Samedi 8 Mars, 18h30

Troupe de Sebatu
Musique et danse de Bali

À Jacques Brunet, ethnomusicologue qui a contribué à révéler Bali au monde.
 
Bali

BALI : LES SERVITEURS DE LA GRÂCE ET DE LA BEAUTÉ

« Nous ne pourrons jamais apprendre leur calme et leur douceur. »
Sang et volupté à Bali, Vicki Baum.

Charme des habitants, splendeur des paysages, Bali est «un monde enchanté». Un autre monde, le reflet du ciel. Hérités de l’hindouisme, les dieux y sont en leur jardin. La religion embrasse le quotidien et l’ensemble de la vie sociale. Elle est le sceau de l’identité balinaise. Le sacré est omnipré- sent. Il imprègne le profane.Dieux et merveilles, Bali propose une certaine idée de la beauté : elle nourrit un art de vivre singu- lier. Esthètes, les Balinais – ils ont sculpté l’émeraude des colli- nes pour y enchâsser le collier miroitant des rizières – ont éla- boré une esthétique du quotidien, un art de l’éphémère. Et à l’é- cole, dès leur plus jeune âge, les enfants s’initient à l’un des arts de la tradition- peinture, sculpture, danse ou musique – qu’ils cultivent assidûment. C’est l’usage et les enfants artistes sont légion. Ils sont la garantie de la pérennité et de la vitalité de cette culture. Celle-ci s’exprime au cœur de ces milliers de temples qui jalonnent l’île et où les hommes poursuivent leur dialogue avec les dieux.

À l’abri de ces ambassades du ciel, les cérémonies se déroulent dans une extravagante profusion de musiques et de danses. Orchestres de métallophones, les gamelan y dévident l’écheveau de leurs sonorités pour honorer les dieux et point pour divertir les hommes. Ils accompagnent aussi les évolutions de prodigieux danseurs, serviteurs de la grâce et de la beauté. Offrande aux dieux, leur art est une quête de la perfection.

Au centre de l’île, au nord d’Ubud, le beau village de Sebatu. Ses musiciens riziculteurs ont développé un style original, empreint de poésie et de délicatesse, qui, depuis quelques décennies, a conquis le monde. Neuf danseurs, certains fort jeunes, et vingt-six musiciens composent la troupe de Sebatu. Nyoman Jaya, chef du gamelan, le dirige depuis 1968. Il avait alors dix-huit ans !

BALI, ANNÉES 20

Au début du XX° siècle, la musique et la danse balinaises connaissent une véritable révolution : « celle de la création individualisée » qui puise ses références dans le répertoire ancien. Celui-ci est composé d’œuvres musicales et chorégraphiques anonymes. Elles sont le fruit d’un art communautaire qui se transmet de génération en génération.

Le baris (1), danse guerrière est exécutée sur le parvis des temples pour honorer les dieux ou lors des représentations profanes pour divertir les hommes. Le danseur peut être armé du kris, le poignard balinais, d’une lance ou d’un bâton. Il porte une coiffure en forme de casque stylisé ; il est vêtu d’une parure de couleurs.

Le gamelan est un ensemble instrumental composé principalement de métallophones en bronze, cuivre, fer… Ce sont les deux kendang, tambours horizontaux à deux peaux, qui indiquent le tempo et conduisent le gamelan.
Le thème mélodique est exécuté par les pemugal, métallophones à lames de bronze posées sur une caisse de résonance en bois. L’orchestre comporte d’autres métallophones, à dix ou cinq lames, divers gongs, des petites cymbales et deux flûtes suling en bambou.
Le répertoire comprend musique ancienne de temple et musique – plus récente – de théâtre et de danse.
Les musiciens sont, pour la plupart, des agriculteurs et riziculteurs.
(D’après François-René Tranchefort, « Les instruments de musique dans le monde », Points, Seuil.)

