GALICE

Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago de Compostela)

OCTOBRE 2014

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Aux alentours de l’an 44, Jacques le Majeur, apôtre préféré du Christ, subit le martyre à Jérusalem. Ses disciples décident de conduire sa dépouille à « l’extrémité de la terre »… Le sépulcre romain est découvert presque huit siècles plus tard, au IX° siècle ! Ainsi commence l’histoire…

GENERALITES

- Géographie :

La Galice s’étend au nord-ouest de l’Espagne, sur un territoire de 29 600 km² (France métropolitaine : 552 000 km²). Plus de 1 300 kilomètres de côtes ourlent sa terre. Un millier de rivières irriguent son sol. La population compte 2 800 000 habitants (2013).

- Histoire :

Du V° siècle à 1833, le royaume de Galice est une entité politique.

2000 ans d’Histoire ont doté la Galice de quatre fleurons du patrimoine de l’humanité : la ville de Saint-Jacques-de- Compostelle, le Chemin de Saint-Jacques, la muraille romaine de Lugo et la Tour d’Hercule à La Corogne, le phare le plus ancien du monde qui soit encore en service.

Depuis avril 1981, la Galice jouit d’un statut d’autonomie au sein de l’Etat espagnol.

- Langues

Galicien et castillan

- Economie :

A la richesse minière de l’époque romaine, succède une autre économie : pêche, élevage, exploitation forestière, construction automobile et textile sont les secteurs les plus dynamiques.

Le secteur viticole bénéficie de cinq appellations d’origine : Rias Baixas, Ribeiro, Valdeorras, Ribeira Sacra et Monterrei.

En 2014, 230 000 pèlerins ont fait route vers la cathédrale de Saint-Jacques. Selon le bureau du Pèlerin de Compostelle, en 2004, 70% des pèlerins étaient motivés par une perspective exclusivement religieuse ; en 2014, 40% seulement !

- Personnalités :

Nombre de personnalités sont originaires de Galice ; parmi celles-ci, l’écrivain Rosalia de Castro (1837-1885), la courtisane de la Belle Epoque, la belle Otero (1868-1965), l’homme politique monarchiste José Calvo Sotelo (1893-1936), le général Francisco Franco (1892-1975), qui soumit l’Espagne à la dictature jusqu’à sa mort, l’ancien ministre de Franco, Manuel Fraga (1922-2012), le président du Parti populaire et président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy (1955), l’acteur Fernando Rey (1917-1994), l’écrivain et journaliste Ramon Chao (1935), père du musicien Manu Chao (Paris, 1961) fondateur de La Mano Negra, le chanteur Julio Iglesias (1943), la comédienne Luz Casal (1958), le musicien Carlos Nunez (1971). D’autres ont des ascendants galiciens : ainsi, Fidel Castro (1926) est fils de Galicien, comme le Prix Nobel de la Paix, Adolfo Perez Esquivel (1931) ou le musicien Ruben Blades (1948) et l’acteur José Garcia (1966). Quant au romancier, feu Gabriel Garcia Marquez (1927-2014), il était petit-fils d’un Galicien, comme le pilote Niki Lauda (1949)…

 
CARTE-GALICE
 

JOURNAL DE VOYAGE

TRADITIONS ! « L’AVENIR DU PASSÉ » ?

Survol de la Galice verdoyante.

Survol de la Galice verdoyante.

 
« Une tradition bien comprise, et tradition veut aussi dire transmission, est assurée d’une éternelle renaissance, car elle est proprement l’avenir du passé. »

Pierre-Jakez Hélias, 1957, auteur du « Cheval d’orgueil »

 
Mercredi 22 octobre 2014

L’avion de la compagnie Iberia décolle d’Orly avec retard. C’est une sorte de protocole habituel, tout est donc normal… De même, comme de coutume, le service à bord est-il inexistant : deux hôtesses poussent un chariot chargé de victuailles, censées nourrir et abreuver l’ensemble des passagers de la classe économique. Rien n’est gratuit et encaisser prend du temps. Arrivées au fond de l’appareil, peu de temps avant l’atterrissage à Madrid, les demoiselles n’ont plus rien à vendre… Jeûnons donc ! En fait, je profite de l’escale madrilène et me restaure dans l’une des « mangeoires » de ce long aéroport qui exhibe sa modernité. Surprise, on s’envole à l’heure prévue en direction de Saint- Jacques- de- Compostelle. A l’approche de la ville, l’avion survole un paysage, ici boisé et là, composé de terres verdoyantes, coupées de haies, qui escaladent les pentes des collines. A l’arrivée, ciel bleu et chaleur ravissent le visiteur. Cossu et confortable, l’Hôtel Araguaney est fort accueillant.

