumental improvisé, sanjo, qui use des mêmes éléments musicaux que le pansori. Ces deux genres demeurent encore populaires.
- DOMINATION JAPONAISE (1910 – 1945) :
Après l’annexion de la Corée par le Japon, en 1910, la plupart des représentations de aak sont abolies et seule la musique rituelle confucéenne survit. La distinction tangak- hyangak disparaît à nouveau pour l’essentiel et le habak mêlent les instruments tangak et hyangak, l’accent étant porté sur les instruments hyangak.
Enfin, influences occidentales et japonaises ont également pénétré en Corée.
MUSIQUE DE COUR :
Aak : la musique rituelle confucéenne est le seul répertoire pratiqué aujourd’hui. Cette tradition musicale adhère à l’essence de la doctrine de Confucius. C’est une musique sereine qui reflète l’harmonie universelle en recourant aux huit variétés de matériaux utilisés dans la facture d’instruments : métal, pierre, soie, bois, bambou, cuir, argile et écorce. Deux orchestres, tungga, disposé sur la terrasse, et honga, installé à même le sol, alternent. La musique aak observe les règles strictes de la métaphysique de Confucius et celles des styles chinois. Les caractéristiques demeurent raffinement, simplicité et sérénité, tempo et rythmes équilibrés. Deux danses rituelles, munmu, civile, (chapeau noir des danseurs) et mumu, militaire (chapeau rouge) participent au rituel. La célébration de Confucius requiert soixante-quatre danseurs (huit rangées de huit danseurs). Pour d’autres cultes, ils sont moins nombreux.
A noter que tangak, musique originaire de la Chine des Tang, en usage à la cour de Corée depuis le VII° siècle, est de nos jours exclusivement instrumental.
ART VOCAL :
*gagok ( ou kagok) : chant accompagné d’un orchestre de chambre composé d’un komungo (cithare six cordes), d’un taegum (flûte traversière en bambou), d’un piri (hautbois en bambou), d’un haegum (vièle à deux cordes) et d’un changgo (tambour en forme de sablier) auxquels on ajoute, à l’occasion, cithare kayago et flûte tanso, comme pour le hyangak. Le répertoire, établi entre les XVII° et XVIII° siècles, recèle vingt-sept chants dont les poèmes comptent trois lignes.
*sijo : chant lyrique savant interprété par une voix et un tambour changgo. Dans certaines circonstances, une flûte taegum, une vièle haegum et un hautbois piri étoffent l’accompagnement. Les poèmes, de trois lignes également, sont traités d’une manière qui les distingue de ceux du gagok.
*kasa : long chant narratif accompagné du tambour changgo ou bien du petit ensemble qui escorte, à l’occasion, le sijo. Le répertoire compte douze pièces. L’utilisation extensive du falsetto illustre les liens avec la tradition populaire du sud-ouest et du nord-ouest du pays.
MUSIQUE BOUDDHISTE :
*chants :
-sutra : invocations
-hwachong : chant inspiré par le style de la tradition populaire à laquelle la musique emprunte certains éléments. Interprété en coréen par un soliste, qui s’accompagne d’un petit gong, il est également soutenu par le rythme d’un tambour puk. On entend ce chant à l’extérieur des temples.
-pompae : long chant solennel d’origine chinoise, interprété sur un rythme libre et lent. Il compte sept types de textes et deux styles de chant : hossori, court, et chissori, long.
Hossori est un chant solo de forme responsoriale et chorale, interprété tandis que se déroule une danse rituelle. Un orchestre de plein-air joue un long cycle mélodique. La mélodie du chant et celle de l’orchestre entretiennent une relation hétérophonique.
Chissori est le style de chant le plus important de la musique bouddhiste, l’un des genres les plus prisés de la tradition vocale de Corée. C’est un style de chant sophistiqué. L’interprétation est monophonique et le chœur chante à l’unisson. Il demeure peu d’occasions de proférer ce chant et le nombre de musiciens susceptibles de le perpétuer décroit. Le répertoire est riche de soixante-douze compositions dont cinquante-six comportent des versions différentes.
*danse et musique instrumentale :
L’orchestre de plein-air de musique bouddhiste se compose d’un hautbois, d’un gong plat, d’un tambour puk, de cymbales, d’une conque et d’une longue trompette en métal. Les danses rituelles de base sont au nombre de quatre ; elles sont spécifiques au bouddhisme coréen.
MUSIQUE POPULAIRE :
*pansori : l’artiste offre le dialogue et la narration (aniri), le jeu du comédien (pallim) et le chant (sori). Il est accompagné d’un tambour puk et les exclamations du percussionniste participent au spectacle. Né au début du XVIII° siècle, ce genre se perpétue jusqu’à nos jours. Douze pansori ont été consignés par écrit ; cinq ont survécu. Chacun se prolonge entre quatre et huit heures et obéit à l’un des sept rythmes qui le scandent. La voix de l’exécutant doit être dotée d’un timbre enroué. Seuls deux accessoires sont utilisés : un éventail et un mouchoir.
*sanjo : solo instrumental improvisé accompagné au tambour changgo. Né au cours de la deuxième moitié du XIX° siècle, ce genre est issu du mariage de musiques shamaniques et populaires de la province de Cholla. La cithare kayago fut le premier instrument du sanjo et reste très populaire. Depuis la fin du XIX° siècle, la cithare komungo et la flûte taegum sont aussi utilisés. Une représentation dure de trente à soixante minutes. L’improvisation se développe dans un cadre modal et rythmique en six mouvements dont le tempo s’accélère au fur et à mesure. Il existe diverses écoles de ce genre.
(D’après le Grove dictionary et divers documents.)
AUJOURD’HUI…
Au terme de la colonisation japonaise, la tradition est un facteur d’identité : il importe de réconcilier la culture du passé et celle du présent pour forger une « musique nationale ». Pourtant, au cours des années cinquante, le kayageum demeure lié aux kisaeng, hôtesses auxquelles on prête mauvaise réputation et, au milieu des années soixante, musique et danse traditionnelles sont intimement associées aux mœurs rurales et de ce fait, objet du rejet des Coréens. C’est la musique occidentale qui incarne alors la modernité. En réaction naît l’idée de conservation du patrimoine vivant de la culture nationale afin de préserver l’art traditionnel. Déferle alors une vague de musique traditionnelle que l’on qualifie de ch’angjak. Rompant avec la transmission de maître à disciple sans le secours de partitions, le musicien commence à composer. Quelques années plus tard, un nouveau mouvement artistique, minjung (le peuple), a pour ambition de faire revivre l’art populaire perdu pour le restituer au peuple, son propriétaire.
