BUDAPEST (HONGRIE)

OCTOBRE 2015
 
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REPERES

GEOGRAPHIE

- superficie : 93 000 km² (France métropolitaine : 552 000 km²).

- la Hongrie partage ses frontières avec sept voisins : la Slovaquie au nord, l’Ukraine au nord-est, la Roumanie au sud-est, la Slovénie, la Croatie et la Serbie au sud-ouest et au sud  et l’Autriche à l’ouest.

- terres arables : 49,58% de la superficie du pays, une ressource naturelle importante.

- le lac Balaton, à l’ouest du territoire, est le plus vaste d’Europe.

- sur 140 000 hectares, s’est développée, depuis l’Antiquité, une viticulture présente dans une vingtaine de régions, à l’ouest et au centre du pays : Balaton, Matra, Tokaj… Le Tokaji (prononcer tokaï, en français, on écrit Tokay), un vin blanc suave ou sec, est le plus célèbre des vins hongrois.

- population : 9 938 000 habitants : densité : 107 habitants/km².

- population active : 4,26 millions (2013) ; taux de chômage : 10,5% (2013).

- population active par secteur : agriculture : 7,1%, industrie : 29,7%, services : 63,2% (2011).

- principales industries : mines, métallurgie, construction, agroalimentaire, textile, produits chimiques et pharmaceutiques…

- capitale : Budapest, 1 800 000 habitants, arrosée par le Danube (Duna en magyar) qu’enjambent 11 ponts.

« Budapest » est le titre d’un fameux succès du jeune britannique George Ezra, qui évoque cette ville fort brièvement dans le premier couplet : « My house in Budapest/My hidden treasure chest » (Ma maison à Budapest/Mon coffre au trésor caché)… C’est un peu court jeune-homme pour une aussi belle ville !

En revanche, le 31 octobre 2015, M Le magazine du Monde, titrait « Budapest la festive », ce qui est un peu plus réjouissant, et Pascale Desclos écrivait en guise d’introduction : « A cheval sur le Danube, la capitale hongroise possède le charme de la Mitteleuropa. Mais c’est aussi une ville moderne et dynamique qui fourmille d’adresses originales. » Et c’est, ma foi, juste !

HISTOIRE

Au fil des siècles, la Hongrie a été habitée par les Celtes, les Romains, les Huns, les Slaves, les Gépides (un peuple germanique), les Avars (un peuple turc de cavaliers nomades) … Une longue et riche Histoire !

- fin IX° siècle, le prince Arpad fonde la principauté de Hongrie.

- en l’an 1000, son arrière-petit-fils, Etienne 1°, fonde le royaume de Hongrie qu’il convertit au catholicisme.

- au XVI° siècle, défaite par les troupes ottomanes, la Hongrie tombe dans le giron de l’Empire ottoman ; elle y demeurera de 1541 à 1699. C’est ensuite la dynastie des Habsbourg qui règne sur le pays, puis l’Empire austro-hongrois lui succède de 1867 à 1918.

- en 1920, le Traité de Trianon prive la Hongrie de 71% de son territoire et de 32%  des locuteurs de la langue hongroise, le magyar.

- au cours de la Seconde guerre mondiale, un régime favorable au nazisme gouverne le pays.

- en 1947, les communistes accaparent le pouvoir qu’ils conserveront, malgré la révolution de 1956, jusqu’en 1989, date à laquelle la Hongrie ouvre sa frontière avec l’Autriche.

PERSONNALITES HONGROISES

Franz Liszt (1811-1886), compositeur, Béla Bartok (1881-1945), compositeur, Zoltan Kodaly (1882-1967), compositeur, Joseph Kosma (1905-1969), compositeur, Antal Dorati (1906-1988), compositeur, György Ligeti (1923-2006), compositeur, Péter Eötvös (1944), compositeur, Sandor Marai (1900-1989), écrivain, Attila Jozsef (1905-1937), poète, Arthur Koestler (1905-1983), écrivain, Imre Kertész (1929), écrivain, Prix Nobel de littérature 2002 , Victor Vasarely (1906-1997), peintre, Miklos Jancso (1921-2014), cinéaste, Béla Tarr (1955), cinéaste…

 

JOURNAL DE VOYAGE

DANS LA BESACE
DE MES SOUVENIRS…

OCTOBRE 2015

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Paris-Budapest, le mercredi 21 octobre

A l’aéroport Charles de Gaulle, à Roissy, les quarante minutes de queue pour franchir les contrôles des bagages (deux sont fermés !) m’épuisent, ainsi que les palinodies de la compagnie Air France : surbooking, liste d’attente, etc. Enfin, dix minutes avant le départ du vol, je suis autorisé à embarquer… en classe affaires ! C’est le prix de l’angoisse. A bord, le sourire et l’amabilité de l’hôtesse ont raison de ma colère. Le champagne également. Aujourd’hui, le voyage est souvent une longue patience et un art difficile !

