Bar de la Comédie,
Lundi 18 et Mardi 19 décembre 2006, 22h30 (Festival)

ROGER SIFFER

Alsace

 
LA FIERTE ALSACIENNE
 

« Nos premiers ancêtres furent Celtes, les seconds Alamans, autrement dit un peuple germanique ».
Roger Siffer

A Strasbourg, on dit Roger. C’est le prénom emblématique d’un personnage qui contribue au quotidien à tisser l’histoire d’une communauté. Sa langue maternelle fut l’alsacien. Plus tard, l’école de la République imposa le français. « Les Alsaciens, dit-il, n’ont pour point commun que leur langue, leur façon de penser, leur civilisation. C’est à dire la manière dont ils mangent, dont ils parlent… Pour être alsacien, il faut parler alsacien ».
Maître de sa langue, il contribue, à partir des années 70, à l’extraire de la sphère privée où elle est cantonnée et à lui restituer son usage public. Ensuite, il n’aura de cesse de rappeler que, distincte de l’allemand, elle recèle ses propres trésors littéraires : poèmes des « minnesänger », troubadours médiévaux, ou « Nef des fous » de Sébastien Brant… Fin connaisseur de la culture alsacienne, il sait aussi l’histoire complexe et tourmentée d’une région si souvent envahie au fil des siècles et ballottée, naguère, entre Outre-Rhin et France dite « de l’intérieur ». Alsace meurtrie par les tragédies de la dernière guerre et à laquelle, longtemps, se sont attachés des lambeaux de mémoire rancunière.

Cet agitateur culturel est aussi un épicurien, militant de la convivialité, du partage du boire et du manger, « un acte social », selon lui. Il sait aussi emprunter le masque du comique et porter en scène la coiffe alsacienne, pour railler le folklore artificiel et perpétuer une tradition vivante, ou bien publier un calendrier d’insultes en alsacien… Et, pour affirmer l’appartenance à une culture commune, il « recoud les frontières » de l’Alsace, de l’Allemagne et de la Suisse, en zigzaguant à travers leurs lignes, escorté d’une famille d’artistes… Il connaît la force de l’humour et brocarde sans pitié les errements des politiques. Amphitryon, il anime à Strasbourg un lieu convivial et unique en son genre, la Choucrouterie. Il y perpétue la tradition germanique du cabaret satirique et propose des revues bilingues, français et alsacien.

A la Comédie de Reims, seul en scène, il offrira, au bar, comme ses prédécesseurs Yann-Fanch Kemener et Danyel Waro, un spectacle acoustique inédit, créé pour la circonstance : chansons et textes en alsacien et en français. L’humour est convié ainsi que la cuisine alsacienne, miroir de la prospérité de la région, et les savoureux vins d’Alsace. Et pour trinquer, on dira : « S’gilt. A so jung kumme mir nimm z’samme ! » ; A la tienne, aussi jeune, on ne sera plus jamais ensemble ! »

Jacques Erwan