… POINT DE VUE :
Aujourd’hui, forte de la reconquête de la tradition et des créations imaginées sur cette base, la Corée entend s’inscrire dans le concert des nations et fondre sa musique dans la musique du monde. La lecture de divers documents est à cet égard instructive. On découvre ainsi la volonté exprimée de relier l’orient et l’occident, de mélanger les cultures, de fondre la tradition dans la modernité, de réinventer la musique traditionnelle et nombre d’autres idées qui à nos oreilles sonnent comme des fadaises, voire des inepties ! On lit qu’il faut « traverser les frontières » (les violer ?), réussir « la globalisation de la musique traditionnelle coréenne » (n’est-ce pas un non-sens ?), « la fusion », « l’écoute globale », ou bien encore, last but not least, « la tradition, c’est du rap », pour ne citer que quelques- unes de ces perles. Malgré les nombreux trésors conservés, rénovés ou « reconstruits », les mariages improbables sont à l’œuvre et comme toutes les unions contraintes, ils sont destructeurs et voués à l’échec. Alors, on se dit trivialement que chaque culture est unique, cette originalité est sa richesse et fonde son identité ; à ce titre, elle mérite d’être protégée et sauvegardée. Cette identité permet l’échange. En effet, si l’autre est mon double, quel commerce puis-je entretenir avec lui ? Quel intérêt à tout fondre dans le grand tout ?
GENERALITES :
- Géographie : la Corée est une péninsule, divisée, entre le nord et le sud, depuis la fin de la guerre de Corée, en 1950, en deux Etats.
- Histoire : voir supra.
- Population : 47 millions d’habitants (2001).
- Religions :
*shamanisme : on recense entre 40000 et I00000 mudang ( shamanes)
*bouddhisme : 90% des bouddhistes coréens appartiennent à la secte Jogye,
*confucianisme : c’est une éthique qui imprègne la société coréenne,
*christianisme : 25% des Coréens sont catholiques.
- Drapeau (depuis 1948) : il est le miroir d’une philosophie :
*fond blanc : il symbolise la pureté confucéenne et le concept bouddhique de vide,
*centre : le taegeuk est le symbole taoiste de l’harmonie entre les contraires, rouge (yang) et bleu (yin),
*quatre coins : trois lignes, les trigrams, empruntés à la Chine.
JOURNAL DE VOYAGE
Samedi 10 octobre 2009
Au départ de Paris, on fait route vers l’Allemagne, la Baltique, Saint–Petersbourg et l’on survole, du nord au sud, la Sibérie : cinq heures de vol à la vitesse d’un Boeing ! Cap, ensuite, sur la Mongolie et Pékin. Au terme de plus de dix heures de voyage, et presque neuf mille kilomètres, on atterrit à Séoul… Il est minuit, soit 7 heures locales.
Dimanche 11 octobre
Le soleil se lève et des ilots s’extraient de la nuit, nimbés d’un voile de brume. Navette ferroviaire, enfilade de tapis roulants, formalités… Accueil dans le hall assuré par un responsable du festival et, divine surprise, confortable voiture et son chauffeur à la disposition de deux collègues étrangers et de moi-même ! Sous un ciel d’azur, elle conduit notre trio au centre de Séoul. Montagnes bleues, ligne des gratte-ciel et grands immeubles clairs et propres de ces banlieues qui ne ressemblent pas aux nôtres, lacis des ponts qui enjambent la mer. La ville se faufile entre mer et montagnes et, l’architecture du centre obéit au désordre. A l’instar des locaux de l’aéroport, la plupart des rues de cette cité de douze millions d’habitants respire la propreté.
A l’hôtel, l’accueil est empressé. De la chambre au bout d’un couloir, la vue embrasse les collines. Comme Rio de Janeiro, Séoul se faufile entre ces éminences, la mer et le fleuve.
Au sein de l’un de ces petits établissements à l’enseigne de « Paris baguette », on déguste toutes sortes de viennoiseries qu’accompagnent café et thé, chaud ou glacé. A la table voisine, casquette vissée sur la tête, écouteurs enfoncés dans les oreilles, un adolescent converse avec sa mère…
MONASTERE
Au terme d’un lunch médiocre (poulet à l’ananas) et sans une minute de repos, dès le milieu de l’après-midi, on s’achemine vers le monastère de Hwa Gye Sa, situé à une quarantaine de minutes au nord de la capitale. Edifié à flanc de montagne, l’air y est pur et les frondaisons abondent. Soo- Kyung, « abbé » du monastère, accueille chez lui les visiteurs. On l’entoure, assis en tailleur, comme lui, sur des coussins blancs. A l’image des autres moines, au nombre d’une trentaine, l’homme porte une sorte de vareuse et un pantalon blanc- gris. Il marche en s’aidant d’un bâton. Son domaine de prédilection est l’environnement, dans une perspective philosophique, l’harmonie de l’homme et de la nature. Son regard ainsi que son discours témoignent et de sa sagesse et de son énergie.
Construit en 1522, ce monastère zen, prosélyte, est l’un des rares en Corée qui diffuse et exporte son message à l’étranger. L’homme qui nous reçoit l’a porté jusqu’à New-York. L’institution propose stages, séances de méditation et retraites. Sa pratique repose sur « la conversation de conscience à conscience » : chaque individu est différent, voire unique ; donc, à chacun sa voie.
A dix-sept heures, on partage le repas des moines ; végétarien, il se compose de riz et de légumes. On revient ensuite au domicile de « l’abbé » ; il répond à une série de questions. Chaque jour, les moines se lèvent à trois heures ; ils s’endorment à vingt- et- une heure vingt. Trois cérémonies de prière, obligatoires, rythment la journée. En Corée, les moines qu’abritent les monastères ne mendient pas leur nourriture ; les dons des fidèles pourvoient à leurs besoins.
En fin d’après-midi, on se dirige vers la tour du tambour ; c’est là que l’on annonce l’heure de la prière : un moine bat la peau d’un gros tambour, symbole, dit-on, de tout ce qui sur terre, marche, rampe et grouille… Un autre frappe le bois d’une sculpture ; elle figure un gros poisson : il représente l’eau et, sa partie en métal, l’air. Enfin, un lourd pilon heurte une énorme cloche, afin de réveiller le monde avant la prière.
