Février 2001
Exposition « La voix du dragon »

Cloche tibŽtaine Jingangling / Dril-Bu Bronze et cuivre. MusŽe des anciennes cloches du Temple de la Grande Cloche de PŽkin.

Cloche tibŽtaine
Jingangling / Dril-Bu
Bronze et cuivre. MusŽe des anciennes cloches du Temple de la Grande Cloche de PéŽkin.

 
Échos d’une joie ou d’un danger, les cloches diffusent un signal. Elles appellent, rassemblent ou éloignent. Sous toutes les latitudes ou presque, leurs sonorités sont familières ; elles rythment le quotidien. « La voix du dragon », une exposition riche de trois cents pièces – dont soixante dix-huit cloches et dix carillons – atteste qu’en Chine, depuis des millénaires, l’art du bronze campanaire s’épanouit dans l’univers sacré comme dans le monde profane. Il remplit une triple fonction : cloches, carillons, gongs et sonnailles participent aux rites sacrés, appellent puissances bénéfiques et êtres vivants ou bien les éloignent ainsi que les puissances maléfiques et sont, enfin, des instruments de musique profanes.

Sous les premières dynasties, le carillon est un instrument de cour ; son usage est réservé aux princes et aux nobles avant de se développer au fil du temps. Symbole de bon augure, le dragon prête son effigie, soumise à d’infinies variations graphiques, à la décoration des cloches. Sous les Hans (206 avant notre ère à 220) apparaissent les cloches bouddhistes…

L’itinéraire, intelligemment balisé, manigance des clairs-obscurs. Ils mettent en valeur ces « trésors nationaux » dont c’est, pour certains, la première escapade hors de Chine. « Le temple » présente un ensemble de cloches qui retrace l’évolution de cette tradition campanaire et de sa place éminente dans l’univers religieux bouddhique, taoïste et confucéen. La « tombe » recèle quelques-uns des trésors exhumés de la sépulture du marquis Yi de Zeng, un aristocrate du Ve siècle avant notre ère, parmi lesquels son « salon de musique ». Découverts en 1978, ces carillons, flûtes, orgues à bouche et autres cithares ont profondément modifié la connaissance de la musique chinoise ancienne. Il faut écouter, dans « la rue musicale », une réplique de l’un de ces carillons, nanti de… soixante-cinq cloches !

Pour prolonger le plaisir de la visite, paraît un livre-disque, « Musiques de la tradition chinoise ». Une étude en profondeur de l’origine et de l’évolution de ce patrimoine musical dont le CD offre, entre autres joyaux, une pièce de musique taoïste et une autre de musique funéraire bouddhique. En effet, « la nature même de la musique veut qu’elle vienne du ciel et se laisse transmettre aux hommes pour qu’ils fassent usage de l’harmonie dans l’organisation des choses terrestres ».

Jacques Erwan

Cité de la Musique, 221, avenue Jean-Jaurès 75019 Paris.  www.cité-musique.fr
« Musiques de la tradition chinoise », Lucie Rault, « Musiques du Monde », Cité de la Musique/Actes Sud. 120 FF (18,29 A).

Couv Mus Trad Chin