Salon de musique, Janvier

Gülcan KAYA

Chants d’Anatolie
Turquie

 
VOIX CELESTES
 
« Cherche et trouve.
Eduque les femmes.
Même si on te blesse, ne blesse pas (…)
Le premier stade de l’accomplissement est la modestie.
Qu’importe ce que tu cherches, cherche en toi-même.
Maîtrise tes mains, tes paroles et tes désirs… »
 
Tels sont quelques uns des préceptes qu’enseigne la sagesse prônée par Haci Bektaş, au XIII˚ siècle. Elle compte aujourd’hui encore une foule d’adeptes rassemblés dans l’ordre soufi des Bektaşi. Outre cette filiation, les alevis-bektaşi adhèrent à des survivances du shamanisme turc venu, jadis, d’Asie centrale et se reconnaissent des tendances chiites.

L’Ensemble Hasbihâl porte un nom – parler, communiquer, effacer la peine – qui résume sa démarche. Il réunit Derti Divani, troubadour et maître spirituel respecté et les musiciens traditionnels Ulaş Ozdemir et Huseyin et Ali Riza Albayrak. Ils jouent baglama et saz anciens, instruments sacrés. Religieux, le répertoire comprend chants d’amour mystique, hymnes célébrant les douze imams et l’expérience mystique, semah pour accompagner la danse rituelle…

Chacun chante dans son propre style tandis que les autres accompagnent. Quatre voix, comme retenues, qui privilégient le registre de la douceur. Un chant de l’âme partagé avec chaque spectateur car, « chaque créature est le reflet du Créateur ».

Gülcan Kaya revient. Un retour attendu. Au fil de poèmes mystiques dépourvus d’ornementation, elle chante aussi le ciel. Et la terre. Des semah alevis aux chants anonymes recueillis à travers toute l’Anatolie, elle s’est forgée un vaste répertoire dont les thèmes sont multiples. Avec une technique vocale éprouvée, elle chante à la manière traditionnelle. Sa voix, éclatante de beauté, charme l’oreille et l’âme. Une voix.

Jacques Erwan