Lundi 15 octobre 2007

LE CHŒUR ANTCHISKHATI, UN BANQUET POLYPHONIQUE

Agapes géorgiennes

 
«Messieurs, bien le bonsoir. Accepterez-vous qu’un homme complètement ivre se joigne à votre banquet ?» Alcibiade – Le Banquet –  PLATON
 

La Géorgie développe dès l’Antiquité, dit-on, une tradition originale de chant polyphonique. Au cours du Moyen Age, cet art complexe et brillant s’intègre à la liturgie chrétienne. Le chant choral s’épanouit alors au sein de ces monastères nichés au cœur des régions montagneuses et reculées du Caucase. Il s’exprime en géorgien, langue orpheline dotée de son propre alphabet.

La musique profane suscite un égal intérêt. Comme souvent la tradition, elle accompagne – fête ou chasse –  le quotidien du village et célèbre les évènements majeurs de la vie, de l’enfance, inspiratrice de berceuses, aux funérailles en passant par le mariage. Elle recourt à des techniques vocales originales comme le krimanchuli, sorte de jodel hérité de l’ouest du pays.

Le chœur d’hommes Antchiskhati porte le nom d’une église du VIe siècle située à Tbilissi, la capitale. Ses membres ont collecté noëls anciens, hymnes de Pâques, chants de travail rythmant la moisson et autres fleurons de la tradition qu’ils interprètent « avec une exubérance teintée de spiritualité ».

Issus des différentes régions du pays, les douze hommes du chœur ont hérité de ce patrimoine unique légué par leurs parents et grands-parents ou bien assimilé par la pratique  au village. Ils sont par ailleurs musiciens chevronnés et ethnomusicologues passionnés et enseignent ou bien encore, dirigent des ateliers. Leurs voix mâles, à l’occasion accompagnées du luth panduri, confinent au sublime. Elles habitent pleinement ces polyphonies et ainsi, suscitent l’admiration.

Antique tradition, le banquet est, en Géorgie, le « lieu d’un partage quasi rituel entre convives ». Il marie l’art culinaire et celui du chant polyphonique sous l’autorité du tamada, le maître de cérémonie. C’est lui qui distribue la parole et le chant : chants de travail, hymnes panthéistes, odes à l’amour, chants d’église, chansons de table, les mravaljamier. Boire, manger et chanter, trois verbes que conjuguent, depuis des siècles, la tradition. Lors de ces agapes, le vin de Géorgie contribue à libérer l’âme et à stimuler l’esprit. « Enivrez-vous sans cesse », intimait Baudelaire qui élargissait l’acception de l’injonction : « De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise ». Chacun, en effet, choisira son ivresse.

Préparé avec le concours d’un cuisinier géorgien, le banquet sera arrosé de cet excellent vin de Géorgie. L’occasion de découvrir diverses facettes d’une culture originale qui affirme avec fierté la vitalité de sa mémoire.

Jacques Erwan

 

EN COLLABORATION AVEC LA FONDATION ROYAUMONT (ASNIERES-SUR-OISE) qui offre un week-end géorgien à ROYAUMONT les 6 et 7 octobre.