Invocation à Violeta Parra

 

Espace Cardin, lundi 2 octobre 2017, 20h30

 

LA CHANSON DE VIOLETA

 

Au Chili, chanson se dit « Parra ». Fondatrice de cette « Nouvelle chanson » latino-américaine, un trésor qu’inventèrent avec elle le Cubain Carlos Puebla et l’Argentin Atahualpa Yupanqui. Ce-dernier, qui l’a souvent rencontrée, la reconnaissait comme « un compositeur de grand talent ». Et, il ajoutait : « on ne pouvait pas faire la différence entre une œuvre de Violeta Parra et la musique populaire ». Autodidacte, cette femme collecta les perles du patrimoine chilien, écrivit, composa, peignit… Un talent protéiforme !

 

En 1961, elle chantait à la Candelaria, à Paris. Ses enfants, Angel et Isabel, nourris au lait de la tradition, fondèrent un duo. A leur tour, ils transmirent leur art à leur enfants, qui eux-mêmes… Aujourd’hui, les uns et les autres composent une dynastie qui règne sur la musique populaire chilienne, une lignée au sein de laquelle s’illustrent Angel junior et Javiera, les enfants de feu Angel. En cette année anniversaire de sa naissance, ils chantent et enregistrent le répertoire de Violeta et, ainsi, perpétuent sa mémoire.

 

En 1965, les enfants de Violeta ouvrirent à Santiago la Pena de los Parra, l’un des fiefs de cette « Nouvelle chanson », que d’aucuns qualifient de « chanson debout ». Lors du coup d’Etat de 1973, Angel fut arrêté, conduit au stade Nacional et déporté à Chacabuco, une ancienne mine de salpêtre. Il sera libéré en octobre 1974. C’est, cette année-là, que je rencontrai Isabel et Angel. Au fil du temps, celui-ci deviendra le plus parisien des Chiliens.

 

Le 11 avril 1997, le président Frei, en visite officielle en France, s’en vint contempler au Louvre les œuvres picturales de Violeta Parra. A cette occasion, Isabel et Angel entonnèrent « Gracias a la vida », chanson de reconnaissance à la vie, « qui m’a tant donné », écrite par leur mère avant son suicide. Et scène incroyable pour un citoyen français, le Président et son épouse accompagnèrent de leur voix les deux artistes ! Tous les Chiliens ou presque, il est vrai, connaissent cette chanson.

 

A l’automne de cette même année, séjournant au Chili pour enregistrer des musiques de ce pays, je fus, insigne honneur, hébergé, ainsi que mon compagnon ingénieur du son, à l’instigation d’Isabel et Angel, à la Pena de los Parra. Un soir, de ce lieu, Milena, l’une des filles d’Isabel, téléphona à notre intention à un intellectuel indien mapuche, à Temuco. Le nom de « Parra » ouvre toutes les portes : « Violeta aimait les Mapuches, dira l’homme, les Mapuches s’en souviennent ». Un disque naîtra de cette rencontre.

 

Au Chili, même en mapudungun, la langue des Mapuches, chanson se dit « Parra »…

 

Jacques ERWAN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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