CHAPITRE 1

L’Amérique !
ETATS-UNIS, IMPRESSIONS.

JUILLET-AOUT 1965

« Je voulais raconter aux autres les images qu’ils ne voyaient pas, les sons qu’ils n’entendaient pas, les odeurs qu’ils ne sentaient pas ».

Tiziano TERZANI, « La fin est mon commencement » (Les Arènes/Intervalles)

 
« La ville était magnifique, insensée, invraisemblable comme à chaque fois. »

Michel Deguy, « Desolatio » (Editions Galilée)

 

MERCREDI 28 JUILLET

NEW-YORK !

Nuit à bord de l’Aurélia, c’est le nom du bateau qui assure la traversée.

Quatre heures et demi : premiers bruits dans la cabine…Il est temps de monter sur le pont. L’avant est interdit ; va pour l’arrière : le « sportsdeck », cinquième pont supérieur. Attente. Il fait encore sombre : la nuit s’attarde. Peu de passagers sont déjà réveillés.

Cinq heures trente : le pont est maintenant envahi. Il y règne une grande agitation : chacun cherche une place, un point d’observation idéal. Soudain, le ciel s’embrase ; un disque de feu d’abord pâle puis, étincelant, rouge comme une braise ardente, monte dans la nue et se reflète dans le miroir calme de l’océan. Contemplation de ce  spectacle merveilleux que la nature offre chaque matin depuis l’origine des temps. Les appareils de photo cliquètent et les caméras ronronnent.

Comme un gros insecte se mouvant au ras des flots, un bateau-pilote s’approche : il guidera l’Aurélia vers le port de New York.

Pour la première fois depuis neuf jours, la terre apparaît : une large bande émerge voilée de brume.
Six heures cinquante : le commandant autorise les passagers à accéder à l’avant : à tribord sur le petit pont. Un léger brouillard enveloppe le bateau. Soudain, un pont, le premier de New York, immense et splendide, s’impose devant la proue. Un silence religieux règne, troublé seulement par le cliquetis des boîtes à images : l’émotion naît de cette vision de la terre, de la ville et des jeux du soleil et de la brume. À bord, les jeunes Américains, de retour d’Europe, s’émeuvent de ces retrouvailles ; les étrangers, issus de vingt-six nations, communient dans la contemplation de cette scène qu’offre ce paysage unique. Sans doute certains rêvent-ils de la liberté et de la modernité qu’incarne cette terre…

Déjà, à tribord, ces gratte-ciel emblématiques de la ville, la Manhattan skyline, se dépouillent de leur voile de brume. À bâbord, la statue de la Liberté exhibe sa métaphore souveraine à l’orée de ce pays d’immigration.

Pavoisé, l’Aurélia vogue maintenant dans les eaux du port de New-York,   et les sirènes hurlent leurs salutations pour célébrer son arrivée. Tous les officiers, en grand uniforme, comme à la parade, sont alignés sur le pont.

Sept heures quinze : enfin le soleil triomphe du brouillard. On voit clairement la skyline, ces immenses gratte-ciel qui semblent si proches. Le sommet de leurs hautes silhouettes baigne encore dans un halo de brume et le  soleil, entre leurs cimes, se livre à ses jeux d’ombre et de lumière, éblouissant parfois le spectateur. C’est un panorama grandiose et imposant.

Ciel bleu, chaleur intense, atmosphère lourde, c’est le climat estival de New-York.

L’Aurélia dépasse ces gratte-ciel (les bien nommés) dont le gigantisme surprend et impressionne le regard européen et remonte l’Hudson river. Les massifs édifices de l’Empire State Building et du Rockefeller Center s’élèvent jusqu’au ciel. Les quais de ce vaste port défilent…L’Aurélia réduit la puissance de ses machines et accoste au quai numéro quarante. Sur ce quai, des gens attendent pour accueillir des membres de leur famille ou des camarades de leur collège. Certains brandissent des pancartes : « welcome home »…

Sept heures trente : l’Aurélia a trente-cinq minutes d’avance sur l’horaire ! L’équipage jette les passerelles. Reste à découvrir l’Amérique !