Au temple, qui épouse une forme carrée, c’est le temps de la prière. Peu nombreux, les moines ont revêtu sur leur vêtement une sorte de toge de couleur safran, marron ou bleue. Tantôt prosternés, tantôt debout, les pieds nus posés sur un coussin rouge, disposé à même le plancher, ils entonnent en sanskrit la lente psalmodie des mantras. Ils contemplent les statues du Bouddha, sauf à la fin de la cérémonie, ils pivotent alors en direction de la droite. Leur chant est rythmé par les sonorités d’un tambour en bois. Brève, la prière n’excède guère une vingtaine de minutes ; généralement, elle se prolonge une heure durant. Prenant congé, l’ « abbé » nous rappelle la brièveté de la vie et nous engage à accomplir de belles choses… Recommandation qui mérite d’être méditée.
A l’heure du dîner, nous voilà réunis au Pul Hyanggi , collègues étrangers du Danemark, de Belgique, Hollande et Grande-Bretagne et du Brésil ainsi que l’équipe de Park Yong Jae, président de Korea Arts Management Service, et poète. Le restaurant est végétarien ; selon l’usage, on y mange assis en tailleur sur un coussin vert, au cœur d’un décor traditionnel. Hélas ! les légumes sont, pour la plupart, outrageusement épicés, voire, pour d’aucuns, semés de sésame, graine que mon organisme abhorre… Seul le riz et quelques pâtes me conviennent ainsi que la boisson qui conclue le repas et mêle gingembre et miel. Au terme de ces agapes, on regagne à pied l’hôtel voisin.
Lundi 12 octobre
« SEOUL, SOUL OF ASIA »
Seoul, c’est l’âme de l’Asie, affirme le slogan! En cette fin de matinée, visite de Insa Dong, quartier proche du parc Tapgol. C’est un tronçon de rue qui relie deux avenues. Telle une rivière, une multitude d’affluents l’abreuve : modestes rues qui conduisent à des ruelles et à des venelles. C’est un lacis qui mérite une découverte pédestre bien que les véhicules à moteur n’y soient, semble-t-il, guère proscrits. Magasins, boutiques, échoppes et galeries, voire un « Art Center », ainsi que de nombreux restaurants, bordent la rue principale. Le labyrinthe de petites rues adjacentes recèle une myriade de modestes restaurants, pour la plupart d’aspect traditionnel. Dès midi, la foule des employés, qui travaillent dans les rues avoisinantes, se précipite, portefeuille à la main, vers ces promesses de délices.
Les commerçants de ce quartier offrent une invraisemblable variété de produits : rames de papier coréen, livres, porcelaines, céramiques, éventails, masques, pinceaux, luminaires, coupons d’étoffe, vêtements, souvenirs, épices, confiseries tel le kukul tarea. Ce-dernier est confectionné devant le chaland, à l’abri d’une vitre bombée, par des jeunes gens polyglottes aux mains agiles : c’est un mélange de farine fleur de blé et de miel, plié… seize mille fois ! pour obtenir cette fine soie qui enrobe un amalgame de noix et de fruits secs…
Après déjeuner, les marchands ambulants s’invitent : camions débordant de mandarines, étals d’objets en bois, chapeaux, brochettes, fruits…Un homme, juché sur une moto, livre des douzaines d’œufs…
TAPGOL
En début d’après-midi, visite du parc voisin, Tapgol. Là se dresse une sorte de stupa protégé par une cage de verre : c’est le vestige d’une pagode édifiée au XV° siècle. Devant, à quelques mètres, s’élève un pavillon octogonal, le Palgakjeong, construit en 1902. Sur le chemin du retour le taxi est hésitant, comme un taxi parisien… Arrivé à l’hôtel, on boit du thé ; le steak est australien et le dessert au chocolat.
A la fin de l’après-midi, on se rend à la « Réception de bienvenue », en plein air : buffet coréen froid, vin rouge et, Asie oblige, nombreux échanges de cartes de visite, en l’occurrence les bien nommées… Rencontre avec Yoon-Jeong Heo, musicienne et animatrice d’un petit lieu qui accueille de jeunes musiciens traditionnels.
Une heure plus tard, cap au nord ; quarante-cinq minutes englués dans les embouteillages avant d’atteindre l’immense et magnifique complexe des Arts de la scène : un opéra, plusieurs salles de concert et de théâtre, un musée et, pour égayer les lieux, les grandes eaux qui épousent le rythme de la musique diffusée dans une débauche de lumières…
DANSES TRADITIONNELLES
A vingt heures, l’auditorium offre un spectacle de danses traditionnelles, « The king’s dance », la danse du roi. Au terme d’une brève cérémonie, une voix solo est reprise par un chœur. Du fond de la salle jusqu’à la scène, les artistes, tout de blanc vêtus, processionnent. Parmi eux, des petits gongs et deux flûtes droites (dotées d’un mirliton, dirait-on ?), un tambour en forme de sablier et des cymbales. Sur scène, s’invitent une flûte traversière taegum ainsi que plusieurs tambours changgo en forme de sablier. Outre ces instruments, le cortège est porteur d’un arbre, un grand masque, deux châsses en toile et une longue étoffe bleue tenue par quatre femmes. L’ensemble évolue sur un rythme lent. Au fond de la scène, la toile bleue reçoit une effigie. Divisé, l’orchestre est assis à cour et à jardin.
Le tambour danse, puis l’homme danse seul : déjà vu et trop long. L’homme enflamme un papier : en s’élevant, le feu se disperse.
Une femme chante ; elle se lamente : un homme vêtu de rouge et quatre femmes habillées de vert. Une voix d’homme. L’homme en rouge s’empare d’une hallebarde… Les sonorités des vents rappellent celles du gagaku, la musique de la cour impériale du Japon. Le reste, sans décryptage, est inaccessible à un esprit occidental.
Et voilà deux chapeaux noirs et deux tuniques portés par des femmes : des âmes mortes ? Le sens se dérobe.
L’orchestre comprend :
*côté jardin : deux flûtes droites, une voix s’accompagnant d’un gong, un tambour en forme de sablier, une flûte traversière, une cithare jouée à l’archet,
*côté cour : un grand tambour, des cymbales, une voix s’accompagnant d’un gong, un tambour en forme de sablier, un tambour rond et un petit gong.
