ROME

MAI 2008

BEAUTÉ, GRÂCE, ELEGANCE ET TOURISME DE MASSE …

 

SAMEDI 3 MAI  2008

CIRQUE

J’ai pris le tram numéro 2, jusqu’à la place Flaminio, et plazza del Popolo, le métro (changement à Termini) jusqu’au Colisée. Eclairée de plein fouet par le vif soleil de printemps, la masse colossale du monument s’impose. J’entreprends le tour de ce cirque nécropole, où tant d’hommes ont perdu la vie, au cours de ces jeux cruels destinés à divertir les milliers de spectateurs : « panem et circenses », du pain et des jeux. Jeux morbides !

L’arc de Constantin resplendit encore sous les caresses du soleil déclinant. Souvent en groupes, de nombreux touristes déambulent en  ces parages. La circulation est interdite. Au loin, une manifestation s’annonce. Voyeur, je m’installe à une table, sur la terrasse de l’Oppio  Café, face au Colisée. En ce pays de culture viticole millénaire, je sirote un verre de vin blanc. Je contemple ces vieilles pierres malades et médite sur la fuite du temps. Les ragazzi qui passent les ignorent : les voyant tous les jours, sans doute ne les voient-ils plus. La manifestation arrive au pied du Colisée et y demeure un moment. Réclame-t-elle la libération de quelque esclave ou bien le salut d’un gladiateur ? Non point, mais l’élargissement d’ « un cultivateur de marijuana » ! (sic !) Plusieurs camions lourdement sonorisés y participent. Ils infligent une musique techno d’une violence telle qu’on s’attend à voir les briques du Colisée s‘effondrer comme un château de cartes. La puissance que requiert cette musique est un viol des oreilles non – consentantes, aggravé par la blessure physique qu’elle provoque : ipod des ragazzi dans les voitures du métro, hauts-parleurs sur les quais, télévision, le soir, et, maintenant, le Colisée ! L’antique et le contemporain se croisent, mais ne s’épousent guère. A l’intérieur, sous les voûtes de ce joli café, un DJ s’apprête à officier, au milieu des images qu’offrent trois petits écrans… Je fuis. « L’homo festivus », pour reprendre la délicieuse terminologie de Philippe  Muray, se reconnaît dans « l’apologie du vacarme de la musique et des concerts infernaux » («Du nouvel ordre musical », mai 1998). Quid de l’écologie de l’ouïe ?

Je dîne à proximité, à la Taverna Dei 40 (les 40 voleurs ? Sans Ali Baba ?) : pain – huile – tomates, morue, oignons – pommes de terre crème catalane et un robuste vin rouge maison. Deux Romaines, d’un certain âge incertain, accompagnées du cocker Sacha, picorent à la table voisine et engagent la conversation…

Forum
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Colisée
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CONCUPISCENCE

Après dîner, je parcours la via San Giovanni in Laterano. Dans les parages du Coming out, LE bar gay, j’observe la foule du samedi soir. Le paysage humain est cosmopolite, mais au fil du temps, gays et lesbiens s’avèrent les plus nombreux. Soudain, s‘avance une sorte de cortège, étendard au vent, proclamant son identité : l’Action catholique ! Rencontre inattendue et incongrue de la morale et du libertinage : il demeure, ici, sans conséquence. Seuls quelques cris fusent à l’adresse des jeunes militants catholiques : « vive l’anarchie », et d ‘autres plus sexuellement connotés. A côté de moi, deux adolescents- ce ne sont pas encore des éphèbes- vérifient longuement l’absolue étanchéité de leurs lèvres, apposées les unes sur les autres et, on ne saura pas à quoi joue leur langue… Deux autres garçons s’appliquent à inventorier le répertoire des caresses. Quelques femmes, de robuste constitution, regardent passer leurs consoeurs avec concupiscence. Tout autour de moi, souffle un maelström de bises, prélude au plaisir auquel chacun aspire et conspire. Mais ces nouveaux jeux du cirque, à l’ombre du Colisée, demeurent, pour l’heure, paisibles et pudiques. Personne ne semble choqué : la bienséance est sauve. Deo gratias ! les militants de l’Action catholique dormiront tranquilles. Mais seuls. Le Vatican veille.

