Kocani Orkestar

Jeudi 22 janvier 2009
Théâtre de la Ville
KOCANI ORKESTAR
Musique tzigane de Macédoine

Ajnur Azizov (chant)
Dzeladin Demirov (clarinette, chant)
Turan Gaberov (trompette)
Nijazi Alimov (tuba baryton)
Redzai Durmisev (tuba baryton)
Sukri Zejnelov (tuba baryton)
Suad Asanov (tuba basse)
Sukri Kadriev (trompette)
Erol Demirov (saxophone)
Saban Jasarov (tapan)
Erdzan Juseinov (percussion)
Vinko Stefanov (accordéon)

« Toute chose belle est une joie pour toujours »
Keats

Noces de cuivres
C’est une fanfare ! Douze musiciens tziganes de Kocani, une localité de la jeune république de Macédoine. « Voués par leur destin et leur statut à assurer le rôle de musiciens professionnels, écrit Alain Weber, les Roms sont devenus à travers les âges les dépositaires souvent exclusifs des musiques traditionnelles et le miroir fidèle de la culture du pays habité. Mais en même temps, grâce à leur voyage, ils ont savamment embrouillé et ainsi sublimé à leur manière une multitude de styles. »
C’est une fanfare qui, comme toutes ces fanfares nées au XIX° siècle dans l’ensemble des Balkans, est une imitation des orchestres militaires turcs qui fleurissaient au temps de l’occupation ottomane. Celles-ci ont absorbé une multitude de styles avec lesquels elles jonglent sans cesse: turc, rom, roumain, serbe, voire indien ! Chez les tziganes, le don d’imitation n’est pas une fin car, « jouer, c’est créer. »
C’est une fanfare gigogne dont la composition évolue au fil du concert. Tantôt les onze instrumentistes jouent ensemble comme lorsque, chez eux, ils accompagnent les cortèges de mariage, tantôt ils forment de petits ensembles – trio, quatuor… – dont le répertoire s’apparente à celui offert au cours des banquets de ces noces qui, là-bas, se prolongent, dit-on, trois jours et trois nuits.
C’est une fanfare qui chante. Et le chant ouvre à la formation d’autres horizons et offre une diversité à laquelle participent les élans de la clarinette, ceux du saxophone et de l’accordéon. Instrumentales ou vocales, les pièces, subtiles et raffinées, cascadent animées par une multiplicité de rythmes rapides ou, parfois, lents dans des atmosphères allègres ou solennelles. Par sa créativité, le Kocani Orkestar féconde l’héritage de la tradition. Il élabore des arrangements inventifs pour ses cuivres dévergondés, ses percussions frénétiques, et la voix délicate du jeune chanteur Ajnur Azizov. Un répertoire truculent et cuivré, d’une insolente liberté et d’une éclatante modernité. Une musique revigorante ! « Tu peux détester danser et tu te mets à danser », dit un musicien. Acceptons-en l’augure car, il faut bien que le corps exulte…

Jacques Erwan