Les deux voix mâles sont superbes, mais que chantent-elles ?
Un homme danse, coiffé d’un chapeau à traine et, il frappe un tambourin : c’est également déjà vu et trop long, mais le public adore…
C’est encore un cortège : quatre femmes à l’abri d’une ombrelle entourent un homme qui tient deux rameaux dans ses mains. Un très gros tambour blanc clôt le cortège. L’homme remet les deux rameaux à une femme, de blanc vêtue, dissimulée sous un tulle. Elle danse une danse très lente… Enfin, elle martèle longuement et avec vigueur le gros tambour blanc. On ignore la signification de cette séquence. Rituel ?
Quatre masques plus un qui danse (une danse agraire ?). Les quatre masques jouent de leurs longues manches blanches… Symboles ?
La musique à nouveau évoque les sonorités du gagaku japonais.
Tunique or, parements bleu, rouge et vert, le masque principal danse seul. Pourquoi ?
Seize personnes vêtues de blanc et coiffées d’un turban de même couleur s’avancent. Le masque se retire. Tous se dirigent vers les châsses en toile disposées au fond de la scène et se prosternent. Feu de nouveau. Chacun revêt une tunique rouge, ornée d’une ceinture or ou verte. Deux de ces personnages portent une sorte de grosse pivoine blanche sur leur coiffure, six de volumineux pompons blancs et sept, une traine. Ces-derniers frappent trois tambours en forme de sablier et quatre gongs. Bref chant tutti puis, les tambours retentissent. Le cortège serpente et forme une ronde. Entre un hautbois à pavillon. Le final se prolonge… Etait-ce un rituel ? On aimerait accéder au sens… A l’issue de cette représentation, on demeure perplexe et ignorant…
Mardi 13 octobre
PANSORI
A onze heures, la cérémonie d’ouverture du festival se déroule en présence d’un émissaire du ministre de la Culture, des Sports et du Tourisme. Il est vrai que la culture est un sport national qui suscite l’intérêt des touristes… C’est l’occasion de découvrir un extrait du pansori intitulé « Le chant des quatre saisons », l’ouverture. L’interprète, Lee Jaram, a commencé sa carrière à l’âge de quatre ans. Une vingtaine d’années plus tard, elle fait preuve d’une parfaite maîtrise de la scène et, sa belle voix éclate avec assurance. Elle porte une robe vert pâle et un haut de couleur claire ; à la main, elle tient un éventail. Une femme l’accompagne au tambour. Le pansori est un art qui requiert deux interprètes : une voix – elle joue tous les rôles d’une pièce qui peut se prolonger huit heures durant – et une percussion, le puk.
Le thème de ce chant est épicurien : la vie est courte, profitez de l’instant, autrement dit, en bon français, « carpe diem » ! Il évoque le printemps, la montagne, les fleurs… La nature, souvent, nourrit l’esthétique.
A l’issue de la cérémonie, le buffet est coréen. On y rencontre diplomates et collègues français, ainsi que quelques artistes coréens parmi lesquels, un représentant de l’ensemble Geomungo Factory. On me conseille d’écouter Koh Ji-Yeon, cithare kayageum et Kim Yong-Ha, vièle haegum. En cet orient lointain, certains mots sonnent familièrement comme des vocables latins, mais ne se déclinent guère.
Conversation avec un collègue néerlandais au sujet du risque « kitsch » de l’occidentalisation de la musique traditionnelle locale : regarder vers l’ouest n’est pas un progrès, c’est un recul. D’ailleurs, que signifie ce fameux terme, « modernité » ?
MUSIQUES
Le spectacle Ha Yong- Bu, déjà vu à Paris et, ici, hier soir, est un éclatant maelstrom de percussions : cinq tambours divers résonnent et sonne le hautbois à pavillon, se taisent kayageum et flûte traversière…
Quant au récital de Be- Being, percussion- hautbois, flûte- vièle haegum, cithare kayageum, ordinateurs et voix, seul le timbre féminin retient l’attention ; le reste est … oubliable !
On écoute, ensuite, brièvement, Baramgot : deux cithares kayageum, gongs et percussions, flûte traversière taegum et, à l’occasion, sitar. L’ensemble propose trois thèmes : le deuxième, un duo de cithares kayageum, est intéressant. Le troisième, qui recourt au sitar, promu instrument pan -asiatique, frise le non-sens. Ce répertoire tend à la grandiloquence.
Il pleut : dès la sortie du concert, distribution de fins imperméables ! Maîtrise de l’organisation ! Un bus nous conduit à Namdam Gol, jardin nanti d’un auditorium. A vingt heures, on y découvre Noreum Machi, ensemble fondé en 1993, qui, sur l’écran en fond de scène, affiche : « new wave Korean music group ». A son écoute, on se demande pourquoi. Du fond de la salle, surgissent quatre danseurs. L’un est coiffé d’une pivoine, les autres de trois longs rubans, deux tambours changgo (ou deux chwago ?)… Sur scène, vêtu de blanc, un hautbois à pavillon. Le répertoire enchaîne ronde, chant –la voix du leader est belle- vidéo fort laide, hautbois de bambou piri, escorté de trois tambours changgo, guimbarde, ronde menée par une bannière aux couleurs rouge et noir et quatre petits gongs, voix tutti accompagnées par un hautbois à pavillon, un gros gong, un tambour changgo, un petit gong et un tambour chwago et, apparaît une danseuse vêtue de rose… Le final, terriblement bruyant, suscite l’enthousiasme du public.
Imperméables ! Un véhicule nous conduit, peu avant vingt-deux heures au village de Buk-Chon Han-Ok. Nous voilà au seuil d’une maison particulière traditionnelle, édifiée voici quatre-vingts ans. La soirée est organisée par Gugak FM : champagne et musique ! Déchaussés, conformément à l’usage, on s’assoit sur des coussins bleus, disposés sur un parquet chauffé. On écoute successivement les artistes qui vont se produire, à la fin du mois, à Paris, Londres et Nottingham.
