Ana Moura et Antonio Zambujo

Vendredi 21 et samedi 22 Novembre 2008
Théâtre des Abbesses
ANA MOURA ET ANTONIO ZAMBUJO
Fado
Portugal

« Chaque jour, toujours plus lancinante,
L’éternelle déchirure se lamente »

Vladimir Vissotsky

Les bleus de l’âme
Le fado est un est un art populaire ; il jouit d’une belle vitalité. Lyrique, il se nourrit de nostalgie, d’amours déçues ou impossibles. C’est un chant pour apprivoiser l’âme. Il requiert intériorité et gravité, une tension de l’esprit et de la voix.
Ana et Antonio, deux voix. L’une, vingt-neuf ans, native du centre du pays, l’autre, trente-trois ans, originaire du sud. Tous deux auteurs de trois disques, déjà, jouissant d’une certaine notoriété au Portugal et au-delà et teintant, à l’occasion, leur fado d’influences musicales variées. Chacun son style, chacun sa sensibilité.
Appréciée des Rolling Stones, Ana, fleur des « casas de fado » (maisons de fado), s’intègre au cortège des Amalia, Cristina, Katia, Mariza… Dotée d’une voix d’alto légèrement voilée, qui sied au fado, elle chante la chronique de la vie qui va, nimbée de cette sagesse née de la douleur : des paroles, entre autres, de Jorge Fernando, complice jadis d’Amalia Rodrigues, et des musiques du même ou du talentueux guitariste Custodio Castelo mais aussi de la chanteuse Amélia Muge… « Le fado, dit Ana Moura, vit d’une certaine intériorité et même si les étrangers ne comprennent pas les paroles, ils arrivent à le sentir. Ils le sentent avec le cœur. » Juste observation.
Doté d’une voix de velours, Antonio est familier de la tradition. Bercé par les voix masculines du chant de l’Alentejo dès son enfance, il est jeune apprenti clarinettiste quand il s’éprend du fado, à l’écoute des maîtres du genre : Amalia Rodrigues, Alfredo Marceneiro, Maria Teresa de Noronha… À seize ans, il remporte un concours régional de fado. D’autres succès suivront. Il chante des classiques : « Fado menor », l’un des plus anciens, ceux d’Amalia ou de Max, hérités des années 60. Des mots écrits au sujet de son troisième disque se réfèrent à un illustre brésilien : « Si Joao Gilberto chantait le fado, cela sonnerait comme cela ». Juste compliment.
Un récital de fado à deux voix, empreint d’une forte charge émotionnelle et inoubliable comme il se doit.

Jacques Erwan

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