A l’approche de l’aéroport Frantz Liszt, Liszt Ferenc, disent les Magyars, on survole la verdoyante plaine hongroise. Deux heures dix après le décollage, on touche le sol : il est 16 heures 40, la température ne dépasse pas 13 degrés.

En une vingtaine de minutes, un taxi me conduit à l’hôtel Mamaison Andrassy, au 111 de la rue Andrassy, un édifice cossu qui s’élève sur cette large avenue, bordée de somptueuses résidences. Au terme des palabres d’usage et de la vaine visite de plusieurs chambres, le responsable de la réception finit par céder : j’occupe la 204, soit « la suite de l’ambassadeur ». Soviétique ?

Aux alentours de 19 heures 30, un autre véhicule me conduit à Bartok Bela, Müpa Budapest, le Palais des Arts. En ce magnifique auditorium construit en bois clair, les brefs discours touchent à leur fin. Sur la scène, un jeune pianiste interprète une œuvre de Bartok Bela (en magyar, le prénom succède au patronyme). Il est d’abord escorté par une longue flûte, à laquelle se substituera ensuite un violon, un autre violon, une contrebasse ainsi qu’une sorte de violon en bois sombre, que l’on frappe, sans doute un gardon.

Un court blabla prélude à la soirée Gypsy Heart – Beats. Des reproductions des tableaux de Istvan  Szentandrassy, élève de Tamas Péli, sont projetées en fond de scène. Ils composent une sorte d’art naïf, inspiré par la communauté tsigane, et qui fait songer tantôt aux peintures de Chagall, tantôt à celles de Gauguin. L’artiste invente des cadrages décalés et use d’une palette que colorent les bruns, les ocres, les rouges ou les bleus…

Attila Olah ouvre la soirée : il chante a capela une forme archaïque de la tradition tsigane. Ensuite, une percussion rustique rythme sa danse. Monika Lakatos, longue chevelure jais, lui succède. Une belle voix ! Une contrebasse, une guitare, un pot à lait- percussion, un violon et une sorte de planche, pendue au cou du musicien, qui fait également office de percussion composent l’Ensemble Romengo, qui la rejoint. Le guitariste est, ensuite, la seconde voix, une voix masculine, et l’homme qui frappait le pot à lait délaisse cet instrument et danse avec la chanteuse…

Et voilà que l’on accompagne en scène un violoniste aveugle, Tcha Limberger, maître du style kalotaszeg, nom, par ailleurs, du trio qu’il anime. Il joue d’abord en solo ; le violon pleure. Puis, il chante, accompagné par des musiciens de l’Ensemble Szalonna (violon et contrebasse). Suit un instrumental rythmé. Vêtue de jaune, Bea Palya entre en scène et compose un duo avec lui. Elle chante, ensuite, escortée par un ûd (ou un saz, selon les thèmes), un flûte (ou une clarinette), une batterie (ou une percussion), une contrebasse et une guitare. Ensemble, ils interprètent une musique de Hongrie et des Balkans, teintée d’éléments juifs sépharades, jazz  et pop. Un curieux cocktail dont le troisième titre est desservi par l’absence de justesse de la voix de la chanteuse.

La soirée se poursuit avec un duo composé de Bea Palya et Monika Lakatos ; elles chantent d’abord a capela, puis accompagnées par l’ensemble Romengo. Attila Olah exécute alors une danse martiale archaïque du nord-est du pays, la danse du bâton, rythmée par trois percussions et des onomatopées tandis que le bâton virevolte.

Enfin, l’Ensemble Szalonna, un cymbalum et deux violons, interprète d’abord une musique tsigane sophistiquée et lente. Ces trois musiciens sont rejoints par deux autres violons, une contrebasse et une clarinette pour offrir cette musique à danser traditionnelle rythmée, que l’on entend encore dans les villages… Un tutti final conclut cette riche soirée.