Kim Jeong Seung, flûte traversière taegum, offre deux pièces lentes et profondes. Kang Kwon Soon, accompagnée par le taegum de Kim Jeong Seung, interprète un assez long chant, « Le chant de l’oiseau ». C’est une méditation qui se développe sur un rythme lent. La chanteuse use du vibrato et se joue des aigus. Les rythmes de tels répertoires sont lents, me dit-on, car ils étaient destinés aux « classes aisées de la société qui disposaient de temps. » Yi Ji Young, superbement vêtu, interprète ensuite un répertoire plus dynamique, une musique improvisée, née au cours de la deuxième moitié du XIX° siècle, le sanjo : cithare kayageum, rythmé par le tambour changgo (la main droite frappe la peau droite, une baguette, la peau gauche). Deux jeunes-filles leur succèdent : kayageum et orgue à bouche ou hautbois piri. La première pièce est nimbée d’une certaine joliesse ; au fil de la seconde, le piri sonne souvent faux. Pourraient mieux faire… Enfin, l’ensemble Bulchesul (vièle haegum, cithare six cordes komungo et guitare), le terme, paraît-il, signifie formidable. Formidable ? Juste ridicule ! Friandises coréennes au riz gluant et vin italien capiteux consolent l’auditeur déçu.
Mercredi 14 octobre
« MENU DU ROI »
Peu avant midi, une voiture de l’ambassade de France cueille les deux hôtes français à leur hôtel et se dirige vers le nord, à proximité du quartier de Insa Dong. Nous traversons un vaste secteur de la capitale. Ainsi aperçoit-on cette longue esplanade où s’élèvent deux statues de l’inventeur de l’alphabet coréen. Plus loin, un palais ancien est en cours de restauration et, juste derrière, un palais tout blanc, d’aspect moderne, est gardé par des uniformes.
Le restaurant où les diplomates français nous convient est sis au pied de la montagne. C’est une « belle villa » qu’appréciait, raconte-t-on, le prince Daewongun. L’édifice, coiffé de tuiles, le Seokparang, se niche au milieu des arbres, certains artificiels ! Un beau kaki s’en moque ! Le mur est édifié en brique et le système de chauffage du lieu ressemble fort à celui dont usaient les Romains : l’air chaud est dispensé sous le sol.
La table est dressée à l’intérieur d’un cabinet particulier ; le « menu du roi » que nous dégustons, accompagné de thé, est succulent : soupe de radis froide, légèrement relevée, fines petites crêpes, bœuf aux légumes, deux cornets de fine pâte fourrés de légumes, porc escorté de légumes, pavé de poisson frit, soupe de tofu, riz aux haricots rouges… Les mets respectent une progression des épices… Le dessert est servi à l’ombre du jardin : fruits, jus de kaki, délices de mignardises. Un festin !
Le « Alain Crombecque est mort », prononcé par l’attachée culturelle de l’ambassade de France, sonne comme un glas et fige les visages. Chacun succombe à la tristesse. Un collègue, brillant et audacieux, s’en va ainsi subitement. A Paris, le Festival d’Automne est orphelin. Et en deuil.
PALAIS
En début d’après-midi, le taxi file en direction du Gyeongbokgung (gung signifie palais), situé un peu plus au nord. Construit en 1394 par le fondateur de la dynastie Choson, il demeure le plus imposant des cinq palais de cette lignée. Au pied des montagnes, il offre une enfilade d’une demie- douzaine de cours et de pavillons. L’un s’élève sur le miroir de l’eau, cerné de lotus. Plusieurs ont été restaurés –certains récemment- car, le palais a connu bien des vicissitudes au cours de l’Histoire. La nature lui dessine un écrin et, en ce décor, des pies jacassent et volètent à l’envi.
MUSIQUES ET PANSORI BIS
En fin d’après-midi, une voiture se hâte vers le Théâtre National. Bulsechul apparaît tout d’abord. Aujourd’hui, ils sont sept, vêtus de blanc et de tuniques de couleurs pastel, vert, mauve… L’ensemble se compose ainsi : flûte traversière taegum, cithare kayageum, tambour changgo-guitare, gong, vièle haegum, hautbois piri, gong- cithare six cordes gomungo ou cithare sept cordes ajaeng. Le répertoire traditionnel offert aujourd’hui est séduisant. Hélas ! l’apparition de la guitare banalise le propos musical et contrarie le plaisir de l’auditeur.
Les trois guitaristes canadiens, qui succèdent à cet ensemble, éprouvent un réel plaisir de jouer et témoignent d’une vraie complicité. Leur répertoire enchaîne des airs connus.
Paraît ensuite Lee Jaram, jeune-femme rompue, dès son plus jeune âge, à l’art du pansori classique, ce chant épique coréen. Elle a imaginé, écrit et composé la musique d’un pansori « moderne », inspiré de « La bonne âme de Sechuan » de Brecht. Elle est accompagnée de trois musiciens, et trois danseurs apparaissent fugitivement. Comme il est d’usage dans le pansori, Lee Jaram incarne tous les personnages. Son interprétation témoigne d’une aisance et d’un savoir-faire confondants : une attitude, un geste, un regard suffisent à camper le personnage. Le texte, si l’on se réfère à la traduction anglaise, n’est guère dépourvu d’humour. A l’issue de la représentation, unanime concert de louanges : « Lee Jaram est une grande comédienne », retentit en diverses langues.
Une voiture nous conduit au Bukchon Chang Woo Theater, un petit théâtre d’une centaine de places. On écoute Kim Yong Ha, vièle à deux cordes haegum et son orchestre : à part deux percussionnistes, les musiciens sont ceux de l’ensemble Bulchesul, soit, deux gongs, une flûte traversère taegum, deux tambours changgo, une cithare kayageum. La vièle tend à abuser du vibrato. Survient encore une guitare et la composition, œuvre du joueur de vièle à deux cordes haegum, tutoie la banalité : guimauve ! La pièce suivante, lente, pèche par le niveau sonore des percussions : fortes, voire assourdissantes.
CLUB
La soirée se poursuit et s’achève au Club 500. On doit se déchausser pour pénétrer dans cet antre. On se promène ensuite toute la soirée avec ses chaussures enfouies dans un sac rouge… C’est une grande cave au sein de laquelle s’élève des colonnes nues surmontées de chapiteaux. On écoute une trentaine de minutes l’ensemble Sonagi Project : cinq tambours changgo, battus par cinq excellents percussionnistes, parfaitement synchronisés. A l’occasion, le leader fait entendre sa voix. Il a œuvré, dit-on, avec des percussionnistes japonais. Il s’apprête à rencontrer des confrères brésiliens. Court entracte. A cette heure, l’épuisement guette le visiteur.
