Dimanche 9 mars 2014, 15h
Théâtre de la Ville
ORCHESTRE ARABO-ANDALOU DE FES
Maroc
Mohamed Briouel, alto et direction d’orchestre, Mohamed Arabi Gharnati, violon, Mostafa Amri, alto, Abdelhay Bennani Bayti, rebab (instrument à cordes), Driss Berrada, ud (luth), Aziz Alami Chentoufi, tar (tambour sur cadre), Abdesselam Amri, derbouka (tambour gobelet), Ahmed Marbouh, chant.
NUBA ISTIHLAL
La musique classique arabe, dite aussi arabo-andalouse, musique modale, se compose de nûbat (noubas), initialement vingt-quatre, autant que d’heures du jour et de la nuit. Une nûba est une longue suite de pièces instrumentales et de poèmes chantés. Au Maroc, cette musique, dénommée al ala, recèle onze nûbat, les autres ont été perdues. L’une des plus appréciées, la nûba Istihlal, est interprétée dans son intégralité (environ sept heures quarante!), chose rare en France, par l’illustre orchestre de Fès.
Avant le concert et pendant la pause, plaisirs pour le corps et pour l’esprit. Un long dimanche d’exception !
Avec le concours de l’Ambassade royale du Maroc à Paris.
Jacques ERWAN
POUR SUIVRE LA NÛBÂ…
…QUELQUES MOTS :
AL –ÂLA : ainsi appelle-t-on au Maroc la musique arabo-andalouse qui, en ce pays, compte onze nûbâ
AL-ÎSTIHLÂL : cette nûbâ se développe sur deux modes, îsthlâl et ‘iraq al-‘arab ; nombre de ses caractéristiques l’apparentent au mode majeur occidental
BARWALA : poèmes en dialecte arabe marocain, chantés dans la nûbâ
BUGHYA (ou mishâliyya) : prélude instrumental non-mesuré, pour « asseoir » le mode
DARBÛKA : tambour-calice en terre cuite recouvert d’une peau de chèvre
DUREE : une nûbâ dure entre cinq et neuf heures
INSHÂD (ou mawwâl) : chant individuel ; il s’intercale entre deux san’a ou se substitue aux préludes instrumentaux qui introduisent le mîzân
JAWAB (réponse) : ritournelle instrumentale qui succède à chaque vers du texte poétique de la nûbâ
MAWWÂL (ou inshâd) : chant individuel ; il s’intercale entre deux san’a ou se substitue aux préludes instrumentaux qui introduisent le mîzân
MISHÂLIYYA (ou bughya) : prélude instrumental non-mesuré pour « asseoir » le mode
MÎZÂN : mouvement ; la nûbâ en compte cinq principaux, de durée inégale ; ils reposent respectivement sur cinq rythmes de base
MWASHSHAHÂT : enchaînement de stances qui s’oppose au principe métrique de la qasîda classique arabe
NÛBÂ : suite vocale et instrumentale fondée sur un mode principal spécifique et un nombre variable de modes secondaires.
QASÎDA : poème de la poésie classique arabe
RBÂB : vièle monoxyde à deux cordes frottées en boyau, dépourvue de manche ; elle est tenue verticalement et jouée avec un archet en forme d’arc
SAN’A : texte chanté, poème de deux à sept vers, chaque vers étant généralement divisé en deux hémistiches. Les san’a évoquent les plaisirs de l’amour et du vin, la piété religieuse, le soufisme
SAWT : chant
TÂR : tambour sur cadre muni de cymbalettes métalliques ; c’est la « colonne vertébrale » de l’orchestre
TARAB : extase
TARIQA : voie, style, mode
TÛSHIYA : prélude instrumental sur un rythme vif
ÛD : luth
ZAJAL : forme poétique, dérivée du mwashshah, également chantée dans la nûbâ
ARCHITECTURE D’UNE NÛBÂ :
Chaque nûbâ se subdivise en cinq MÎZÂN, et chacun repose sur l’un des cinq RYTHMES de base.
Chaque MÎZÂN comprend :
- des PRELUDES instrumentaux non-mesurés BUGHYA et MISHÂLIYYA pour « asseoir » le mode,
- et, à l’occasion, ils sont suivis immédiatement d’une TÛSHIYA, PRELUDE instrumental sur un rythme vif, ou bien, d’un ou deux chants individuels MAWWÂL ou INSHÂD,
- ensuite, le CHŒUR entonne la SUITE DE SAN’A au sein de laquelle s’intercalent, parfois, entre deux san’a, un ou deux chants individuels MAWWÂL ou INSHÂD.
Jacques ERWAN
(D’après le livret de l’Anthologie « AL-ÂLA » musique andaluci-marocaine, publiée par la Maison des Cultures du Monde et « Ziryab, musicien andalou. Histoire et légende » de Christian Poche)