A 20 heures, à l’Auditorio de Galicia, une litanie de discours prélude à la soirée d’ouverture de cette manifestation annuelle, le Womex (World Music Expo). Son directeur ouvre le feu des mots ; il précède celui de la fondation SGAE ( ?), le maire de Saint Jacques et, enfin, le Premier ministre de Galice.

Advient la musique ! Mercedes Peon, chanteuse galicienne renommée, ouvre le concert de cette soirée inaugurale : hélas ! Sa belle voix a déserté la tradition ! Elle baigne au cœur d’un environnement musical actuel composé de samplers, qui ne sert point sa cause. German Lopez lui succède. Ce jeune-homme, venu des Iles Canaries, joue du timple, un instrument tendu de quatre ou cinq cordes (c’est selon), qui appartient à la grande famille de ces petits instruments à cordes, baptisés cavaquinho, ukulélé, tiple ou bien charango… « Arrivé aux Canaries au XV° siècle, le climat lui a plu, il est resté ». Virtuose, le musicien interprète deux thèmes, une composition originale et une polka, accompagné par son complice, l’excellent guitariste Antonio Toledo. Ensuite, seul en scène, un autre Antonio, portugais celui-là, Antonio Zambujo, montre en trois thèmes l’étendue de son talent et la subtilité de ses atouts vocaux : en effet, le plus souvent il chante « à la brésilienne », c’est-à-dire à la manière du brésilien Joao Gilberto, et voilà qui est délectable ! En revanche, Jorge Pardo, madrilène, pratique un genre de flamenco auquel je demeure insensible : flamenflûte et flamensax… Le Galicien Xabier Diaz, lui, visite la tradition ! Sa belle voix est escortée par une vièle et par un ensemble de dix femmes, les Adufeiras de Salitre, qui frappent un adufe. Une découverte ! Ensuite, Oreka TX, un ensemble basque, brode de jolies mélodies sur deux txalaparta, déguisées en marimba… Quel est le sens de cette métamorphose ? Je suis rétif à cette manipulation. Enfin, vedette de la soirée, le gaitero galicien Budino entre en scène, muni de sa cornemuse. Hélas ! Ce garçon élégant et virtuose manque de sobriété…

Aux alentours de 22 heures 30, vins et spécialités de Galice garnissent un copieux et savoureux cocktail.

 
Jeudi 23 octobre 2014

Un gris plomb colore le ciel. En fin de matinée, un taxi file vers A Cidade da Cultura (ville de la culture), construite sur le Mont Gaias par Peter Einsenman, une architecture « pharaonique qui mêle trois marbres issus de Galice, d’Italie et du Brésil ! », éructe le chauffeur. L’édifice, dont l’architecture obéit à de multiples courbes, s’élève au sommet d’une colline et domine la ville.

J’entame le tour des stands qui envahissent trois vastes étages… Celui d’Okinawa, archipel du sud du Japon, me gratifie d’une abondante documentation. Ceux de Suède, Finlande, Danemark et Lituanie m’offrent les traditionnelles compilations. Le déjeuner au restaurant du lieu est convenable : crème d’asperge, saumon-pommes sautées, gâteau galicien aux amandes et vin blanc local.

Une pluie fine arrose le paysage… Comme en Bretagne ! Une pluie celte en quelque sorte !

A 18 heures 45, le taxi dépose le « womexican » à Ameas 4-Praça de Abastos, dans la vieille ville, à la porte du restaurant Ghalpon 2.0, où la délégation finlandaise l’a convié en compagnie de quelques collègues. Le repas est d’une qualité exceptionnelle : crème de poireau froide, couteau (le Breton ne consomme pas ce bivalve), boulettes de viande, merluza (merlu ?) sur fond de purée d’olives vertes, pomme cannelle, gâteau accompagné de glace. Le tout arrosé d’excellents vins blanc et rouge de Galice. Un solo de jouhikko, lyre à archet finnoise tendue de trois cordes, anime la fin des agapes…