Lors de la réception qui suit, les vins pèchent par leur médiocre qualité ; je préfère déguster le suave Tokaji du bar de l’hôtel…

A deux heures du matin, les voisins du dessus me réveillent : comme la plupart des hôtels du monde, celui-ci n’est guère insonorisé ; pourtant, le repos des clients devrait être la première préoccupation des hôteliers…

 
Budapest, le jeudi 22 octobre

Le ciel est inondé de bleu et il fait doux. Aux alentours de midi, un taxi me conduit au Balna, siège de l’exposition, où je retire badge d’accès et sac rempli de programmes divers et de disques. J’effectue un premier tour de la pléthore de stands : ceux du Portugal, du Cap-Vert, de l’archipel d’Okinawa, de la Norvège, de la Finlande, d’Estonie… Un voyage au long cours !

C’est l’heure du déjeuner mais mes tentatives demeurent vaines : queues à l’entrée des restaurants du quartier, longues attentes avant d’être servi, préviennent les serveurs… Découragé, je décide de profiter de ces heures vacantes pour me promener le long du Danube et au cœur de la ville. J’admire ce fleuve et observe la vie fluviale, le pont métallique Szabadsaghid -Pont de la Liberté- long de 334 mètres, construit de 1894 à 1896 et inauguré par l’empereur François-Joseph, qui relie le 5° arrondissement (Pest) au 11° (Buda). Je poursuis ma marche et contemple les édifices cossus qui s’élèvent au fil des vastes avenues, dont l’un sans doute de style Art déco, le toit en tuiles vernissées des halles centrales, édifiées en 1896 dans le style de la Sécession hongroise (I. Szamu vasarc Sarnok), l’Université Corvinus, l’une des universités de Budapest, et, sur la rive opposée, les fameux bains Gellert, construits en 1908 et ouverts en 1918, et l’Université technique.

Je rebrousse chemin et tente à nouveau de déjeuner : en vain ! Je me résous à une nouvelle incursion dans l’immeuble qui abrite les stands. J’y retrouve mon amie niçoise Françoise, accompagnée de son petit-fils, un jeune-homme de seize ans, dont l’intelligence et la gentillesse illumineront ce séjour hongrois. Je quitte les lieux et emprunte la Mathias utca, la rue Mathias, perpendiculaire au fleuve ; elle abrite le Centre de la musique de Budapest, un bel édifice moderne, de couleur blanche, nanti d’un élégant pignon noir. Plus loin, se dresse un immeuble plus ancien, incrusté de loggias… Chemin faisant, j’atteins la Raday utca, une rue bordée de restaurants divers. En l’absence d’une auberge magyare, je choisis un persan, le Shiraz, pour ce déjeuner tardif et me régale de quatre fines côtes d’agneau grillées sur un lit de riz blanc, semé de raisins. Pour conclure, je ne résiste pas à un savoureux baklava. La gourmandise ne saurait être un péché…

Le pont métallique Szabadsaghid.
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Toit en tuiles vernissées des halles centrales, édifiées en 1896 dans le style de la Sécession hongroise.
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Au fil des vastes avenues s'élèvent des édifices cossus de styles divers.
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Centre de la musique de Budapest, Mathias utca.
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Un immeuble ancien incrusté de loggias.
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L'université technique.
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Sur le coup de 17 heures 30, je marche de l’immeuble Balna à celui du Müpa, le somptueux Palais des Arts, et longe ainsi le Danube sous le jour finissant. Cette rive- la est bordée de constructions qui, toutes, comptent huit étages. Sur la piste cyclable, des vélos circulent à pleine vitesse, sans égards pour les éventuels piétons. Certains promènent leur chien… Le tramway numéro 2 va et vient. Onze ponts enjambent le fleuve, la plupart parée de lumières, comme le Palais des Arts, habillé de bleu, et l’architecture étrange de l’édifice qui le jouxte, tout illuminé lui aussi.

Il est 18 heures 30, rien n’est ouvert. J’attends sur une banquette du vestiaire l’ouverture du Café adjacent. A l’ouverture, j’y déguste un verre de Tokaji sec : ce n’est pas celui que je préfère, le doux est plus savoureux.

