Johanna Juhola et le Quintet Reaktori

Lundi 18 novembre, 20h30
Théâtre des Abbesses
JOHANNA JUHOLA, accordéon
MILLA VILJAMAA, piano
QUINTET REAKTORI
Finlande

TANGO BOREAL

Aux alentours de 1910, venue d’Argentine, une forme locale de tango se développe en Finlande. Comme le sauna et le ski de fond, elle devient bientôt un facteur d’identité culturelle et la Finlande, la « seconde patrie du tango ».

Cette musique s’inspire d’abord des tangos argentins célèbres tels que « La cumparsita » ou « El choclo ». Mais, par la suite, les rythmes syncopés initiaux sont oubliés et le tango est l’une des musiques de danse en vogue parmi d’autres. Cependant, le succès l’éloigne de ses caractéristiques argentines. Au milieu des années 30, le tango finlandais commence à affirmer ses traits originaux, véritables caractéristiques nationales. Le tempo ralentit, la musique est le plus souvent en mineur et elle porte des paroles dont le symbolisme puise au cœur de l’environnement naturel finnois : la mer, la nuit, les saisons, la pluie… L’éventail des symboles évoque la nostalgie, la mélancolie, le bonheur inaccessible ou disparu qui deviennent des thèmes centraux. Par ailleurs, la seconde guerre mondiale et ses avanies nourrissent nombre de tangos. C’est à cette époque qu’éclate le talent de Toivo Kärki (1915-1992), « le père du tango finlandais » ; il dominera la musique populaire pendant de longues années. Au bandonéon, il substitue l’accordéon, qui devient le principal instrument d’accompagnement. Au début des années 60, le tango acquiert ses lettres de noblesse et connaît ses heures de gloire. En 1962, « Satumaa » (pays de légende) de Unto Mononen (1930-1968), interprété par Reijo Taipale, se hisse au sommet des hit-parades. Objet de plus d’une centaine d’enregistrements, il demeure, à ce jour, l’un des tangos les plus célèbres. En 1974, lors d’un concert à Helsinki, Frank Zappa enregistre sa propre version. Nombre de chanteurs de tango ont accédé à la notoriété, parmi lesquels Reijo Taipale, Eino Gron, Esko Rahkonen… Cette musique nourrit festivals et concours divers, programmes de radio et de télévision, et compte de nombreux fans dont l’un des plus illustres est le cinéaste Aki Kaurismäki…

Au fil de plus d’un siècle d’histoire, le tango évolue et se métamorphose… Il poursuit son cours. Des orchestres, tels Unto Tango Orchestra (U.T.O.), interprètent répertoire traditionnel et créations. De jeunes interprètes s’emparent de cette tradition et l’irriguent de leur talent. Ainsi, la jeune accordéoniste Johanna Juhola, née en 1978, issue du département traditionnel de l’Académie Sibelius, est-elle l’une des étoiles qui brille au firmament du tango. C’est au sein de ce conservatoire qu’elle rencontre Milla Viljamaa, pianiste née en 1980. Dès 2001, toutes deux forment un duo qui nourrit la tradition urbaine et l’enrichit de compositions originales ainsi que des « classiques » d’Astor Piazzolla. Ce double répertoire irrigue la première partie du concert.

Ensuite, l’ensemble Reaktori offre un tango finlandais contemporain et original mêlant accents traditionnels et musique électronique : « un mix original de tango et d’électronica, sublimé par une mélancolie et une exubérance exaltantes », a-t-on écrit. Des compositions de Johanna Juhola, magnifiées par un ensemble virtuose : Johanna Juhola, accordéon, Milla Viljamaa, piano, harmonium et voix, Tarmo Anttila, contrebasse, Juuso Hannukainen, électronique et, Hannu Oskala, conception sonore. Une découverte émoustillante !

Source : Pekka Gronow, 2009.

Avec le soutien de l’Institut finlandais de Paris.

Jacques ERWAN