En descendant du poste d’observation, premier regard sur New York : gigantisme des gratte-ciel, petitesse des hommes ; pullulement des voitures roulant à vive allure sur un pont voisin, longueur et largeur de leur carrosserie ; nombreux dockers noirs et âgés pour décharger le bateau ; sensation de chaleur et de moiteur…

Formalités : “ American first “, les Américains d’abord. Longue attente pour les autres…Contrôle des bagages : « avez-vous des fruits ? » Étrange question !

Onze heures : sorti de la gare maritime, c’est la rue. Tout s’élève tellement plus haut qu’en Europe ! Sentiment d’écrasement. Grande animation. Bruit. Taxis jaunes et noir rapides…

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Hancock Field Base était une base de radar qui surveillait l'ensemble de la côte Est des Etats-Unis.
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(…)

Les stations de métro sont sales. Ce sont des jetons et non des tickets qui ouvrent le passage.Les voitures sont confortables et propres. La vitesse est telle que l’on tient debout avec difficulté.

 

VISITE DE LA FOIRE INTERNATIONALE

Une foire internationale se tient à New York. Parcours au fil de divers pavillons.

Pavillon des Mormons :

Pour un Américain, la religion est l’une des voies pour accéder au bonheur. Cette quête du bonheur (« the pursuit of happiness ») est l’un des idéaux inscrits dans la constitution.

Pavillon General Motors :

La science triomphante. L’Américain croit en l’Homme et à la grandeur de la science et de la technique. L’Homme ne souffrira plus ; il connaîtra le bonheur éternel.

Quid des sentiments de l’être humain ? Demain , l’Homme pourra-t-il encore rêver ? Aimer ? Et la culture et l’art, que deviendront-ils ? Utilitaires ?

(…)

 

BALADE A TRAVERS NEW-YORK

Grandiose et féerique : Broadway, littéralement, large voie, l’avenue est large en effet et  ses divertissements nombreux; Times Square, on peut, c’est sûr y passer du temps; Wall Street, la rue du mur…de l’argent ? Fric Street ? Et encore, Battery Park, statue de la Liberté et le siège des Nations Unies, moderne forum où le monde dialogue; China Town, comme dans les films; Fifth avenue que peuplent d’élégants piétons; Rockefeller Center, paré de marbre de Grèce et d’Italie, deux étages par seconde en ascenseur et, du haut de ses soixante-dix étages, l’Homme est minuscule ! Central Park, retour à la nature; le port, tant de démunis y arrivèrent, et l’Hudson River puis, de nouveau, Times Square mais la nuit, dans sa féerie lumineuse et, enfin, Greenwich Village, le fief des artistes…

 

FIN DE PARTIE

…. Et le Metropolitan Museum et ses salles consacrées aux Impressionnistes: profusion de toiles et collection de chefs-d’œuvre !

Cézanne: La forêt à Fontainebleau, deux portraits de Madame Cézanne et, ces Joueurs de cartes que l’on contemple comme si l’on attendait la fin de la partie.

Monet: Lever du jour sur la Seine; Manet: Le toréador et Le joueur de guitare dont on croit entendre les arpèges. Renoir: Jeunes filles lisant et Natures mortes. Et Gauguin, et Degas…Et Van Gogh (cyprès)…

Plus loin, trois portraits de femmes signés Modigliani et Le sofa de Toulouse-Lautrec. Suivent Rouault et Seurat, et coetera. Sublime !

(…)

Dans l'avion
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Famille américaine
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GRANDS LACS

Ici, dans un vaste champ, une multitude de Noirs cueille des haricots verts. On se croirait en plein sud, au cœur de la « ceinture de coton ». Là, des vertes prairies piquées d’arbres, comme en Normandie. C’est en effet cette province qu’évoque la plupart des paysages de la région des Grands Lacs, au nord-est des Etats-Unis : lacs, collines et vallées, rivières, fermes et clôtures de bois, champs de blé et nature verdoyante. L’immensité des surfaces cultivées, en revanche, ne saurait être comparée au bocage de la campagne normande.