A pied, on s’achemine vers l’Auditorio Abanca. Le Cesaria Evora Orchestra cap-verdien occupe la scène. Il rassemble une dizaine de musiciens, dont le jeune pianiste Caly, soit un big band au sein duquel s’inscrivent les voix des deux chanteuses, Nancy Vieira et une autre. La musique est interprétée comme il convient, mais en « l’absence » de Cesaria, la magie n’opère pas. Formé pour le Kriol Jazz Festival, l’orchestre « urbanise » la tradition cap-verdienne et, on peut le regretter. On descend à pied à travers les rues, ruelles et arcades de la ville ancienne, où domine la pierre, jusqu’au Teatro Principal. On y écoute brièvement, non pas German Lopez, ce musicien des Canaries, comme je le pensais, mais le duo German (d’où la confusion) Diaz et la Metodo Cardiofonico… Ensuite, on regagne, toujours à pied, l’Auditiorio Abanca pour goûter au charme de El Gusto Orchestra, un ensemble de dix musiciens qui, depuis dix ans, réunit, comme au cours des années 40 et 50 en Algérie, des artistes « des trois religions du Livre » : piano, petite mandole, accordéon, violon alto, ûd et voix, deuxième ûd et voix, contrebasse, deux percussions et encore une mandole. La section rythmique prodigue une frappe efficace et l’orchestre, comme l’on dit est « en place ». Il offre un beau répertoire de musique chaabi, qui mêle influences berbère, andalouse, jazz et même chanson…

C’est, ensuite, le vétéran brésilien Ed Motta qui officie. Ce « pauliste carioque » (de Sao Paulo et Rio de Janeiro) a gagné quelque embonpoint, mais la voix, qui chante en anglais, n’a rien perdu, elle est intacte et vibre soul, jazz, rock…

On rentre à pied à l’hôtel.

 
Vendredi 24 octobre 2014

En ce matin d’automne, le ciel s’est drapé dans un voile gris… Un taxi s’achemine vers la Cidade da Cultura. Il est midi, l’heure du traditionnel « brunch nordique ». Au stand de la Finlande, un Sami (Lapon) chante ; il s’accompagne du tambour que battaient autrefois les shamanes. A côté, s’ouvre le kiosque de la Suède : cinq violons et une clarinette y donnent l’aubade… En France, ces musiques du nord de l’Europe restent à découvrir ; on oublie trop souvent que l’Europe a un nord et qu’il est riche de musiciens !

Je déambule ensuite au cœur de ce gigantesque édifice qui, au fil de ses trois étages, abrite un nombre beaucoup trop élevé d’exposants. Au deuxième étage, je fais escale en Corée, puis au stand voisin, celui de l’Azerbaïdjan. Une hôtesse accorte du ministère de la culture et du tourisme de ce pays m’offre de magnifiques documents : compilation discographique des traditions musicales azéries, porto-folio somptueux d’instruments perpétuant ces traditions et même, livre publié en français sur le même sujet. A l’évidence, le régime déploie un arsenal de mesures onéreuses de séduction.

A Cidade da Cultura.
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Fandango endiablé d'un couple de jeunes danseurs du groupe basque Korrontzi.
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A 13 heures, j’assiste au show-case du trio marocain Maloumi. Le ûd de Driss El Maloumi invente une musique qu’inspirent les traditions berbère et arabo-andalouse. Il dialogue avec les deux percussions qui l’accompagnent, au fil d’un concert, nimbé de finesse et de délicatesse, qui réjouit l’âme. En revanche, l’estonienne Maarja Nuut prodigue une musique minimaliste en usant de sa voix et d’un recours aux machines. Voilà qui est répétitif et ennuyeux.

Aux alentours de 19 heures, je me dirige à pied vers la rua do Franco. Au numéro 31 se trouve O Boteco, un bar de tapas. Je déguste quelques-uns de ces amuse-gueule espagnols à base de morue, quelques petits pâtés fourrés à la viande et un sombre vin rouge de la province de la Rioja. Je prends ensuite le chemin de la cathédrale, à la recherche de la Praza da Quintana. La foule qui déambule au fil des ruelles dallées de pierre et flanquées d’arcades ne semble guère habitée par la ferveur : c’est une foule païenne du vendredi soir en quête de divertissement. On songe aux visiteurs du Mont Saint-Michel ou à ces curieux qui se promènent à Lourdes. Ici, point de ferveur.

Je marche, et dans la pénombre, peine à trouver la dite place : je vais et je viens pour découvrir, enfin, qu’elle jouxte la cathédrale et qu’un chapiteau transparent la défigure. De plus, il est dépourvu de sièges ! Assister à un spectacle requiert un minimum de confort, je rebrousse donc chemin. Un taxi me conduit au Teatro Principal, ce joli petit théâtre à l’italienne : le groupe basque Korrontzi s’y produit. Il est composé d’un accordéon diatonique, dont s’accompagne le chanteur, d’une guitare, d’une contrebasse et d’une percussion, ainsi que de deux couples de jeunes danseurs. Escortés par l’accordéon, ils offrent dans l’allée centrale un fandango endiablé !

