Février 2001
Chronique CD « Credo »

credo

Nourrie d’une volonté œcuménique, l’intention qui préside à la création de « Credo » est louable, la réalisation contestable. Chant grégorien, transe soufi et psalmodie juive, ce disque métisse ces chants fervents issus de diverses traditions religieuses. Hébraïque, grecque, arabe, latine voire araméenne, copte ou yoruba, les langues se mêlent dans l’éclat de leurs riches sonorités. Pour la plupart, les voix qui les portent sont belles ; celles des enfants, émouvantes. Les solistes, Sara Alexander, Catherine Braslavsky, Arieh Stzantman et Haroun Teboul, talentueux. Parmi la douzaine de chants, « Kyrie des sables », « Louange à Salomon » et, surtout, « Abwoun », un Notre Père en araméen, magnifié par une voix splendide, réjouissent l’oreille et l’âme. Malheureusement, le synthétiseur envahit, voire colonise, les autres plages. Il banalise ces mélodies et ces chants, trésors de la tradition patinés par les ans. Leur archaïsme est leur beauté. Pourquoi l’appauvrir en installant une modernité conformiste comme un meuble en formica au milieu d’un magasin d’antiquités ?

Jacques Erwan

« Credo, Enfants d’Abraham », Édition Arcosud. C/2000.