(…)

 

DEAR CAR

Compagne fidèle, la voiture est, pour un Américain, une résidence secondaire : il y mange, boit, déguste glaces et douceurs, assiste, face à un écran dressé en plein air, à la projection de films, voire…y fait l’amour (« drive-in movies »), s’y affranchit d’opérations bancaires (« drive-in bank ») et même y assiste à la messe dominicale, au pied d’un autel édifié dans la nature (« drive-in church ») …

La course au standing le conduit à changer assez souvent de véhicule. La conduite de celui-ci, de fabrication américaine, est facile et détendue : automatique et maniable, la voiture est, par ailleurs, silencieuse, spacieuse et nantie de la climatisation et de la radio… Appuyer sur l’un ou l’autre des boutons suffit pour déplacer le siège, ouvrir les vitres ou décapoter.

Pour l’Américain moyen, qui demeure en général hors des centres ville, elle est un instrument de travail : l’homo americanus est un animal mobile qui se déplace pour se rendre à son travail, au supermarché, au « drive-in », etc. Voiture et téléphone sont deux béquilles indipensables de la vie quotidienne.

Sur les autoroutes, il est fréquent de voir ces longues caravanes, traînées par des «  camions. Elles autorisent la mobilité familiale : déménagements au sein d’une même région, ou bien à l’extérieur, occasionnés par des péripéties professionnelles ou inspirés par l’esprit de découverte.

(…)

 

GASPILLAGE

La famille F. déménage. On trie vêtements et objets divers; beaucoup partiront à la décharge : nausée ! Il y a de quoi habiller dix familles et, je n’aurais pas honte de porter ces habits.

-« Waste makers ? » (gaspilleurs ?)

-« Take it easy, man ! »

-« No, man ! »

(…)

 

PARTY CHEZ LES F.

À partir de dix-neuf heures, les couples invités arrivent les uns après les autres. D’emblée, le maître de maison prévient : « I fix the first drink, that’s all » Après ce « premier service », chacun va à la cuisine et se débrouille. Ainsi circule-t-on un peu partout dans la maison. On parle, on discute, on bavarde et l’on s’amuse tout en mordant dans les traditionnels épis de maïs grillés et arrosés de beurre (à manipuler avec précaution !)

Arrivées  vêtues de robes habillées et chaussées de talons hauts, ces dames vont maintenant nus pieds.Ces messieurs ont tombé veste et cravate et, en chemisette, conversent debout ou assis par terre. La sociabilité américaine récuse le protocole.

En France dans un milieu comparable, les invités seraient assis autour d’une table, engoncés dans leurs vêtements de cérémonie et guindés jusqu’à l’ennui. Ici, à la fin de la soirée,on chante et l’on danse en oubliant les excès des contraintes sociales. Celles qui sont inhérentes à la vie professionnelle, estime-t-on, suffisent. Aussi, quand on quitte le travail, « relax » et « take it easy » sont de rigueur. Sans doute le mélange des alcools (bière, crème de menthe, whisky…) stimule-t-il et la parole et l’entrain…

Bribes de conversation : De Gaulle ? « He is a great man » est l’opinion générale.

Les raids aériens systématiques, perpétrés par les Etats -Unis contre le « nord Vietnam » (la République Démocratique du Vietnam), ont commencé quelques mois auparavant, les 6 et 7 février 1965. « What about Vietnam ? » ai-je osé. Un ancien officier, aujourd’hui professeur, se lance : “nous en avons pour longtemps (…)L’extraordinaire puissance des armes américaines l’emportera sans recours à la bombe atomique (…) Beaucoup de jeunes de dix-sept – dix-huit ans sont dans l’armée. Ils suivent un entraînement très sévère. Ils sont fanatisés. “ 

(Ailleurs, un étudiant dira qu’il ne veut pas donner sa vie pour cette « dirty war » (sale guerre), une cause qu’il sait perdue.)

Le professeur poursuit : il évoque sa fille qui vaque à ses deux « summer jobs ». Comme la plupart des jeunes Américains, modestes ou pas, elle travaille pendant ses  vacances.

Un couple canadien se joint aux autres invités. L’homme s’assoit à l’orgue et joue ; la femme se souvient de San Francisco qu’elle « adore » et de son « ciel azur ». L’orgue entonne le classique « I left my heart in San Francisco ». Pour nombre d’Américains, San Francisco est la plus belle ville du pays. Ensuite, Madame F. s’empare de sa harpe et joue. Chacun l’écoute puis, remercie et s’en va ; Il est trois heures.