Ce Palais des Arts dispose de plusieurs salles. Le Club Duna, un joli auditorium tout en bois, est l’une de ces magnifiques salles dont l’acoustique est impeccable. Le premier groupe qui foule cette scène est letton. Son projet, nous dit-on, est vieux de trente-quatre ans ! Il réunit un homme, qui tient la guitare basse, et parfois seconde la voix, une femme, la seule, qui chante  et joue du violon, un batteur, un kokle (c’est une cithare), une cornemuse qui, à l’occasion, donne de la voix et une guitare. D’emblée, le rythme s’impose et banalise le propos musical, un fatras fort peu enraciné dans la tradition. Pour échanger avec l’autre, il faut être riche d’une identité, d’une singularité. Rien de tel  dans ce triste mélange ! Le Womex serait-il la fête des musiques bâtardes ?

Déçu, je me réfugie au Bohem, le restaurant du lieu, où je dîne d’un veau au paprika, accompagné de pâtes au fromage de brebis, et d’un verre de vin rouge.

Au terme de ce repas, je rejoins le Club Duna : Federspiel entre en scène. C’est un ensemble de cuivres autrichien ; sept jeunes Viennois – la moyenne d’âge est vingt-six ans- le composent. Fondé voici dix ans par cette bande de copains, ce septet invente une musique inspirée de la tradition et riche d’emprunts divers parfaitement digérés. Une musique inouïe ! Formation originale, trompettes, trombones, tuba et voix concourent pour produire un son qu’on ne saurait assimiler à celui d’une fanfare. Musiciens accomplis, les sept garçons proposent un répertoire inédit : ils s’inspirent de l’alphorn suisse (c’est un cor des Alpes), déconstruisent et reconstruisent à leur guise une pièce de leur compatriote pianiste Joe Zawinul, offrent leurs propres compositions, percutent leurs cuivres, tapent des mains, chantent et irriguent leur prestation d’une rare inventivité et d’un humour bienvenu : on se souviendra de ce huapango mexicain de la Sierra huasteca, chanté en espagnol avec une voix de fausset et mêlé au yodle de deux autres voix ! Tout au long de ce concert de quarante-cinq minutes, cette salle pleine de professionnels n’a pas connu le va et vient habituel des gens du métier : elle est restée comble dans un étonnant silence ! Federspiel, l’une des révélations de ce Womex !

Sur la scène du Grand Auditorium, Cimbalomduo réunit deux cymbalums ; virtuoses, ils jouent à l’unisson. Ce duo visite le répertoire traditionnel, mais son jeu épuré évoque la musique classique. La virtuosité a-t-elle une âme ?

Au Club Duna, le trio polonais féminin Sutari (deux violons et une contrebasse) compose une tradition originale en s’inspirant des traditions polonaise et lituanienne. Vêtues de couleurs vives, les trois femmes s’accompagnent à l’occasion de divers ustensiles tels que mixeurs, râpes, bouteilles… Sur un écran, s’inscrivent, ornées d’un dessin, les paroles des chansons en anglais, parfois approximatif. On apprécie cette prestation singulière nourrie par ces voix belles et puissantes qui font songer à ces voix de plein air de certaines traditions.

A une heure du matin, c’est la foire aux taxis ! Les enchères vont bon train : dix-sept euros, dit l’un des chauffeurs, pour une course dont le tarif normal n’excède pas dix euros, vingt-cinq annonce un autre… Je refuse de me soumettre à ces escrocs et finit par trouver un honnête conducteur…

Le Danube à la tombée de la nuit.
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L'un des onze ponts qui enjambent le fleuve.
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Une architecture étrange.
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Habillé de bleu, le Müpa, somptueux Palais des Arts.
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Budapest, le vendredi 23 octobre

Le ciel est sombre. En cette fin de matinée, un taxi me dépose à l’Hôtel Continental, au 42 Dohany utca. Arrivé fort en avance, j’ai le temps de visiter le quartier : il fut, jadis, celui des Juifs avant leur extermination par les Nazis. Ce fut celui où demeurait la famille de Joseph Kosma, dont il ne subsiste aucune trace, le compositeur, entre autres, de la musique de la chanson de Prévert « Les feuilles mortes ». Lui résidait déjà à Paris et eut, malgré les vicissitudes de l’époque, la vie sauve.

