Mathieu Boogaerts

Vendredi 20 à 20h30 et samedi 21 décembre à 21h
THEATRE des ABBESSES
MATHIEU BOOGAERTS
France

MELANCOLIQUE ET GAI

Mathieu Boogaerts lit peu, voyage beaucoup et se dit ouvert à toute forme de critique… Aux Abbesses, il jouera essentiellement de la guitare et, l’espace de deux chansons, d’un clavier. A l’occasion, il officiera en duo, escorté par le fidèle Anthony Caillet ; il joue d’un instrument rare, l’euphonium. Il y aura des surprises : « y aller sans filet, dit le chanteur, c’est créer ce léger danger » qui suscite « un supplément de présence, pour que ces concerts soient exceptionnels ».

Le répertoire, « une bonne vingtaine de chansons » parmi lesquelles toutes celles du dernier disque, sauf une, et un pot-pourri des cinq précédents. Des chansons d’une apparente légèreté.

- À l’écoute de vos chansons, on songe à Trénet. Comme lui, vous faîtes swinguer les mots, vous êtes « drôle et profond », vous écrivez des « chansons désolées et radieuses »…

- « Cela me plaît ! Je trouve Charles Trénet très moderne pour l’époque. Ma chanson française préférée est « Que reste-t-il de nos amours ? ». (Il chante). Cette mélodie est faîte pour cette phrase. Or, à mon avis, une bonne chanson, c’est l’adéquation entre le propos et la mélodie. Et puis, je baigne dans la nostalgie… ».

- On vous qualifie de « minimaliste » : faire peu avec beaucoup ?

- « J’ai le goût de l’économie, de l’épure. Je tends naturellement vers cela. Chez moi, je me débarrasse des livres lus et des disques que je n’écoute plus ; il n’y a pas un meuble inutile, tout a une fonction. J’ai tendance à choisir six mots plutôt que douze : j’ai une envie absolue de me faire comprendre. Si je suis musicien, c’est pour créer un lien avec les gens. Moins j’utilise de mots, de notes, de sons, plus j’ai une chance d’être compris ».

- On vous reproche parfois vos fautes de grammaire…

- « Elles sont conscientes et servent le propos. Rappelez-vous « Y’a l’téléfon qui son », cela ne signifie pas la même chose que « il y a le téléphone qui sonne ». »

- L’humour, masque ou bien arme ?

- « Je n’en ai aucune idée. Lorsque j’écris ou compose, je cherche à être le plus près de ce que je suis. C’est oui-non, comme essayer un pull devant un miroir : il me va ou ne me va pas. L’humour c’est ma manière d’être et d’écrire. »

- Votre timbre juvénile, c’est le syndrome Dorian Gray ?

- « Là, il s’agit de physiologie. A l’écoute de mes premiers disques, je trouve que je minaude ; je suis dans la séduction. Il n’y a jamais eu un lien aussi direct entre le cœur et la voix que dans le dernier disque. »

- Votre rapport à l’ailleurs ?

- « J’ai voyagé dans le monde entier et visité soixante-cinq pays. Je suis un curieux ! Mais l’ailleurs peut être à Paris, voir dans mon immeuble. Ce n’est pas obligatoirement un cocotier, même si Je suis très touché par l’Afrique noire : j’aime les noirs, la musique noire et peux être ému aux larmes par un coucher de soleil dans un village africain… Mais je ne sais pas si l’ailleurs nourrit mon écriture ; l’inspiration procède d’un processus inconscient. »

- On entend l’Afrique dans certaines de vos rythmiques…

- « Oui mais je ne sais dire pourquoi. »

Votre rapport à la littérature ?

-« Je lis peu. J’aime de moins en moins les romans. Proust, c’est génial que cela existe mais cela m’ennuie. Je lis plutôt des livres d’Histoire, des essais. »

- Vos collaborations diverses (Mathieu Chedid, Alain Souchon, Vanessa Paradis, Camilla Jordana…) enrichissent-elles votre écriture et/ou vos compositions ?

- « Elles sont de nature diverses. J’écris des chansons, cela nourrit mon écriture. C’est comme un compositeur, qui écrit pour divers instruments, ou un peintre dont les pinceaux oeuvrent sur divers supports. Cela me fait puiser en moi des ressources différentes et, en ce sens, cela m’enrichit. » 

Propos recueillis par Jacques ERWAN

(24 septembre 2013)