Guitare, claviers, guitare basse, batterie, hautbois piri et tambour chwago fou, c’est le groupe Whool. Pas de lumières, la musique s’écoute dans les ténèbres que percent les images vidéo projetées sur le mur et que scandent les commentaires des chansons… Tradition et world music… C’est prétentieux, musicalement banal et, en ce qui concerne le tambour chwago, ridiculement fort. J’abdique !
Jeudi 15 octobre
PANSORI TER
Le Margot Café est un café moderne doté d’un plancher de bois clair. Nous y rencontrons Chae Soo-Jung, « Intangible Cultural Heritage Number 5 (héritage culturel intangible numéro 5), Ph. D. de musicologie (docteur en musicologie) et apprentie pansori ». Elle restitue à notre intention l’atmosphère des origines du pansori (étymologiquement, son d’un lieu) : convivialité, proximité avec l’auditoire, échange avec les spectateurs, humour… Elle chante, accompagnée au tambour changgo par Sim Yun-A. Un duo vocal les réunira ensuite. Soo-Jung interrompt son chant pour expliquer, voire sollicite l’intervention du public… Un art vivant !
Viennent les questions et les réponses…
L’éventail est un accessoire nécessaire. Le pansori développe six rythmes. L’interprète peut improviser brièvement musique et texte (pour expliciter les paroles en coréen ancien, par exemple). La chanteuse a suivi un apprentissage académique de la musique traditionnelle ; elle a étudié ensuite auprès d’un maître de pansori. Cet enseignement perdure depuis vingt-cinq ans ! Le costume de rigueur est le hanbok, vêtement du XVIII° siècle, la coiffure, le chignon. Le pansori est, aujourd’hui, chanté lors d’évènements particuliers ; ce n’est plus un art usuel. La chanteuse enseigne elle aussi. C’est une dame chaleureuse, vive et sympathique.
Suivent deux tables rondes autour de… deux tables. Verbatim :
Au cours des cinquante dernières années, la société coréenne a changé ; elle s’est éloignée de la ruralité et a plongé dans l’industrialisation. Dès lors, les jeunes ont commencé à écouter la musique occidentale. Aujourd’hui, ils sont branchés sur MTV et, ils ont les mêmes divertissements que leurs semblables étrangers. Certes, il en est qui étudient les traditions… La jeune génération cherche à développer son propre style, à partir de la tradition, en se livrant à des expériences avec le jazz, le rock, la pop … Ils tentent une fusion…
Réflexion faîte, je constate que la société européenne a changé, la société japonaise aussi et l’on continue à interpréter Mozart comme le Nô. Maarten, un brillant collègue néerlandais, intervient : « L’Europe a mis cinq siècles pour atteindre l’abstraction tandis qu’ici, elle existe depuis fort longtemps. Et voilà que vous faîtes marche arrière, de l’abstraction au romantisme… Pourquoi pas un rock pentatonique, un punk pentatonique ? » On attend encore la réponse. Sans doute faudrait-il que les Coréens, comme tant d’autres, admettent que si l’autre me ressemble, au point, parfois, d’être mon double, il ne m’intéresse guère.
Un sublime buffet « maison » conclut ces échanges : purée de potiron, beignets d’huîtres et de courgettes, canard, bœuf, porc sauté, poulet, riz, pastèque, café… abondant et délicieux !
MUSIQUES ENCORE
C’est à pied que l’on gagne le théâtre Bukchon Changwoo. On écoute :
-Seung Hee Lee : elle joue de la vièle haegum en solo ou accompagnée d’un tambour changgo.
-Tori, ensemble qui rassemble une cithare komungo et un tambour changgo, frappé par une baguette et une mailloche, et une voix, une petite flûte traversière et un tambour chwago, joué avec un balais, une mailloche et/ou une brosse. C’est une interprétation de la tradition qui, pour l’une des pièces, confine à l’avant-garde.
-Moon Hyun : la voix d’un homme, habillé de bleu, et la flûte traversière taegum, tenue par une femme, vêtue d’un haut rose et d’une jupe noire. Le rythme est lent. Il le demeure pour la troisième pièce : la voix masculine est alors accompagnée par un orgue à bouche, animé par une femme en haut noir et jupe bleue. La dernière pièce est plus rapide et la voix monte dans les aigus, escortée par la flûte taegum et les percussions.
Une voiture file vers le palais voisin de Chang Deok Gung. A l’ombre des frondaisons, une terrasse attenante à ce qui pourrait être un pavillon de musique. Nous assistons à quatre prestations :
-Sijo : trois femmes, habillées respectivement de jupes de couleur rose, marron et bleu ; deux jouent la flûte traversière taegum et le tambour changgo, la troisième chante et sa voix use du vibrato.
-suit une danse de l’époque Koryo (X°-XIV° siècles) : six petites- filles et jeunes filles, buste rouge, jupe multicolore, parure de fleurs dans les cheveux, frappent des cymbalettes et offrent une danse lente, voire très lente, et solennelle, en formant une rangée puis, deux, et, enfin, trois couples.
-Sanjo : ce duo réunit un maître de cithare sept cordes aejeng, chapeau noir et tenue bleu pâle, et un joueur de tambour changgo, chapeau noir et habit rose et vert. Joué à l’archet, l’instrument à cordes, tel le violoncelle occidental, émet des sonorités qui rappellent celles de la voix humaine.
-enfin, un homme, vêtu de vert et bleu, accompagné d’un tambour changgo, interprète un extrait du pansori Hanboga…
Nous quittons le palais en marchant, suivant cette longue allée bordée d’arbres et, ici et là, de pavillons. L’air est doux et, en cette fin d’après-midi, le soleil décline et dore de ses feux les édifices et la nature qu’il colore de tons légèrement cuivrés.
Peu avant dix-huit heures, nous arrivons au siège de Dulsori, sis dans le quartier de Hongdai. C’est au sous-sol d’un immeuble que se déroule la « représentation ». Un rappel en guise de prélude : pansori, signifie son du lieu, dulsori, son des champs.
D’abord, une femme en blanc et noir chante, nous dit-on, le pansori. Un homme l’accompagne à la mandole. Elle crie… L’homme, ensuite, joue de la guitare. Mal. Elle vocifère. Bien. Tout cela est fort ennuyeux et ne présente guère d’intérêt.