Rakoczi utca, large avenue, bordée d’immeubles anciens, ornés de corniches, de balcons et de sculptures, offre une perspective harmonieuse tant la plupart des bâtiments respecte la même hauteur, quatre ou, parfois, cinq étages. Ici, s’élève un cinéma haut de quatre étages qui, paradoxalement, présente une façade qui fait songer à l’architecture de Barcelone. Là, un peu plus loin, on découvre l’église baroque Saint Roch fardée de jaune. L’architecture de la ville ne récuse guère le mélange des styles. Ils attestent l’opulence de la monarchie austro-hongroise.

Dans le square qui jouxte Vàs utca, un clochard, spectacle rare à Budapest (ils tiennent congrès à Paris), est assis, il s’apprête à quitter les lieux… A proximité,  sur une colonne Morris, une sobre affiche dessine deux chapeaux melon. La petite rue qui longe l’un des pignons de l’hôtel Continental recèle un édifice lépreux de deux étages, emmailloté dans des filets de protection vert et, plus loin, une boutique de souvenirs de Hongrie… Face à l’hôtel, un bel immeuble de quatre étages, dont la façade, sobrement ornementée, est percée de nombreuses fenêtres, offre une harmonie architecturale « classique ».

L’entrée du Continental et la porte-tambour en cuivre évoquent l’Art déco.

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Un édifice dont la façade évoque Barcelone.
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L'église Saint Roch.
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Dans le square qui jouxte Vas utca l'un des rares clochards aperçus à Budapest.
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Une colonne Morris.
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A proximité de l'hôtel Continental...
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Une harmonie architecturale "classique".
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Hôtel Continental, 42 Dohany utca.
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Sur le coup de midi-trente, guidé par le petit-fils de mon amie Françoise, un garçon avisé et débrouillard, on s’achemine à pied vers le restaurant Zeller, 36-38, Izabella utca, en admirant, ici, l’architecture, là, les clochers des églises…

C’est un restaurant typiquement hongrois, fréquenté par des Hongrois et tenu par une famille originaire du nord du  Lac Balaton, nous explique-t-on, qui élève des bêtes et cultive la vigne. Les produits proposés proviennent de cette ferme familiale. Pour accompagner le bœuf choisi par les amis et mon poulet au paprika, on me fait goûter trois vins rouges (quel privilège !) qui titrent quatorze et quinze degrés ! Le plus corsé est, à mon avis, le meilleur : un verre chacun sera un plaisir ! L’extrême gentillesse du personnel ne fait guère regretter Paris…

Le soleil s’est levé, le ciel est bleu. A pied, nous empruntons le chemin de Dohany, en prenant le temps d’admirer l’architecture et de s’extasier ou bien de s’amuser de l’aspect de ces deux édifices jumeaux : l’un avant, l’autre après ravalement… Nous arrivons ainsi à la synagogue Dohany, la plus vaste d’Europe, dit-on, mogen David (étoile de David) et mémorial de la Shoa… Non loin, on aperçoit une sorte de minaret…

A pied, en admirant l'architecture...
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Avant, après...
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La synagogue Dohany.
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Mémorial de la Shoah.
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Non loin de la synagogue on aperçoit une sorte de minaret...
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Aux alentours de 15 heures 30, un taxi nous dépose au Balna, où l’on visite le stand de l’Autriche pour collecter quelque documentation relative à Federspiel.

Le soir, sur le coup de 21 heures, au Club Duna, le Buda Folk Band entre en scène. Ces « enfants » de l’illustre Ensemble Muzsikas n’égalent point leurs maîtres. Ils sont six : deux violons, deux « violas », une contrebasse et un accordéon, qui joue aussi de la flûte. L’une des « violas » tient aussi luth à manche long tambura et luth koboz, et il chante. Tous assurent l’accompagnement vocal, sauf le contrebassiste. Rythme, énergie et plaisir, mais le jeu demeure quelque peu terne. La chanteuse invitée chante juste, sans plus. En revanche, l’instant est magique lorsque la contrebasse, un des violons (pizzicati et archet) et la flûte composent un trio ! Fin et délicat, le flutiste joue divinement : il réjouit l’âme !

Rejoint par mes amis, je dîne au Bohem d’un canard purée-feuilleté aux choux, accompagné de vin.

Brève incursion, ensuite, au Club Duna pour écouter le PaCoRa Trio slovaque. Formé en 2004 d’un violon, d’une contrebasse et d’un cymbalum, il compose une musique hybride qui mêle les traditions slovaque et moldave au jazz. Mélange bâtard, dont je n’ai guère le goût, mais, on doit l’admettre, le mariage est réussi : l’ensemble swingue comme une formation de jazz accomplie.