Au milieu de la nuit, retour au bercail, à travers Rome et des quartiers touristiques encore en proie à une intense circulation. Via Veneto, quelques Américains en goguette beuglent, à la lueur d’un réverbère, troublant la quiétude de Rome endormie.

 

DIMANCHE 4 MAI

Réveil matinal ! Les servantes, qui portent le petit-déjeuner, sont volubiles et leurs voix puissantes… C’est le sud !

Boudant le ciel bleu, on s’engouffre dans le tram numéro 2 et le métro en direction d’Ottaviano : c’est, au Vatican, la station de la basilique Saint-Pierre. Le métro est envahi par les hordes de touristes et les bataillons de pèlerins, qui se mêlent dans ses couloirs sombres et ses voitures vétustes.

A la station, tous se ruent  vers  la place Saint Pierre, en empruntant l’avenue Ottaviano. Une pléthore de marchands à la sauvette, originaires du continent  indien, proposent divers articles aux chalands (chemises, valises, ceintures…) mais, point de souvenirs pieux, que vend une boutique «  spécialisée ». Dans la vitrine de celle-ci, règne un panthéon de pacotille. Profane et sacré se côtoient donc, sans heurt, comme homos et cathos, hier soir. Rome, c’est la rencontre des contraires ?

Pulcinella au Vatican ou bien ? Les gardes suisses portent un uniforme bariolé de Polichinelle et les photographes apprécient. Polichinelle au Vatican, n’est-ce pas le comble de l’irrévérence ?

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Via Crescenzio
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AFFLUX DE VISITEURS

A l’une des entrées latérales de la place Saint – Pierre, le carabinier en faction m’avise aimablement que la place est « pleine, sauf pour les personnes munies d’un passe » (ainsi Dieu reconnaîtra les siens !)… Il faut donc un sauf-conduit pour « aller en son temple adorer l’éternel. » Quelques quidam sortent, sans doute  épuisés par la ferveur… Bon prince, le pandore me laisse passer. Combinazione ! 

La marée humaine a déjà envahi cette  vaste esplanade. C’est une mer multicolore, sur laquelle flottent bannières, banderoles, drapeaux et ombrelles. La multitude impressionne plus encore que le raffut musical, rythmé par de vagues slogans et diverses annonces. Sainte Cécile, sainte patronne des musiciens, serait-elle partie en week-end ? A l’occasion, on perçoit quelques bribes de prières. Clameur et ferveur, ambiance de foire et atmosphère sacrée se mêlent. Pèlerins et voyeurs (dont je suis), robes de bure en extase et bermudas en vadrouille se côtoient. Toutes les langues du monde bourdonnent en cette mouvante tour de Babel …

J’admire le dôme de Saint – Pierre et observe les appartements pontificaux, dont les fenêtres sont closes. Le dimanche, le pape apparaît à midi. Je ne l’attends pas : trop de monde, trop de bruit.

Nouvelle déception, le musée du Vatican est  fermé le dimanche : les Etats pontificaux militent pour les trente-cinq heures ? J’opte pour une nouvelle balade au Colisée : trop de cars, trop de visiteurs. L’antique cirque est comble, comme au temps des jeux, mais les fauves ont quitté le sable de l’arène et arpentent les travées…

Une modeste trattoria de la via San Giovanni in Laterano accueille le  visiteur, l’espace d’un déjeuner paré des couleurs locales : pizza, tiramisu et Frascati bianco, saveurs italiennes !

En début d’après-midi, on s’achemine vers la Villa Borghese, voisine de l’hôtel. C’est un vaste domaine qui attire les visiteurs en ce dimanche. Le musée de la galleria Borghese est « complet jusqu’à   jeudi ». Ainsi est-on privé de l’une des plus riches collections de Caravage. Encore trop de monde ! Des groupes, toujours des  groupes ! Invasion ! Le tourisme grégaire tue le voyage individuel. Les richesses de Rome épuisent les touristes les plus intrépides. A terme, ceux-ci épuiseront la ville tant ils sont nombreux. Le ventre de Rome pourra-t-il digérer un tel afflux de visiteurs ?

