Samedi 24 mai, 17h
Théâtre des Abbesses
LO COR DE LA PLANA
Marseille / Occitanie

Manu Théron, Denis Sampieri, Benjamin Novarino-Giana, Sebastien Spessa et Rodin Kauffmann

JOUTES VOCALES

Ils sont passés par ici, ils sont passés par là… En France et ailleurs : cosmopolites, ils s’aventurent aussi en des terres lointaines et séduisent Japonais et Chinois de Taïwan…

Des hommes de chœur ! Cinq voix, puissantes et amples, cinq couleurs vocales. Cinq Marseillais issus du quartier de La Plaine, cinq couleurs locales. Des bars de la cité phocéenne à l’Asie, en passant par New-York et le Carnegie Hall, une ascension sociale ? En tous cas, la voie de la notoriété ! Chantant leur « village », ils sont universels. Au fil de trois disques, successivement chants sacrés, chants à danser et chants rebelles, Lo Cor de la Plana visite et rénove le patrimoine populaire et recrée la polyphonie. Sicile, Naples ou Algérie, elle se nourrit d’emprunts, puisés en cet ailleurs méditerranéen riche d’une ancienne culture commune. Percussions, « bendirs et autres peaux », battements de mains et pieds éloquents rythment le chant. Les cinq diablotins y instillent swing, allégresse et humour : « Masurka mafiosa marselhesa », chantent-ils, dans leur dernier disque, édité en 2012 et intitulé « Marcha !», avec une verve iconoclaste et salutaire : « Nous on est/Les magiciens de la combine/ On a choisi le beau métier de politicien »… Voilà qui ne plaira pas à tout le monde ! Pour cet ultime opus, ils sollicitent la mémoire populaire et s’enracinent au sein de la tradition des chansonniers marseillais de la fin du XIX° siècle et du début du XX°. Ils « ré -enchantent le passé afin de dire le présent », a-t-on écrit. Outre-folklore, ils inventent la chanson traditionnelle d’aujourd’hui. Un chant qualifié de « pan-occitan ». Gouaille et truculence, les cinq sorciers se livrent à un véritable sabbat, disputant ces « joutes vocales âpres et rugueuses » propres à susciter la transe. Une musique à ouïr et même à danser. Un récital pour se dégourdir l’âme et les sens ! L’autre visage de Marseille.

CD « Marcha ! », Buda Musique, 2012

Jacques ERWAN