Dans le grand auditorium, doté d’une merveilleuse acoustique, l’Ensemble Iberi chante. Les sept Géorgiens qui le composent, vêtus de deuil conformément à la tradition et bottés de noir, poignard au flanc, étagent leurs voix, comme un savant architecte, en des arrangements raffinés. Les timbres sont purs et manigancent des jeux vocaux délicats. Pourtant, j’éprouve la confuse impression que ce chœur n’est guère exceptionnel, tant ce genre vocal compte en Géorgie de nombreux adeptes…

Pour clore la soirée, le Club Duna accueille un  quartet de clarinettes, Clarinet Factory. Inventifs, ces quatre Tchèques explorent les diverses tonalités, y compris basse ou contrebasse, dont le son est plus grave, et les riches possibilités de leur instrument. En deux décennies et six albums, le quatuor a développé un art consommé du souffle et de la nuance. L’un d’eux emprunte la voix suave de l’amour ; il chante en français un texte… écrit par un Portugais : « L’amour me fait penser à toi toujours… »  Pendant l’interprétation des diverses pièces du répertoire, des projections, dont un tableau de Van Gogh, occupent l’écran de fond de scène. Une musique neuve, délicate et raffinée ! A découvrir !

L'un des ensembles du Womex, le Buda Folk Band (Hongrie).
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Dans cette ville dont l'architecture mélange les styles, il est aussi quelques immeubles vétustes...
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Budapest, samedi 24 octobre

Le ciel est bleu, l’air frais. A midi trente, je retrouve mon amie Françoise et son petit-fils au Continental. Nous décidons de récidiver au restaurant Zeller : coquelet pané, purée de potiron et choux de Bruxelles, pour ma part, et un vin rouge hongrois Szeleshat Dülö, Szekszard 2011 que nous partageons. C’est délicieux et chacun se régale ! Nous prenons notre temps pour déguster et jouir de ce moment privilégié : slow food !

Vers 15 heures 30, après l’achat de Tokay doux, nous hélons un taxi : balade sous le soleil : le Parlement (Pest) et le château des rois (Buda) ainsi que, entre autres, la statue de « Stefanus Rex », Etienne, le premier roi du pays.

Au Balna, je m’entretiens avec madame Kim, l’une des représentantes des Arts de la scène de Corée, que je connais et apprécie depuis quelques années : elle sollicite une aide pour quelques musiciens traditionnels de son pays. Je lui fais part de mon amertume d’avoir été écarté de la « saison coréenne » par l’un de ses homonymes : « he has been kicked out », me répond-t-elle sans ambages. Voilà qui est clair ! Je la prie d’informer en «  haut lieu » de mon mécontentement et manifeste mon engouement pour de nouveaux projets traditionnels coréens, en précisant toutefois que c’est mon directeur qui décide. J’informe, ensuite, l’un des agents parisiens de mon intérêt pour deux interprètes de fado portugais, qu’il représente… Enfin, j’évoque avec Sami Sadak, directeur artistique de Babel Med (Marseille) et le chanteur breton Erik Marchand ces étranges mélanges musicaux dont on nous abreuve… Lorsqu’Erik en concocte, lui, ils sont le fruit de longues et humaines rencontres, ce qui change la perspective et le résultat !

Un taxi file en direction du Müpa : le chauffeur téléphone et, inattentif à sa conduite, emprunte un itinéraire plus long que d’ordinaire, ce qui augmente le prix de la course…

A 21 heures 30, l’Ensemble coréen Baraji s’avance sur la scène du grand auditorium. Sa composition initiale réunit une cithare, un gros tambour sablier, un hautbois, ou selon, un tambour bifaces, une cithare ou un gong, tenus par la chanteuse, une autre cithare ou une vièle bi-cordes, un deuxième hautbois, qui frappe aussi un tambour ou une percussion métallique et joue d’une flûte. La première pièce commence avec ce puissant son de bombarde soufflé par les deux hautbois, puis se développe sur un rythme lent qui, ensuite, s’accélère. La deuxième pièce, « Song of prayer », est sans doute la plus belle, tant la voix grave de la chanteuse-cithariste séduit. La troisième, « Percussion shamanique avec le vent », rassemble cinq musiciens : deux gongs et trois tambours. L’un d’eux joue aussi du hautbois, d’une longue trompe et d’une paire de cymbales. Le son est assourdissant ! Et même violent ! Les esprits sont-ils furieux ? On ressent une profonde énergie, mais la pièce est trop bruyante et trop longue pour des oreilles occidentales ! Enfin, une dernière œuvre est interprétée par la même formation que la deuxième, à laquelle se joint un musicien supplémentaire. Plusieurs voix nourrissent le propos musical. Devant le praticable où se tiennent les musiciens, une femme chante et danse en agitant un écheveau de multiples bandes blanches… Le sens se dérobe. Désorienté, le public est clairsemé.

