Ballaké Sissoko et l’Ensemble Diddal Jaalal

Lundi 16 octobre 2006 20h30 Les abbesses
BALLAKÉ SISSOKO kora
Mali
ENSEMBLE DIDDAL JAALAL
Mauritanie

Conversation
« Rien ne peut être créé dans la précipitation, enseigne Épictète ; pas plus qu’une grappe de raisins ou une figue. » Trois résidences, donc, sont consacrées à la création commune du Malien Ballaké Sissoko et des Mauritaniens Diddal Jaalal.
« Il y a beaucoup de ficelles », s’émerveille l’enfant contemplant la kora : vingt et une cordes en effet. Instrument du griot mandingue, cette harpe-luth distille des sonorités mélodieuses et cristallines. Initié à cet art dès l’enfance, Ballaké Sissoko, fin mélodiste, allie respect de la tradition et sens de l’improvisation. Reconnu comme l’un des interprètes les plus doués de sa génération, il développe un style élégant et inventif. « Compositeur de l’oralité, il contribue, dit-on, à élargir notre image sonore de l’Afrique. » Il produit, écrit Frédéric Deval (Fondation Royaumont), « un jaillissement savamment agencé qui embarque dans le flottement de la rêverie, à travers ces ondulations sonores qui naissent des modes pentatoniques dont la kora met en valeur avec magnificence l’arc-en-ciel des résonances. »
C’est par le truchement de la gamme pentatonique, qu’un langage commun autorise le dialogue avec Diddal Jaalal. Ainsi peut se développer une « conversation entre personnes raisonnables ». Entre kora, n’goni (luth sept cordes), bolon (harpe-luth grave cinq cordes), auxquels s’ajouteront percussion et voix bambaras du Mali et trois gnagnerou (vielles), un kerona (luth deux cordes), deux percussions et les voix peules de Mauritanie. Un dialogue afro-africain entre voisins : « alliages de vielles et de voix, ritournelles et ostinatos, écrit encore Frédéric Deval, sur lesquels la kora jaillit en fusées aquatiques ou se fait grave et rêveuse ».

Jacques Erwan