GAGARINE ET LES DEUX ADOLESCENTS,
LONDRES, 11 JUILLET 1961

Youry Gagarine à Londres, 11 juillet 1961.

Youry Gagarine à Londres, 11 juillet 1961.

Youri Gagarine (1934-1968) est le premier être humain qui ait effectué un vol dans l’espace, au cours de la mission Vostok 1, le 12 avril 1961, date du début de « la conquête de l’espace ». Ce vol, considéré comme un événement dans le monde entier, a suscité une vive émotion.
En juillet de cette année là, Youri Gagarine est en voyage officiel à Londres. Les Britanniques lui réservent un accueil triomphal qui, à l’occasion, cède à l’hystérie… J’ai quinze ans et, comme chaque été, je séjourne en Angleterre pour perfectionner ma pratique de la langue anglaise. Accompagné de mon camarade Daniel, le matin de ce 11 juillet 1961, je me rends à l’ambassade d’Union soviétique à Londres : comme en témoigne la photographie, sans doute prise par mon camarade, Gagarine apparaît au balcon de l’édifice.
L’après-midi de ce jour-là, nous allons visiter l’exposition soviétique à Wembley. Le hasard fait que, annoncé par une clameur et entouré d’une meute de photographes et cameramen, Gagarine arrive à ce moment. Tous deux, nous sommes habillés comme les adolescents de l’époque : pantalon gris et blazer noir, frappé sur la poche, en haut à gauche, d’un écusson tricolore. Gagarine voit cet emblème, celui de la France, et s’arrête, surpris sans doute par le jeune âge des visiteurs. En russe, il nous pose quelques questions banales, traduites en anglais par son interprète. C’est un homme de taille moyenne, vêtu de l’uniforme d’officier soviétique ; il est souriant et avenant. Il ne s’attarde guère. Les photographes et cameramen mitraillent Gagarine et les deux adolescents. Bien entendu, nous ne vîmes jamais aucune de ces photographies.
Lorsque, lors de la rentrée scolaire, je dus traiter le sujet de narration –« Racontez un fait marquant de vos vacances »- je racontais cette brève rencontre avec Gagarine. Lecture faite de mon devoir, le professeur m’avoua son scepticisme et loua mon imagination. J’eus toutes les peines du monde à le convaincre que d’imagination, je n’en avais guère et que je n’avais su que narrer la réalité !


Propagande russe

Propagande russe