Vers 22 heures 30, dîner au Bohem avec mes amis niçois ; je récidive : canard accompagné de purée et d’un feuilleté d’oignons, ce soir…

A minuit, au Club Duna, le groupe polonais Muzykanci entre en scène devant un public nombreux. Les musiciens sont originaires de Cracovie et de diverses autres villes de Pologne. L’ensemble se compose de trois violons, dont l’un troque à l’occasion cet instrument pour un violoncelle et un autre, une femme, chante, d’un accordéon, qui joue aussi du violoncelle ou de la vièle à roue, d’une grosse caisse, et enfin d’un autre violoncelle. La voix de la chanteuse est puissante, celle de ses compagnons qui l’escortent également… La cadence est d’abord lente, puis rythmée, la musique enjouée. La chanteuse ne chante plus, elle beugle, et voilà qu’elle demande au public de frapper dans les mains… Le son est celui d’un vieux disque de Malicorne…

Aux alentours d’une heure trente, un taxi, incompétent et cher, me conduit à l’hôtel. Cette nuit, on recule les montres d’une heure.

Au restaurant Zeller, un excellent vin rouge hongrois, le Szeleshat Dülö, Szekszard 2011.
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Le Parlement côté face.
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Le Parlement côté pile.
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La statue de "Stefanus Rex", premier roi du pays.
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Budapest, dimanche 25 octobre

Le ciel est sombre ; ensuite, le soleil paraît. Vers midi, je décide de me promener le long d’Andrassy utca jusqu’à Hosök tere, la place des Héros. Chemin faisant, j’admire, de chaque côté de cette large avenue, demeures patriciennes et légations diplomatiques, nichées au cœur des jardins, à l’ombre des frondaisons

Au centre de la place se dresse une haute colonne sur laquelle repose une statue ailée. A droite et à gauche, s’élèvent, comme autant de temples romains, deux édifices à colonnes qui cultivent le passé, deux musées, dont l’un, orné d’une frise colorée peuplée de personnages, est dédié à Budapest… Au fond, deux demi- péristyles ferment la place. Des statues ornent leurs arcades, des sculptures, des auriges, couronnent leur faîte. Derrière cet ensemble, s’ouvre une de ces larges avenues qui parcourent la ville. Sur la droite, on remarque un château, sans doute de style gothique ou néo-gothique.

Dans l’une des rues adjacentes, passe un véhicule, « Beers on wheels », que les buveurs de bière meuvent en pédalant ! Au cœur de la place, des groupes de visiteurs « selfisent ». Ici aussi, le velib a fait son apparition et les vélos foncent sur les pistes cyclables. Les taxis, de couleur jaune, croisent au loin et les tramways sillonnent les voies de la cité. Sur les trottoirs, en cet automne, « les feuilles mortes se ramassent à la pelle »… Mes souvenirs aussi.

Andrassy utca, au fond Hosök tere, la place des Héros.
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Le long d'Andrassy utca, demeures patriciennes et légations diplomatiques...
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Une station de métro.
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L'un des deux musées de Hosök tere, la place des Héros, celui dédié à Budapest.
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Hosök tere, la place des Héros.
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L'autre musée de la place des Héros.
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L'une des statues qui trônent dans les arcades des péristyles.
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Aurige de la place des Héros.
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Attila ?
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Derrière la place des Héros, une de ces larges avenues qui parcourent la ville.
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Derrière la place des Héros, à droite, un château, sans doute de style gothique ou néo-gothique.
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Segways sur la place des Héros.
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Velib, version hongroise.
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En remontant Andrassy utca.
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"Les feuilles mortes se ramassent à la pelle", mes souvenirs aussi...
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