uKanDanz

Samedi 18 janvier 2014, 20h30
Théâtre des Abbesses
UKANDANZ
France/Ethiopie

Depuis 1997, la collection de disques Ethiopiques (Buda Musique) réédite l’essentiel de la musique éthiopienne. Elle a fait le tour du monde et suscité nombre de vocations…
Sous le règne du négus Haïlé Sélassié, empereur d’Ethiopie (1930-1974), la musique « moderne », qui ne cesse de se développer depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, est comme toute activité culturelle, soumise à la tutelle des autorités. Une musique originale, fille naturelle de la tradition et du jazz, distillée par les formations officielles et les orchestres militaires : orchestres de la Garde Impériale, de l’Armée, voire, de la Police ou bien de la Municipalité. Au cours des années soixante, vie nocturne et aspiration à la modernité, les premiers orchestres indépendants apparaissent ; le « swinging Addis » inscrit l’Ethiopie sur la carte musicale du monde.
En 1974, le négus est destitué par une junte militaire et assassiné. Elle instaure une dictature : couvre-feu et répression, elle se prolonge dix-huit années durant. Les dictateurs professant rarement le goût des arts, elle  s’applique à démanteler la musique. Malgré les aléas de l’Histoire, elle survivra.
A partir de 1997, c’est de l’étranger que s’amorce sa diffusion discographique et sa reconnaissance. Francis Falceto, opiniâtre amateur de cette musique et Gilles Fruchaux, l’avisé directeur de Buda Musique, deux Français, associent leurs talents. Ils puisent au sein du riche corpus discographique, accumulé en une décennie, entre 1969 et 1978. Il recèle l’essentiel de la musique éthiopienne : un trésor composé d’environ 500 microsillons 45 tours et d’une trentaine de 33 tours. Ainsi naît la collection Ethiopiques. Dix ans plus tard, en 2007, EthioSonic, nouvelle série, verra le jour… Initialement cinq CD étaient prévus ; aujourd’hui vingt-sept, dont un double, composent Ethiopiques. Succès international, la collection a fait le tour du monde et suscité nombre d’adeptes et bien des vocations…
Quatre jazzmen lyonnais,  «  reconnus dans leurs formations et collaborations respectives », partagent curiosité et volonté d’expérimentation. Au fil des répétitions et des concerts, l’influence éthiopienne s’impose. Le quartet explore librement rythmes et sonorités propres à cette musique et compose un répertoire original qu’irrigue une énergie rock débridée. Baptisée uKanDanz (en anglais, ces mots signifient «  vous pouvez danser »), une autorisation de bon aloi, la formation repérée par le vigilant Francis Falceto, est invitée, en 2010, en Ethiopie : elle participe au Festival International des Musiques Ethiopiennes et, à celle occasion escorte le chanteur Asnake Guebreyes. De cette rencontre féconde émerge le quintet actuel. Depuis, il sillonne les routes et séduit les publics les plus divers.
Compositions et arrangements originaux, il offre un cocktail détonant, un « éthiogroove hypnotique », a-t-on écrit, riche de tous les ingrédients de la musique traditionnelle et populaire éthiopienne, soit rythmes impairs et dissonances… Un disque, édité fin 2012, témoigne de ce « groove rock puissant, subtil et sans concession ». Ferveur et énergie, cette « ethiopian crunch music » est à consommer sans modération !
Album « Yetchalal », Buda Musique/éthioSonic.

Jacques ERWAN