SHAMANE
Enfin, une heure durant, se déroule un kut, cérémonie au cours de laquelle officie un shamane ou mudang. En Corée, Bouddha, Confucius et les esprits se tiennent par la main. Le kut est la racine de la culture coréenne, même si les jeunes n’en sont pas familiers, si ce n’est grâce à certains films. C’est une croyance héritée des lointains ancêtres nomades sur laquelle se sont développés, dit-on, la pensée et l’imaginaire coréens. On sollicite le mudang en cas d’évènements graves ou bien pour faire sourire la chance, avant un voyage, par exemple, ou à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle boutique. Ses services sont fort onéreux et, il n’a guère besoin d’exercer d’autres activités. Ce shamane- là est jovial et débonnaire. Il plaisante volontiers. Il arrive vêtu de blanc puis, enfile plusieurs épaisseurs de fins vêtements blancs.
L’ « orchestre » :
L’orchestre se compose d’un hautbois pourvu d’un pavillon en métal, d’un tambour changgo, tenu par une femme, et d’un gong. A droite de la formation, se dresse un autel sur lequel sont disposés d’abondantes coupes de fruits : raisins, kakis, poires rondes et dodues, pastèques, pommes, châtaignes…
Le shamane officie avec l’aide d’une assistante. Le mudang se prosterne, tourne sur lui-même, virevolte… Il enfile de nouveaux vêtements de couleurs sur ses habits blancs : chaque vêtement symbolise l’arrivée en son sein d’un nouvel esprit. Quand il parle, c’est l’esprit qui l’habite qui parle. La musique cérémonielle est assourdissante.
Le mudang revêt une sorte de léger manteau vert et, ensuite, un autre, multicolore celui-là. Et il tourne, tourne, tourne… tel un derviche.
Le « patron » de la compagnie Dulsori dépose des billets de banque dans les coupes de fruits. Le mudang asperge les « fidèles » et leur distribue des fruits. Gravement malade, il a, dit-il, été appelé. Et sans cette « vocation », il n’aurait pas guéri.
DANSE
En début de soirée, une voiture conduit le visiteur à l’Université Sogank. Son « art center » participe au festival Sidance et, ce soir, le spectacle présenté comme hip- hop ne le sera guère. La salle est comble d’un public jeune et enthousiaste. La première compagnie présente « Amusement of Ancients ». L’argument est original et facétieux : en visite en Egypte, un homme s’endort et rêve que les personnages de la fresque voisine s’animent. Un danseur, vêtu à la manière coréenne, quatre autres, habillés en anciens Egyptiens, très kitsch, un autre encore, tout en gris -il figure une momie- tous excellents danseurs, évoluent sur le plateau. Un court final précède les saluts exécutés en break dance. La pièce est un vivant dessin animé. Suit le Lee In-Soo Dance Project : il propose « The Toughest part ». Rencontre et séparation, l’argument n’incline guère à sourire. Six danseurs de noir vêtus portent une sorte de masque d’escrime. L’un d’entre eux, initialement assis au premier rang, s’avère un formidable danseur. Au prime abord d’un accès difficile, cette chorégraphie audacieuse est fort réussie. Le final est un clin d’œil hip-hop. Enfin, Ambiguous Dance Company Uh-Cheo-goo-ni season II offre « Language ». Deux garçons, portant veste, pantalon et pardessus, s’étreignent intimement, se repoussent, se cherchent encore, s’éloignent, se rapprochent, amorcent une nouvelle étreinte… Attirance – répulsion. Duo d’une précision minutieuse qui témoigne de la maîtrise des danseurs. Précieuse esthétique de la lumière. Magnifique et émouvant comme un film noir. Hip-hop, annonçait-on ? Belle soirée de danse contemporaine peut-on dire.
Vendredi 16 octobre
RITE
Sous le ciel bleu matinal, une navette file en direction du palais Jong Myo. Un rite royal ancestral, auquel participe la musique de cour, s’y déroule. C’est un rite confucéen, aak, classé par l’UNESCO. En ce palais, depuis des siècles, reposent les mânes des anciens souverains. Officiellement, la cérémonie pour le repos de leur âme (chongmyoak) et la paix du pays a lieu, chaque année, le premier dimanche de mai. Aujourd’hui, il s’agit d’une représentation ouverte au public.
Sur la terrasse prend place le tungga (l’orchestre de la terrasse) : sept vièles haegum, autant de flûtes traversières taegum, quatre hautbois piri, trois cithares, trois autres pupitres non identifiés, trois gongs et un gros tambour. Le parvis du pavillon principal accueille le honga ( l’orchestre au sol) : un tambour, un gong, un hautbois à pavillon de métal, un autre tambour, deux gongs et, derrière cette première rangée d’instruments, neuf hautbois piri, quatre flûtes traversières taegum et quatre vièles haegum. Enfin, derrière ces huit derniers instruments, quatre flûtes taegum et quatre vièles haegum encore.
Sur ce parvis, face à cette collection d’instruments parfaitement alignés, et dominés par ceux qui occupent la terrasse, évoluent deux groupes de huit danseurs et danseuses. Au total, soixante-quinze musiciens et danseurs participent à ce rite !
Libations pour les dieux…
Majesté, hiératisme, lenteur, solennité, beauté, harmonie !
La majesté des participants, le hiératisme des danses, la lenteur et la solennité de la cérémonie, la beauté abstraite et dissonante de la musique au rythme mesuré, l’admirable harmonie émerveillent le spectateur quatre- vingt – dix minutes durant.
Agréable promenade dans le parc ; on y admire les pins et ces érables garnis de petites feuilles.
MARCHÉ
A la mi-journée, un taxi me conduit au marché couvert Chung Bu (ou Jung Bu) : poissons frais ou séchés, en bocaux ou en conserves, du plus petit au plus gros, algues diverses et variées, sous toutes les formes, conditionnées de mille manières, fruits et légumes, modestes restaurants, nichés entre deux étals ou entre deux échoppes…
PETIT PALAIS
En début d’après-midi, en route pour la place de l’Hôtel de Ville, le « City Hall », et Deok Su Gung, un joli petit palais immergé comme tous ses semblables au milieu du béton. C’est l’heure de la relève de la garde…
Le lieu est charmant, particulièrement ce pavillon de bois haut de deux étages, dépourvu de toute décoration de couleur. Le mélange des styles surprend : un palais du XIX° siècle jouxte les édifices anciens ainsi qu’un pavillon 1900 richement décoré. Et, autour de l’enceinte du palais, le béton… La promenade au long des allées ombragées est agréable. En revanche, les hauts buildings du quartier me dissuadent de poursuivre à pied.