(…)

 

APRES-MIDI TELE

Pour fuir la canicule de ce mois d’août, la « game-room » dans le « basement » (sous-sol) est un refuge idéal de fraîcheur. La télévision, on le sait, ne requiert aucun effort ; elle convient donc à cette léthargie qui sous un tel climat gagne les corps et les esprits. Vautrés, à demi nus, au creux des divans, R. et moi nous abandonnons à l’emprise de la télévision.

Selon les régions, le téléspectateur dispose de trois à neuf chaînes. Point de speakerines. Des informations sont diffusées trois à quatre fois par jour. Les programmes se déroulent sans discontinuer du matin jusqu’à une ou deux heures selon les jours. La plupart des émissions sont réalisées en direct et laissent peu de place au play-back. Les pannes sont rares. Les interludes n’existent pas. La télévision en couleurs règne depuis trois ans ; sa qualité n’est pas parfaite.

La publicité est envahissante, particulièrement aux heures de grande écoute. Alors, environ toutes les dix minutes, doit-on supporter : « ce programme vous est offert par… » Et la conscience en est blessée. Cependant, il arrive, mais rarement, qu’aucune publicité n’interrompe l’émission.

Que voit-on ?

Des programmes de divertissement : jeux tels que « You don’t say », « Tell the truth », « Pass word », « Celebrity game »…Séries telles que « Bonanza », « Perry Mason »… Westerns tels «Cheyenne », “The rifle man »… Shows comme « Early show » ou « Late show ». Science-fiction et films (nombreux) relatifs aux dangers prêtés à la science : transfusion sanguine, êtres monstrueux…

D’une manière générale, on voit beaucoup de westerns, jeux, dessins animés, feuilletons…Autrement dit, divertissements de masse plutôt que programmes culturels (scientifiques, littéraires…) considérés comme élitistes »

(…)

 

CROSS LAKE

Dîner à bord de la vedette familiale posée sur les eaux du lac : épis de maïs et steaks grillés au BBQ installé sur le bateau. Il fait nuit. Le silence règne. Calme est la nuit. À peine éclairées, les rives s’étendent alentour, s’estompent dans le lointain et se perdent dans les ténèbres à l’horizon… On devine plutôt qu’on ne voie les lignes des fermes, les rondeurs des collines et la masse sombre  des forêts. Au loin, parfois, des cris brisent le silence; une voix, là-bas, chante « Lemon tree very pretty », un vieux chant traditionnel…

(…)

 

ANGE

Au bar du club de la base radar, fief de l’U. S. Air Force, que fréquentent les F., conversation avec un jeune capitaine. Il espère, dit-il, « échapper à une mutation en Thaïlande ». Une telle décision dessinerait une perspective funeste : ce pays est l’une des bases arrière de la guerre qui sévit au Vietnam. Il souhaite vivement, avoue-t-il,  être muté en France : il  veut, « avant de mourir, voir le Mont Saint -Michel et le sourire de l’ange de la cathédrale de Reims. » « No comment . »

 

GENERATIONS

Deux couples et leurs fils respectifs. R. et Ch. reprochent à leurs parents leur manque de sévérité. C’est, pour moi, une scène surréaliste! Les parents observent qu’ils furent, eux-mêmes, éduqués avec plus de rigueur et que c’est, sans doute, pour cette raison qu’ils admettent la discussion avec leurs enfants, même lorsque ceux-ci élèvent la voix. Un tel affrontement parents-enfants les prépare, pensent-ils, à la « struggle for life ».

En fait, ces adolescents semblent dépourvus de respect à l’égard de leurs parents et les éclats de voix sont fréquents. L’avenir dira si une telle éducation (laxiste) est pertinente…
 
 
*****
 
 
Trois ans après ce voyage initiatique, surviendra Mai 68, un mois de contestation de l’autorité- de toute autorité- vécu dans l’enthousiasme… Contestation qui, avec le recul du temps, peut, sans doute, paraître excessive.

Une vingtaine d’années plus tard, en 1986, dans un livre intitulé « Amérique », Jean Baudrillard écrira : « Au cœur de la richesse et de la libération, c’est toujours la même question : What are you doing after the orgy ? » Que faire quand tout est disponible, le sexe, les fleurs, les stéréotypes de la vie et de la mort ? C’est le problème de l’Amérique et, à travers elle, c’est devenu celui du monde entier. »

Et Alexandre Soljenitsyne, l’auteur de « L’archipel du goulag » exilé aux Etats-Unis, proférera : « je viens d’un pays où l’on ne peut rien dire ; ici, on peut tout dire et cela ne sert à rien ». Les Américains seront fort choqués mais avait-il tort ?
 
