Trio Teriba

Samedi 28 mars, 17h
Théâtre des Abbesses
TERIBA (Bénin)
DES AMAZONES

 
- La capitale du Bénin ?

- Cotonou ?

- Porto Novo ! Cette capitale et  la métropole économique sont deux villes, situées au sud de ce pays tout en longueur que l’on connaît peu. Au sud du Niger et du Burkina Faso, il descend vers la mer. Autrefois dénommé Dahomey, il est peuplé d’un peu moins de dix millions d’habitants dont l’un des ferments de l’identité est le culte vaudou. Née, au fil des XVII° et XVIII° siècles, de la rencontre des dieux yoruba et des divinités fon et ewé, cette religion autochtone est toujours répandue au Bénin et au Togo voisin. Issus de cette terre, les esclaves ont « exporté » le vaudou à Cuba, en Haïti, au Brésil, en Louisiane… où il revêt diverses formes. Même les gnawa du Maroc en seraient, dit-on, aussi les héritiers. Aujourd’hui, on recense quelque 50 millions de pratiquants de par le monde. Cette religion qui se nourrit des forces de la nature imprègne la culture du pays. Celle-ci se développe en irriguant les trois grandes aires culturelles de ce territoire, l’une au nord, les deux autres au sud. Autrefois, des amazones, anciennes chasseresses d’éléphants, étaient à la disposition du roi… Aujourd’hui, des femmes, telle Angélique Kidjo, perpétuent le patrimoine et l’enrichissent.

Trois femmes ! « Sœurs de cœur », disent-elles. Sœurs de chœur aussi, lors des concours de chant, au sein des chorales religieuses et, depuis 2002, du Trio Teriba. La trentaine révolue, coiffées d’un turban et vêtues de tenues traditionnelles de couleurs vives, elles offrent leur beauté. « Solaires, légères, pétillantes de vie », écrit le quotidien Le Monde. Femmes libres, elles expriment ce que d’autres, contraintes, taisent et portent les voix de ces femmes silencieuses. Elles poursuivent la tradition, Makeba, Abeti et autres, des grandes dames africaines.

Le chant est rythmé et soutenu par une large palette de percussions ; légères ou plus volumineuses, celles-ci revêtent formes et tailles diverses. Chaque femme porte un tambour sphérique et, à l’occasion, frappent deux calebasses demi-sphériques. Le trio explore ainsi les rythmes du Bénin. Ceux de sud du pays, région dont il est issu, comme ceux du nord.

Les trois demoiselles interprètent des polyphonies inspirées par la tradition. Trois voix polyglottes qui chantent en fon, goun, yoruba, entre autres… et évoquent les thèmes du quotidien. Avisée, leur consoeur Angélique Kidjo les a conviées à participer à l’enregistrement de son dernier album.

Au cours du concert, il est toujours un moment où, entraînés par la musique et le rythme, les corps ondulent et dansent ; outre les voix de ces trois dames, on se plaît alors à admirer la grâce de ces « amazones » que l’on se réjouit d’accueillir à Paris.

Jacques ERWAN