Bar, vendredi 4 février 2005, 18h

ASHOK PATHAK

Surbahar

Inde du Nord

En collaboration avec le Théâtre de la Ville de Paris.

Au Cœur du son

Le surbahar, étonnant et rarissime version basse du sitar, est apparu (sans doute au Bengale) au début du xixe siècle. Cependant, à l’écoute de la puissance et de la pureté sonore de ce luth imposant, on pourrait imaginer qu’il perdurait depuis des âges, comme la rudra veena jouée pour les dhrupad anciens, dont Mohinuddin Dagar fut le plus grand interprète. L’idée de son créateur, musicien de cour, ancêtre de Vilayat Khan (ceci n’a rien d’étonnant) était d’aborder l’élaboration des raga-s en ayant à sa disposition le maximum de possibilités expressives pour faire au mieux entendre les srutis, ces hauteurs de notes calibrées au microton, qui donnent sa forme et sa plénitude aux raga-s. Pour cela, jouer dans le puissant registre des graves donne le relief nécessaire à une perception optimum des intervalles (comme l’a toujours fait Ravi Shankar sur les cordes basses de son sitar).

On compte sur les doigts les joueurs de surbahar qui se produisent en public.

Écouter les sonorités si enveloppantes et ensorcelantes d’Ashok Pathak au surbahar est une expérience unique. On nage dans le son…

On imagine difficilement qu’un tel instrument puisse exister : il faut l’entendre pour le croire, mais cela fait partie du génie organologique des luths indiens. La forme, le son et les possibilités si expressives du surbahar en font l’instrument de la solitude totale, celle qui oblige l’artiste, comme mis à nu, à tout réinventer. On pourrait le comparer aux pièces pour violoncelle seul de J.S. Bach, qui nous offrent les plus belles partitions du monde.

 

D’après Christian Ledoux