A proximité, dans la même rue, chante Paulo Flores, rencontré, écouté et apprécié en Angola, où il est fort célèbre, et invité ensuite au Théâtre de la Ville de Paris. Le parterre est bondé, je monte au balcon pour écouter cette voix accompagnée par ses musiciens, dont deux excellents guitaristes. Un collègue, fort en gueule, se lève et s’en allant me salue d’un péremptoire « ce n’est pas Bonga ! » Ma foi, heureusement ! Bonga, est depuis si longtemps, en France, l’Angolais de service, l’arbre qui masque la forêt de talents de ses compatriotes.

Plus tard, en ce même lieu, une troupe de Malaisie, Geng Wak Long propose un cocktail de prestations dont certaines font penser à la Chine, d’autres à Bali (Indonésie) : hautbois, vièle à pique, petit métallophone, danseuse, théâtre d’ombres balinais wayang kulit… Curieux mélange ! Deux des mélodies interprétées sont accompagnées à la guitare, hélas ! Je me sauve. Dernier verre au bar de l’hôtel.

Heurtoir de porte.
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A proximité de la rua do Franco.
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Nombre d'édifices sont nantis d'une loggia.
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Les rues de la cité sont dallées...
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...et souvent bordées d'arcades.
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En vitrine, la gaita, la cornemuse galicienne.
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L'emblème de Saint-jacques...
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...est aussi une enseigne.
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Un des nombreux lieux du culte de la ville.
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Une fontaine pour les pèlerins.
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Samedi 25 octobre 2014

Ce matin, le ciel est bleu comme un monochrome d’Yves Klein ; la chaleur enveloppe les êtres. En fin de matinée, je quitte l’hôtel à pied et me balade au cœur de la ville ancienne. J’emprunte la rua do Franco : elle charrie déjà son flot de touristes… Les rues sont pavées de larges dalles de pierre et bordées d’arcades. Les édifices, également construits en pierre, comptent rarement plus de trois étages, le premier parfois prolongé par une légère avancée sur la rue, une loggia, comme au Moyen-Âge. La plupart présente une façade crépie de blanc sur laquelle le soleil darde ses rayons et manigance ses arrangements. En chemin, j’admire une église qui s’élève face à un square fleuri, où, assis sur un banc, devisent deux hommes…

Dans un square, deux hommes devisent.
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La Praza do Obradoiro, vue de la cathédrale.
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Praza do Obradoiro, une collection de styles architecturaux divers.
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Praza do Obradoiro., la cathédrale.
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L'église qui jouxte la Praza do Obradoiro.
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Une autre église.
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La Praza do Obradoiro, est une vaste place où se dresse la cathédrale, ce monument vers lequel convergent tous les chemins de Saint-Jacques. Ici, on ne sait pourquoi, mais l’improbable mélange des styles ne jure pas. Ainsi admire-t-on la façade baroque de la basilique, le palais roman Xelmirez, sur la gauche, l’Hostal de los Reyes catolicos (hôpital des vieux pèlerins) de la Renaissance, à droite, la porte médiévale du Collège Saint Jérôme (aujourd’hui, rectorat de l’Université), et derrière, le palais néo-classique Rascoi, siège de la mairie et du gouvernement régional de Galice (Xunta en galicien), le long duquel courent des arcades. Un paysage urbain minéral, composé au fil de huit siècles d’Histoire, clos, à l’ouest par le Mont Pedroso. Il constitue une collection des styles de l’art occidental ; il compose un livre de pierre de l’Histoire de l’art.

Je m’attarde pour contempler les grilles et les sculptures de la cathédrale dont la pierre est victime de la mousse et des mauvaises herbes. Des échafaudages encadrent la partie centrale de ce monument, et on ne peut accéder à l’intérieur : la messe est dite !

La cité s’est développée autour de la cathédrale que trois places environnent : Praterias, Quintana et l’Immaculée ainsi que le monastère de Saint Martino Pinario et, plus loin, les hôtels particuliers qui bordent les rues do Vilar et Nova, puis la porte Mazarelos, ultime vestige de l’ancienne enceinte…

Depuis la place, j’admire les toits de tuile et une église dont le faîte est orné de statues. Je poursuis praza das Praterias et aperçois la praza da Quintana… Le parcours est jalonné de mendiants, ces sentinelles de la misère, qui évoquent dans ma mémoire cette Espagne peinte par Goya.

