Musiques du monde ?

POIL À GRATTER

« Musiques du monde » : quel est le sens de cet intitulé générique ? Cette expression, inventée par les Anglo-saxons et destinée aux rayons des marchands de disques, adaptée et adoptée en France, fait désormais flores. Hélas ! Elle s’accole à des musiques et artistes si divers, de Ballaké Sissoko à Paolo Conte, en passant par Alan Stivell, qu’elle compose un fourre-tout qui résiste à toute définition précise. Tous les êtres vivants sont au monde et, donc, toutes les musiques qu’ils émettent le sont également. Ainsi, le chant des oiseaux, êtres vivants, participe à la musique du monde, comme le cri des mouettes, le brame du cerf, le miaulement du chat en rut ou l’aboiement du chien de Philippe Val (actuel directeur de France-Inter), qui jadis modulait une chanson de Charles Trenet… Toutes les musiques sont au monde : ancienne, classique, romantique, traditionnelle, folklorique, jazz, populaire… Celles d’hier et d’aujourd’hui. L’expression veut tout dire, elle ne veut donc rien dire. Il suffirait, pour combler l’auditeur-spectateur-consommateur, d’appeler un chat un chat et une musique traditionnelle, traditionnelle. Et même les marchands du temple y retrouveraient leurs petits.

Jacques ERWAN, 2013