Bar, jeudi 26 mai 2005, 18h

MUSIQUES ROYALES DU MYANMAR (Birmanie)

Par la troupe du Théâtre de Mandalay

Comme le souligne très justement Geneviève Dournon, ethnomusicologue et directrice des spectacles du Musée des Arts Asiatiques de Nice, « les sons de la voix omniprésente qui s’étire vers les aigus s’entremêlent avec ceux des treize cordes de l’élégante saung gauk, unique et dernier avatar de l’antique harpe asiatique disparue depuis longtemps en Chine, en Inde et au Cambodge comme on peut la voir sur les bas-reliefs d’Angkor jouée par des musiciens khmers. »
Instrument soliste par excellence, la harpe entre aussi dans des ensembles de musique de chambre avec la flûte palwe ou le xylophone pattala. Grâce à de grands maîtres musiciens, elle a atteint une telle perfection et une telle beauté que les Birmans la considèrent comme l’instrument-emblème de leur culture.
A cette musique d’une extrême subtilité viennent se joindre d’étonnants instruments rythmiques, ceux du majestueux orchestre hsaing waing : séries de percussions de peaux et de métal disposés dans des cadres circulaires, xylophones en forme de jonques émettant leur clapotis sonore sous le martèlement modulé des mailloches, tandis que le hautbois fait entendre sa voix aigrelette.
Ces formes musicales très savantes, élaborées dès le Xè siècle dans les cours royales de Bagan puis de Mandalay, où l’on peut déceler parfois des influences d’origine indienne, chinoise, thaïe ou khmère ou encore des apports de minorités non birmanes (Môn, Pyu, Shan) remontant du fond des âges, ont passé l’épreuve du temps.
Elles conservent une place prépondérante dans la société citadine et rurale pour accompagner des spectacles de marionnettes à fil ou des danses cérémonielles très sophistiquées. Au-delà des influences anciennes et de sa propre évolution au cours des temps, la musique birmane possède une originalité jalousement conservée et une remarquable vitalité qui, de même qu’à Bali, en fait une des dernières grandes traditions vivantes de l’Asie du Sud-Est.

En collaboration avec les Ateliers d’Ethnomusicologie de Genève