Au fil des rues et des places adjacentes...
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Je rebrousse chemin et, en ce début d’après-midi, je file vers la Cidade da cultura. Cédant à mon inclination nordique, j’y assiste au show-case du Ilkka Heinonen Trio. Ilkka joue du jouhikko, cette lyre millénaire à archet, tendue de trois cordes. Une contrebasse et une batterie complètent la formation ; elle visite des thèmes de la tradition finnoise, « habillés » de jazz. Déguisés ? Mais pourquoi ? Je hais ce genre de mélange des genres qui, loin d’enrichir et de prolonger la tradition, contribue à l’appauvrir, à la détruire et à la condamner.

Ultime visite aux stands. Un collègue tente de me convaincre d’accepter un CD palestino-belge : cordes palestiniennes et cuivres belges… Je refuse en arguant que je n’écouterai pas un tel disque ; il insiste… Encore un improbable mélange ! Cela n’a guère de sens, si ce n’est politique.

Sollicité sans cesse, voire harcelé, je fuis…

Au restaurant de l’hôtel, le dîner est délicieux : morue cuisinée avec ses cinq légumes, riz au lait et un vin noir comme l’encre venu de Biscaye (Rioja).

A 21 heures, un taxi file vers l’Auditorio Abanca. Camerounaise, Kareyce Fotso chante ; elle s’accompagne à la guitare, flanquée d’un percussionniste noir et d’un guitariste blanc. Dotée d’une belle voix, elle manifeste une forte identité, mais si l’on se réfère à la terminologie de feu Jacques Lecoq, elle n’a guère trouvé « son propre clown », soit sa personnalité artistique profonde : elle oscille (et hésite) entre patrimoine (superbe solo) et variétés. Peut-être devrait-elle officier seule en scène. A l’issue du concert, son agent abonde en ce sens.

A pied, à travers les sombres ruelles de pierre, je gagne un autre théâtre, le Salon Teatro, pour écouter Gjermund Larsen Trio, une formation norvégienne. Elle offre un répertoire qui, contrairement à celui du trio finlandais, nourrit et prolonge la tradition, des œuvres délicates et raffinées pour violon, contrebasse et piano-harmonium. On apprécie les compositions de Gjermund inspirées par sa future femme, la contemplation d’un fjord ou bien la découverte de la musique de Bach, pièce qui évoque, semble-t-il, l’une des suites de ce compositeur… Mais il manque à ce concert un travail scénique : statique, le groupe suscite l’ennui. Gjermund aurait-il oublié les leçons de Majorstuen, cet ensemble norvégien dont il fut membre, qui excellait dans ce domaine ?

De retour à l’Auditorio Abanca, on y découvre l’ensemble hongrois Söndörgö. Il se compose de quatre cordes, deux vents, trois guitares, une contrebasse, un accordéon et des percussions. Il interprète la musique du sud de la Hongrie (cordes) et de Macédoine (vents et percussions). Nourris de tradition, ces musiciens sont des virtuoses, mais ont-ils une âme ? Leur savoir-faire ne me touche guère : dix minutes avant la fin, je renonce. Il est une heure. Je rentre à pied.

 
Dimanche 26 octobre 2014

Le ciel drapé de bleu ensoleille le paysage ; il fait chaud ! Au cours de la nuit, nous avons changé d’heure… Je l’avais oublié ! Me voilà fort en avance à l’ « award ceremony » qui conclura la manifestation à l’Auditorio Abanca.

La cérémonie commence par un blabla d’autosatisfaction de « monsieur Womex ». Trois récompenses sont ensuite décernées. Retenons-en deux. La première récompense Mario Lucio Souza, le sémillant ministre de la culture du Cap-Vert, où vivre est une excuse pour s’adonner à la musique. Cet homme tient d’André Malraux et de John Lennon. Il s’exprime en anglais et, d’emblée, partage son prix avec les deux autres récipiendaires, les musiciens du Cap-Vert, les « Womexicans » et adjure présidents, premiers ministres, ministres de soutenir la musique…

Ensuite, vient le tour de la belle Mariza. Elle remercie avec lyrisme et dit la difficulté d’être musicien au Portugal…

Enfin, les organisateurs du prochain Womex, qui se tiendra à Budapest (Hongrie), s’expriment.

Je quitte les lieux avant la prestation chantée de Mariza.

A 13 heures 30, je déjeune au Caney, le restaurant de l’hôtel, d’une fricassée de légumes, accompagnée d’un œuf et de jambon de pays, le tout arrosé d’un verre de vin rouge de la Rioja. Riz au lait et café concluent le repas. Ainsi s’achève cette découverte de Saint- Jacques- de- Compostelle.

Il me reste à gagner l’aéroport…

Le restaurant Caney de l'hôtel Araguaney.

Le restaurant Caney de l’hôtel Araguaney.