Salon de Musique
Samedi 26 avril 2008 à 18h30

LULENDO

Angola
 

RAT DES VILLES, RAT DES CHAMPS
 
«Les sons sont des nuances de parfums. » Baie des Tigres, Pedro ROSA-MENDÈS
 
Né dans une province septentrionale de l’Angola, Lulendo grandit à Luanda, la capitale. La guerre ravage alors le pays ; comme beaucoup, le jeune homme a « une âme d’horizons » ; il rêve d’un ailleurs. En 1982, il débarque à Paris ; il y croise Manu Dibango, Didier Lockwood, Carlinhos Brown… Une carrière se dessine…

Aujourd’hui, il se souvient des racines de son art : enfance rurale et vacances à la campagne, chez son grand-père maternel. Il observe les travaux des champs et découvre la nature. Le soir, les hommes chantent ; ils s’accompagnent au likembé, modeste caisse de résonance en bois dotée de lamelles de métal, le « piano à pouces ». Attentif, il s’instruit à l’écoute de ces complaintes et autres chants propitiatoires pour la fécondité des récoltes. L’aïeul conseille : point de maître ; écoute, regarde et joue selon ton envie, c’est un gage de liberté. Belle et profitable leçon. Autodidacte, Lulendo assimile donc la tradition selon l’usage, de bouche à oreille.

Il s’en souviendra pour chanter en kikongo, langue des ancêtres, et en lingala, idiome des voisins congolais. Paré des sonorités du likembé – fabriqué par ses soins – le répertoire offre complaintes, chants de travail et ces berceuses dont il « adore le côté naïf ». Retour aux sources comme le fut ce voyage au pays natal, en 2007, au terme de vingt-cinq ans d’absence, « pour visiter les vivants, pour visiter les morts ». Et, avec le passé, inventer le futur.

Jacques Erwan