La promenade sous les vertes frondaisons du domaine repose de ces excès. Pièces d’eau, cascades, jets d’eau et fontaines dispensent leur fraîcheur… A l’ombre des kiosques, on rêve… Des amoureux jouent un prélude de leurs ébats futurs, des rondes familles se livrent au plaisir de la sieste… Plus loin, d’aucuns empruntent le vélo, d’autres le trenino (petit train) ou bien divers véhicules pour découvrir cette villa.

Design rouge et noir et murs tapissés de photographies de comédiens, la Casa Cinéma offre sa terrasse à l’invasion des familles: hurlements et vacarme, i bambini s’époumonent. Aujourd’hui, les enfants ne parlent plus, ils hurlent tandis que les parents se taisent. Trop de monde, trop de bruit, je fuis.

Le métro me conduit place Barberini, là où jaillit la Fontana di Trevi, que le cinéma a élevée au rang de mythe. Cette œuvre puissante du Bernin (1598-1680) met en valeur la force du torse musclé de l’homme et suscite l’admiration. A cette heure, mes pieds réclament la clémence ; le retour à l’hôtel s’impose.

Villa Borghese
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Villa Borghese
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Villa Borghese
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Villa Borghese
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PAROLE, PAROLE…

Dîner avec le chanteur Mauro Gioia, originaire de Naples, au cœur du jardin du Romolo, restaurant situé dans le quartier du Trastevere. Le lieu est charmant, le repas délicieux : penne a la carbonara, artichaut «à la juive », tiramisu et vin de Toscane.

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L'église, place Santa Maria in Trastevere
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En ma présence, Mauro ouvre la lettre que lui a adressée Su Emittenza, comme à tous les citoyens italiens sans doute : il promet aux Napolitains de débarrasser Naples de ses ordures… En fait, c’est toute la région, la Campanie, qui est infestée (lire Roberto Saviano). On le sait, les promesses n’engagent que ceux qui les entendent…

 

LUNDI 5 MAI

Le ciel est d’humeur maussade ; le temps incline à l’orage. Le métro succède au tram pour gagner la station Ottaviano. A première vue, il semble qu’il y ait moins de visiteurs qu’hier. A première vue seulement. En effet, planté à l’une des entrées latérales de la place Saint – Pierre, je déchante : une double queue serpente tout autour de la vaste esplanade, dans l’espoir d’accéder à la basilique ! Une autre interminable file ceinture les bâtiments qui jouxtent Saint – Pierre, jusqu’à l’entrée du musée du Vatican… Tout le monde fait la queue, avec ou sans le secours d’un tour operator. Insolite, il n’y a guère de groupe japonais au sein de ce cauchemar ! Rome est une mouvante et gigantesque queue qui se répand dans toute la ville, envahit, encombre et gangrène avenues, rues, ruelles et venelles. La peste ! Faute de baiser la main d’un monsignor –et ce n’est guère ma préoccupation… cardinale -  je renonce au musée, à Saint – Pierre, à la Sixtine… Fureur et frustration : nombre des trésors de l’art, inaccessibles, me privent de leur beauté. Reste la flânerie, ici et alentour.

Place Barberini, Fontaine de Trevi
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Place Barberini, Fontaine de Trevi
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Chateau Saint-Ange
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Grande synagogue de Rome
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A PIED

La large via Crescenzio aligne une théorie d’édifices cossus ; certains abritent quelques- unes des légations près le Santa Sede, le Saint Siège, ainsi que plusieurs magasins de bondieuseries…Et voilà le château Saint Ange, curieuse pièce montée, entourée de douves à l’état d’abandon. Quel chemin suivre ? On franchit le Tibre par le pont Saint Ange : on aperçoit ainsi le faîte de la synagogue de Rome et l’on poursuit à pied, en longeant les rives du fleuve, jusqu’au Trastevere, er core de Roma, le cœur de Rome, en dialecte local.

