Bar, samedi 13 novembre 2004, 18h

César Stroscio

Bandonéon, Argentine

Les Soufflets de l’âme

« Bandonéon, puisque tu vois que je suis triste, et que je ne peux plus chanter, tu sais que je traîne mon âme marquée par une douleur. »
Bandonéon arrabalero. Pascual Contursi

Originaire d’Allemagne, le bandonéon est le pilier du tango. A Buenos-Aires, il descend du bateau, au XIXè siècle, avec les marins ! Au fil des ans, les immigrants se l’approprient. « Mon histoire avec le bandonéon, écrit César Stroscio, natif de Tucuman, commence à Buenos-Aires, au quartier de Saavedra, vers 1950. J’avais sept ans ». Deux ans plus tard commence l’apprentissage « entre la joie et les larmes ». Epoque bénie au cours de laquelle s’épanouissent des centaines d’orchestres, « l’Age d’Or du tango » touche à sa fin. A onze ans, César enregistre en solo quatre thèmes « sur un disque acétate 78 tours ».
Adolescent, il joue en quintet. Etudiant à la faculté des Sciences, il s’autorise quelques escapades au sein de divers orchestres semi-professionnels.
Au début des années soixante, le tango traditionnel connaît un certain déclin. Que faire ? Chimiste ou musicien ? tel est le dilemme pour le jeune musicien. Le bandonéon l’emportera. Mais soumis à des vents contraires, le tango connaît des fortunes diverses. Le définir est une gageure.
Il quitte le plancher des bals pour celui des scènes de concert. Survivre, c’est innover. Parmi les novateurs, le Cuarteto Cedron : César Stroscio en est le bandéoniste attitré pendant vingt-cinq ans. C’est avec lui qu’il arrive en France, en 1974, pour fuir le violence de la dictature militaire. L’Europe redécouvre le tango et, à partir des années quatre-vingt, s’adonne à nouveau au plaisir de le danser.
Avec le Trio Esquina ou en solo, César Stroscio continue la noria des concerts. Il enregistre et enseigne aussi : à Gennevilliers, il partage la chaire de bandonéon avec Juan José Mosalini. En 1996, le Prix Charles Cros de musique du monde honore le talent de ce subtil compositeur et interprète. Il est désormais également bandonéon d’Angélique Ionatos.

Jacques Erwan