Chanter son village

A Paris, la Nouvelle-Calédonie n’est pas au monde. On sait la Corse et les Antilles, La Réunion, voire le Cap-Vert. La Nouvelle-Calédonie, point !
Le concert du 19 octobre, au Quai Branly, a drainé un public majoritairement originaire de l’île. Communautaire, il n’a guère contribué à inscrire l’île sur la carte du monde. D’autant que, malgré une esthétique des lumières originale et séduisante, la pertinence des interventions de Paul Wamo, la parfaite maîtrise du temps, entre autres, son écoute atteste que la formation musicale choisie, très « classique », pour ne pas dire convenue, banalise le propos musical : elle n’exprime ni originalité ni enracinement. Par ailleurs, les chanteurs n’affichent pas davantage de créativité textuelle ou d’inventivité musicale. D’où viennent-ils ? De Nouvelle-Calédonie ? De nulle part ! Polyphonies corses ou maloya réunionnais, plus on chante son village, plus on est universel. Dissoudre son identité, c’est se noyer dans la mer de l’indifférence. Alors ? Alors, au travail !

Jacques ERWAN, 2013