On peut y accéder par le pont Sisto et la piazza Trilussa, ainsi nommée en hommage au poète éponyme. A cette heure, les degrés qui  escaladent la haute fontaine, toile de fond de la place, sont vides : la nuit venue, une foule de jeunes gens y siègent. Rues et venelles du quartier offrent une pléthore de restaurants et de terrasses. Fief des vestiges médiévaux de Rome, il est aujourd’hui peuplé d’artistes, d’artisans et de commerçants. Les édifices, crépis de couleurs et coiffés de tuiles, bordent, ici ou là, des rues pavées où il fait bon flâner, et leurs balcons, ornés d’une profusion de fleurs, chantent le printemps. Certaines maisons sont tapissées d’une parure de lierre. Le linge sèche, tendu à travers les ruelles étroites, au sein desquelles se faufilent deux roues et voitures. Quelques clochers haussent leur flèche et percent la masse des frondaisons.

Repas rapide à La Tana de Noantri : épaisse soupe de légumes, spaghetti au parmesan, fraises des bois et Valpolicella.

Au centre de la place Santa Maria in Trastevere, jaillit une fontaine du XVII° siècle et, à droite du promeneur, scintille dans le soleil la belle façade de mosaïques de l’une des plus anciennes églises romaines, dédiée à la Vierge. Sur ce fond, se détachent quatre statues : papes, prélats ou saints ? Je ne sais, ma culture religieuse comporte quelques lacunes… Le sanctuaire primitif daterait du III° siècle, l’église actuelle du XII°. À l’intérieur, l’abside recèle de magnifiques mosaïques. Certaines, de la fin du XIII°, « rompent avec l’influence byzantine ». Le plafond à caissons est l’œuvre du Dominiquin (1581-1641) et le pavement, dit le guide, est « cosmatesque ». C’est un joli néologisme ! Mais que diable signifie –t –il ? De chaque côté du chœur, ainsi qu’au pied de l’hôtel, sur un lutrin, trône une icône, comme dans les églises orthodoxes. Etrange ostentation dans une église catholique. L’auvent est constellé d’éclats de marbre revêtus d’inscriptions anciennes ; il abrite deux mendiantes. Voilà que s’annonce la pluie ; les parapluies, colorés comme les fleurs d’un parterre, s’épanouissent. Des vagabonds, aperçus, à l’heure de midi, aux abords du Cercle Saint – Pierre, trottinent jusqu’à ce havre providentiel et y déposent leurs maigres possessions. L’église demeure le refuge traditionnel des esclaves du malheur.

Bravant la pluie, on emprunte la via Garibaldi puis, au fil de rues et ruelles, tortueuses et escarpées, on gravit le flanc du Janicule. Parvenu à une terrasse, on contemple la Rome médiévale et baroque : clochers, coupoles et toits de tuile composent un décor propice à la méditation. Dans le lointain se dessinent les monts Albains.

Le belvédère San Pietro in Monterio, Saint Pierre sur le Mont Doré, et la « silhouette massive » de l’église éponyme dominent la ville. Elle fut fondée, au IX° siècle, sur le lieu, croyait-on, de la crucifixion de Saint – Pierre. Sa façade Renaissance épouse des « lignes sobres et géométriques » : elle date de la fin du XV° siècle, époque d’une  reconstruction financée par Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille. Aujourd’hui, le couvent voisin abrite une antenne de l’Académie Royale d’Espagne. Il jouxte les locaux de l’ambassade d’Espagne et du lycée Cervantes. Devant l’église, au pied d’une croix, flamboie une rutilante Ferrari… Encore une fois, c’est le choc des contraires : « la terre est bleue comme une orange », n’est-ce pas ?

A proximité, la Fonte Acqua Paola rafraîchit l’atmosphère. Plus loin, on découvre l’ossuaire qui abrite les restes de Garibaldi (1807-1882), héros de l’unification de l’Italie.

