Yann-Fanch Kemener

Théâtre des Abbesses
Samedi 10 mars, 17H et dimanche 11 mars, 15H

YANN-FANCH KEMENER, chant
ALDO RIPOCHE, violoncelle
FLORENCE PAVIE, piano
Bretagne

Dialogues
« Il n’est rien de caché qui ne se découvre un jour », si l’on en croit Dostoïevski. Poursuivant sa quête du patrimoine breton, Yann-Fanch Kemener a retrouvé un trésor oublié, oeuvre du compositeur Charles Koechlin. Il enrichit sa dernière création, « Dialogues », présentée, en mars 2006, au Théâtre de Cornouailles, à Quimper. Le Barzaz Breiz également.
Publié en 1839, ce recueil de chants populaires collectés en Bretagne par un jeune aristocrate lettré, Hersart de la Villemarqué, a exercé une forte influence au XIX˚ siècle. Ainsi, George Sand admirait ces « diamants » du Barzaz Breiz, fleurons de ce qu’elle appellera « la littérature orale ».
Au début des années 30, Charles Koechlin harmonise, en respectant la mélodie, vingt pièces pour piano et violoncelle puisées dans le Barzaz Breiz. Quand il les découvre, Manuel de Falla manifeste « une pure jouissance » et apprécie la « belle parure » qui les rehausse. Le violoncelle joue la mélodie, le piano sa « parure ». Certains de ces duos figurent au répertoire de « Dialogues ».
Mais composition et écriture ne dévoilent guère toutes les facettes de la culture populaire qui, en effet, continue à vivre au fil des chants, des danses et des contes. Les collectages effectuées par les successeurs de la Villemarqué, parmi lesquels Yann-Fanch Kemener, jettent un autre éclairage : « timbre, interprétation, style… sont au coeur de la recherche ». Et Kemener imagine un dialogue entre le lettré (Barzaz Breiz), le compositeur (Koechlin) et le porteur de tradition. Entre l’écrit et l’oral, la rigueur d’une composition « classique » et la liberté du chant « populaire ». Ainsi crée-t-il « une oeuvre actuelle et respectueuse du regard de chacun ».
Dialogue aussi de la voix – que l’on sait belle – et du chant des instruments, du violoncelle et du piano… Audacieuse entreprise, couronnée de succès, qui, pour sublimer la tradition, concilie l’inconciliable.
Jacques Erwan