En fin d’après-midi, navette en direction de Korea House, fief de la soirée de clôture. C’est une grande maison de style traditionnel qui accueille, entre autres festivités, des réceptions de mariage. Dans le hall d’entrée, des jeunes jouent à une sorte de jeu de dames. La soirée se déroule en plein air, heureusement à l’abri d’une tente car, un violent orage éclate.
Cithare, danseur inspiré et calligraphe préludent à la soirée qui se poursuit en dégustant un délicieux buffet, arrosé de vin local (mais, je m’abstiens). Conversations diverses. Sur le coup de 21 heures, je m’échappe. Il pleut à verse : nouvelle distribution d’imperméables ! L’imprévu n’est pas coréen.
RIPAILLES
Fin de soirée au petit bar-restaurant, en bas de la rue, à proximité de l’hôtel. Quelques guéridons, des jeunes attablés autour de la marmite, des volutes de fumée, un patron obséquieux. Nous sommes une douzaine ; il nous offre l’un des petits salons traditionnels de l’établissement : soju et alcool de bambou en quantité… Et pour limiter les dégâts de l’alcool, les Coréens commandent poulpe cru, soupe aux œufs, omelette… Encore manger ?
De retour à l’hôtel, CNN diffuse des images de Jean Sarkozy. Je m’endors tout de même…
Un collègue a arpenté le quartier des instruments de musique : des magasins y proposent au chaland des centaines d’instruments traditionnels. Ce quartier serait situé à proximité de celui des restaurants de viande de chien. Il existerait aussi, selon un diplomate, un marché où l’on vend des petits chiens que l’on ébouillante ensuite. Ce sont, dit-on, les personnes âgées qui continuent à consommer cette viande réputée excellente pour le foie… Les Coréens mangent aussi les vers à soie. L’odeur de leur cuisson empeste les venelles de Insa Dong…
Pendant le vol, la compagnie aérienne nationale propose une anthologie de musique traditionnelle instrumentale et vocale : kayageum, komungo, cithares diverses…
-aak (« musique élégante » ; initialement, musique de cour rituelle d’origine chinoise ; toute musique de cour) ou chereak : rituel confucéen (aak ou munmyoak) ; rituel des ancêtres royaux (chongmyoak). L’un et l’autre réunissent orchestre sur la terrasse ( tungga) et orchestre au sol (honga).
-ajaeng : cithare à archet, tendue de sept cordes et nantie de sept chevalets mobiles.
-changgo, changgu, janggu : tambour en forme de sablier.
-chongmyoak : rituel des ancêtres royaux.
-chwago : tambour en forme de tonneau ; une seule de ses faces est frappée par une mailloche.
-dulsori : son des champs.
-gagok ou (kagok) : poèmes chantés, accompagnés par un ensemble de cordes et bambous. C’est la musique favorite des lettrés. Elle varie selon que l’interprète est un homme ou une femme. Elle est, ave les kasa et sijo, l’une des trois composantes du jeongga.
-haegum, haegeum : vièle tendue de deux cordes ; l’archet en crins de cheval est inséré entre les cordes.
-haidong gumdo : art du sabre.
-hallyu : vague coréenne.
-handbok : long vêtement du XVIII° siècle, de rigueur pour les interprètes du pansori.
-honga : orchestre au sol des rituels.
-hangeul : alphabet coréen.
-jeongga : musique classique traditionnelle.
-K-pop : Korean pop, pop coréenne, s’exporte dans le monde entier.
-kayago, kayageum, kayagûm ou gayageum : cithare tendue de douze cordes, nantie de douze chevalets mobiles. On en joue avec les doigts, pouce, index, autres doigts…
-komungo, gomungo, geomungo : cithare six cordes, nantie de trois chevalets mobiles et seize frettes. On en joue avec un stylet de bambou.
-kimchi : plat national, choux fermenté et fort épicé (choux, sel marin, carottes, ail, gingembre, ognons, poivre, pincée de sucre brun… Le tout déposé dans une poterie en céramique).
-kut, gut : rituel shamanique.
-mudang ou mutang : shamane.
-munmyoak ou aak : rituel confucéen.
-pansori (son du lieu) : depuis le début du XVIII° siècle, forme d’opéra interprétée par un conteur-acteur-chanteur et accompagnée par le puk, tambour double face en forme de tonneau.
-pentatonique : pendant au moins les cinq siècles de la dynastie Choson, la musique coréenne est pentatonique et se développe sur une échelle de cinq notes.
-piri : hautbois de bambou.
-pompae : chant solennel bouddhiste.
-puk : tambour double face en forme de tonneau ; il accompagne le pansori.
-rythmes : asymétriques en Corée, contrairement aux rythmes chinois ou japonais, disent les experts.
-samhyeonyuggak : orchestre de vents.
-sanjo : depuis la deuxième moitié du XIX° siècle, solo instrumental improvisé, accompagné par le changgo (tambour sablier). On dit que « c’est un pansori sans texte ».
-sinawi : musique improvisée lors des rituels shamaniques ; improvisation d’un ensemble.
-soju : alcool de riz, de tapioca…
-taegum, daegum, daegeum : flûte traversière en bambou.
-taekkyon : art martial.
-tungga : orchestre de la terrasse lors des rituels.
(D’après le Grove Dictionary et divers livrets de CD et documents).
-kayakeum : HWANG Byungki
-daegeum : LEE Saeng Kang
(Extrait de « Sounds of Memory II / Lee, Saeng Kang – Crossover Performance / Synnara » – liens : cafe.daum.net/leesaengkang – leesaengkang.com)
-komungo : JIN Hi Kim
-haegeum : LEE Seunghee
(Extrait de « Into the light / Music of Korea IV – MCST – Korea Arts management service »)
-gagok (féminin) : KANG Kwon Soon
-Yi Munyol : « Le poète », Actes Sud,
-Hwang Sok-Yong : « La route de Sampo », Zulma,
-Kim Hoon : « Le chant du sabre », Gallimard,
-Kim Myong-in : « L’accordéon de la mer et autres poèmes », Le Temps des Cerises.
Centre Culturel Coréen (institution très active dans les divers domaines de la culture) :
2 avenue d’Iéna, 75116 Paris (métro Iéna, Trocadéro).