Via San Pietro in Montorio, un escalier livre l’accès à la descente : elle recèle un original chemin de croix sculpté. L’itinéraire se faufile à travers de pittoresques ruelles, jalonnées de fontaines, que n’épargnent pas toujours les deux roues.

Belvédère San Pietro in Montorio
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La villa Farnesina, le palais Farnese, est fermée. Un taxi file vers Sora Maria, l’une des plus illustres grattachecce (glaciers) de Rome : fermée également, contrairement aux indications d’un guide. Anglophone, le jeune chauffeur, informé de mes déceptions successives, dit : « le lundi est le pire des jours pour visiter Saint – Pierre car, samedi et dimanche, il n’y a point de visites ». A son instigation, on poursuit, à travers la via Saint Ange, le tribunal… en direction de San Luigi dei Francesi, Saint Louis des Français, l’église de la communauté française de Rome. Acquise en 1478, sa reconstruction ne s’achève qu’en 1589 ! « Le résultat, peut-on lire, est austère et sombre, en dépit du travail de décoration entrepris entre 1756 et 1764 ». La façade, sobre et belle, séduit l’œil avide de simplicité. Sur les parois de l’une des chapelles de l’église, on découvre, dans l’obscurité, trois Caravage (1573-1610) : peints entre 1599 et 1602, ils déclinent une thématique intitulée « la vocation de Saint Matthieu » : « en passant, Jésus vit Lévi, le fils d’Alphée, assis au bureau de la douane, et lui dit : « suis-moi ». Et, se levant, il Le suivit. »

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Un euro glissé dans la fente fait jaillir la lumière. Le tableau que le visiteur peut admirer sur sa gauche est un pur chef-d’œuvre. « Ces œuvres, dit un expert, marquent un tournant dans la manière du peintre : plus soucieux de réalisme, l’artiste instrumente ici les clairs -obscurs et la couleur pour charger de densité dramatique certaines figures ou scènes de l’histoire sacrée ».

On admire aussi les fresques du Dominiquin, exécutées au XVII° siècle, consacrées à Sainte Cécile. Enfin, on s’incline sur la tombe de Claude Gellée, dit le Lorrain, peintre du XVII° siècle, vénéré par Turner, au XIX°, et enterré ici.

A deux pas, la piazza Navona prodigue les eaux de ses trois fontaines (l’une est l’œuvre du Bernin) et offre l’espace de ses terrasses. Cette place épouse les contours du premier stade construit à Rome par Domitien (51-96) au premier siècle. Elle a été remodelée au XVII° siècle ; la vaste et belle façade de l’église Sant’Agnese in Agone date de la même époque. L’histoire, dans cette ville, jaillit comme l’eau des fontaines. A l’affût, à l’un des angles de la place, un mendiant infirme s’humilie à quémander.

Assis à la terrasse de l’un des nombreux cafés, on déguste l’une de ces glaces, dont les Italiens ont le secret : vanille arrosée de café, crémeuse à souhait !

Un taxi gagne la piazza di Spagna : une volée de marches conduit à l’église Trinita del Monti. A Rome, les édifices religieux jalonnent le paysage, comme autant de bornes sur la route du promeneur.

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NAPOLI

Le soir, à l’Auditorium, immense complexe musical, on retrouve le chanteur Mauro Gioia et le romancier Antonio Pascale qui célèbrent leur ville, Naples, ses amours, ses nuits, ses crimes…Le dîner en leur joyeuse compagnie à l’Ambasciata d’Abruzzo comble le convive : bruschette pomodoro, spaghetti-penne-ravioli, croustade.

Le mardi 6 mai, au terme d’un déjeuner à la table d’un restaurant de quartier, La Friseria (pâtes à la tomate, morue -pommes de terre- choux -fleurs, fraises et vin de Sicile), une voiture me dépose à l’aéroport de Fiumicino : c’est à regret que l’on quitte ce pays pétri de beauté, de grâce et d’élégance.