 
*****
 
 

Article publié dans la revue du collège Les Cordeliers (Dinan) en 1965
 
Etats-Unis : Juillet-Septembre 1965

« I’got a ticket to ride… »

L’arrivée en bateau dans le port de New York est un spectacle d’une prodigieuse beauté qui suscite des sentiments profonds (…) Malgré la lente et fructueuse évolution que seul permet le bateau, chaque passager subit un choc, tel un esthète qui contemple une œuvre d’art. Les gratte-ciel de la « Manhattan skyline » composent la toile de fond de ce paysage, auquel un silence monastique confère un caractère de solennité, étrangement impressionnant et envoûtant. Les couleurs varient du gris foncé au gris clair : vert-de-gris de la statue de la Liberté, gris-vert de la mer, gris du brouillard, gris mat du béton, gris étincelant du verre et de l’acier…

« Plus grisant que le vent plus luisant que le verre

Souvenir dissemblable à la réalité

Comme au ciel de l’été le ciel blanc de l’hiver. »

 
Puis c’est New York, gigantesque avec ses rues interminables, tout y est haut, tout y long, tout y grand. C’est la fourmilière humaine, la course perpétuelle et… le portefeuille qui très vite s’aplatit ! Empire State Building, Times Square, Broadway, Fifth Avenue, Greenwich Village…lieux fascinants mais si souvent décrits… New York devient rapidement intolérable : on y suffoque, on s’y sent écrasé, tout petit…

(…)

Impossible de passer sous silence le rôle de la voiture dans la vie de l’Américain. Notons d’abord qu’elle est pour lui un outil indispensable : en effet, le plus souvent « l’homo americanus » vit à plusieurs kilomètres de son lieu de travail dans de coquettes maisons de bois, aux couleurs vives, nichées dans la verdure, parmi les arbres ; les cars et les trains sont moins utilisés qu’en Europe et de plus la forme de l’habitat lui interdit d’employer ces moyens de transport. Les banlieues où il vit sont des parcs situés autour d’un petit centre urbain, le plus souvent une « grande rue » avec un Woolworth, un drugstore, une soda-fountain, une poste et quelques églises. Tout ceci pour dire qu’une voiture lui est absolument nécessaire. Mais l’Américain ne saurait limiter sa voiture à cette utilisation prosaïque , absolument pas : elle lui sert de restaurant, de salle de spectacle, de banque et presque de chambre à coucher. En effet, comme le « barbecue » et le « bermuda », le « drive in » est une institution américaine originale. Il faut distinguer les divers aspects du drive-in : le drive-in peut être un sorte de « snack bar » en plein air : vous placez votre voiture sur le parking, vous signalez votre présence, un serveur accourt, prend la commande et revient avec un plateau qu’il accroche à votre portière, assis à l’intérieur vous pouvez consommer de délicieux sandwiches à la dinde, ou au thon, ou, si vous êtes gourmand de succulentes glaces, spécialité dans laquelle excellent « les cordons bleus » américains.

De même, pour vous distraire vous bénéficiez du « drive-in cinéma » : un parking, un écran en plein air et un petit haut-parleur pour chaque voiture et vous assistez  à deux longs métrages (quatre heures) ou vous subissez… selon les cas ; le tout pour deux dollars. « Le drive-in bank » est un simple guichet extérieur auquel vous pouvez, assis à votre volant, venir effectuer toutes les opérations bancaires que vous désirez. J’ai pu également observer sur la route qui va de Syracuse à Cooperstown un « drive-in church » ce qui est paraît-il assez rare : les fidèles assistent à la messe confortablement installés sur les banquettes moelleuses et spacieuses de leur voiture. Il m’est arrivé ainsi de subir sept heures consécutives de voiture : dîner, cinéma et trajet, quelle joie ! Dès que son salaire augmente l’Américain change de voiture; en posséder plusieurs est un signe indéniable de standing élevé. L’Américain sans sa voiture serait une sorte de fantôme dépourvu de corps !

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