Le « Gambangan » (2), pièce instrumentale interprétée par le gamelan et le « Legong Kraton » (3), danse exquise offerte par trois jeunes danseuses sont l’œuvre du génie créateur Wayan Lotring. Né à Kuta, petit village de pêcheurs, à la fin du XIX° siècle, il est d’abord danseur du répertoire ancien à la cour de divers princes de l’île. Talent précoce, il est aussi un musicien accompli. Familier de la tradition, « il devient, écrit Jacques Brunet, l’un des plus grands danseurs de Bali tout en continuant de composer de nombreuses pièces musicales que nombre d’orchestres interprètent encore aujourd’hui ». Vers 1915, il chorégraphie et compose la musique du « Lelong Kraton », « la plus belle chorégraphie jamais conçue dans l’île ». Elle fera le tour du monde et contribuera à la notoriété de Bali. De Chaplin à Britten, les visiteurs se succéderont auprès de son créateur. « Danse entre ciel et terre, hors du temps, elle laisse pantois devant tant de beauté et de raffinement… »

À la même époque, un nouveau style, venu du nord, se développe. À partir des grands ensembles, ceux qui jouent dans les temples, les gongs gédé, un jeune musicien, Gédé Manik, crée un nouveau type de gamelan : le gong

kebyar, orchestre « aux sons éclatants ». Plus léger et moins onéreux, cet ensemble de cérémonie et de divertissement autorise une virtuosité exceptionnelle. C’est la première rupture de cette importance dans l’art musical balinais. « Alors que jusqu’ici la musique était organisée sur des thèmes mélodiques, souvent cycliques, assis sur un accompagnement classique sans surprise, écrit encore Jacques Brunet, le kebyar se manifeste comme une véritable cassure : la structure devient libre, les thèmes mélodiques s’enchevêtrent, l’orchestration devient scintillante, ponctuée par le fracas des cymbales et animée par une nouvelle virtuosité sur les claviers ».

Gédé Manik exercera aussi son talent dans le domaine chorégraphique. Parmi les danses qu’il crée, l’une, « Taruna Jaya » (7) est restée célèbre jusqu’à aujourd’hui : elle représente les états d’âme d’un jeune prince amoureux. La danseuse agile qui l’interprète utilise tout l’espace scénique et conjugue tous ses moyens coroprels : « bras, jambes et visage s’associent dans une symbiose expressive très impressionnante ».

Héritée de la période kebyar, « Semara Giri » (4), pièce instrumentale, est l’œuvre de Wayan Susila.

À l’écoute de cette musique « explosive », Wayan Maria (dit Mario), originaire du sud de l’île, improvise une chorégraphie nouvelle fondée sur ces rythmes neufs. Il a seize ans et imagine le « Kebyar Duduk » (5), une danse interprétée quasiment assis sur le sol. Le danseur, précise Jacques Brunet, « use de son corps comme d’un délicat instrument ; il traduit chaque section mélodique par les mouvements du torse et des bras dans une emphase de grande ampleur ». Selon l’humeur exprimée par la musique, visage et regard, fort mobiles, se métamorphosent et passent du dramatique au serein, de la vivacité à la séduction…

Plus tard, il crée avec un autre illustre musicien, Anak Agung Gédé Mandera, un duo, « Oleg Tambulilingan » (6). Exécutée par une danseuse et un danseur, cette danse symbolise la parade d’amour à laquelle se livre une abeille et un bourdon. La gestuelle crée la même magie que la danse précédente. Les artistes de Sebatu ont eu la chance d’étudier cette danse avec ses créateurs.

Un riche programme de ces arts raffinés et élégants. Un voyage qui saura charmer les âmes les plus rétives au dépaysement.

Jacques Erwan

 
BALI, ANNEES 20 / PROGRAMME :

Les temps anciens :
1 – Baris. (Danse, Solo)
 
La période de création Wayan Lotring :
2 – Gambangan (Instrumental)
3 – Legong Kraton (Danse, Trio)
 
La période du Kebyar :
4 – Semara Giri (Instrumental de Wayan Susila)
5 – Kebyar Duduk (Danse, Solo)
6 – Oleg Tambulilingan (Danse, Duo)
7 – Taruna Jaya (Danse, solo)

NYOMAN JAYA, RESPONSABLE DE LA MUSIQUE A SEBATU ET, EN L'OCCURRENCE, CUISINIER DE LA TROUPE...
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PREPARATIFS DU SPECTACLE.
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COIFFE D'UNE CASQUETTE, L'ETHNO-MUSICOLOGUE JACQUES BRUNET, "qui a contribué à révéler Bali au monde".
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INSTRUMENTS DU GAMELAN.
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DANS LES LOGES, COIFFURE, MAQUILLAGE ET HABILLEMENT.
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