Hedin Björnlert Pekkari

Jeudi 13 Janvier 2011 20h30
Théâtre des Abbesses
HEDIN BJÖRNLERT PEKKARI
Suède

Trio Boréal
Musiciens accomplis, ils viennent du nord de l’Europe, territoire riche en traditions musicales et souvent oublié. Ils offrent un concert en trois temps : solo, duo, trio.
Une curiosité s’impose, le nyckelharpa*, bel instrument hérité du Moyen- Âge. Il tient du violon, de la vièle à roue et de la viole d’amour et sonne à la manière d’une viole de gambe baroque. Animé par Johan Hedin, il ouvre le bal. On dit de cet interprète qu’il est l’un des meilleurs nickelharpor de Suède. Âgé d’une quarantaine d’années, il a grandi dans le sud du pays au cœur d’un milieu fertile en musique traditionnelle. Les vieux maîtres qui l’initient lui enseignent que la musique est sœur de la danse : la musique, c’est la danse. Il poursuit, ensuite, ses études musicales (jeu et composition) au Conservatoire Royal de Stockholm. Respectueux de sa propre tradition musicale et, nanti de ce patrimoine, il s’ouvre à d’autres expressions traditionnelles et s’acoquine avec des musiciens issus de divers horizons musicaux. Sa soif d’apprendre étant, dit-on, inextinguible, il continue à approfondir sa maîtrise de cette tradition du sud-est, celle de ses origines, tout en explorant de nouvelles voies. Ainsi, facteur d’instruments, innove-t-il en inventant, entre autres, le nyckelharpa tenor dont la sonorité est proche de celle de la viole de gambe.
Son compère, Pelle Björnlert, fiddle, est incité, au début des années 70, par le maître violoneux Bengt Löfberg, à fouiller le riche trésor des airs « inexploités » du sud-est de la Suède. Conscient de la fonction qu’exerce la musique dans la vie quotidienne, il est également pénétré de l’importance cardinale de la danse, art avec lequel son jeu entretient une relation étroite. Voilà bien longtemps que son style fort personnel et le rythme contagieux, propice à la danse, qui l’irrigue ont popularisé son nom. Amoureux du répertoire oublié, il est l’idole des fiddlers et un modèle pour nombre de violoneux du sud du royaume qui admirent ce style riche, vivant et propre à la danse.
Le troisième complice, Erik Pekkari, cithariste accompli et virtuose de l’accordéon diatonique, a, au cours des années 80, reçu l’influence des maîtres violoneux du sud, tels que Bengt Löfberg et… Pelle Björnlert ! Il accompagne ensuite les mélodies à la cithare puis, développe une maîtrise de l’accordéon diatonique.
Ce trio d’exception offre un répertoire étincelant de polskas, de gammaldans traditionnelles ainsi que quelques compositions. Danse scandinave à trois temps, la polska se pratique en couple. Au XVIII° siècle, elle connut, en Suède, une grande popularité et y demeure fort répandue. Ne dit-on pas qu’au sud du pays, chaque village revendique sa propre variante ? C’est à la fin du XIX° siècle que commença le rayonnement des gammaldans, ces suites de danses nordiques (polkas, valses…) dans l’exécution desquelles l’accordéon tient un rôle central. Certaines pièces de ces musiques à danser du sud-est de la Suède recèlent des sonorités qui rappellent celles de la musique ancienne : une tradition vivante à découvrir.

Jacques Erwan

*Le nyckelharpa
Les yeux l’admirent, l’oreille est séduite, c’est un instrument ancien et précieux dont la facture offre ce double plaisir. Instrument à cordes frottées par un archet, c’est une « vièle à clefs » dont le clavier comporte trois rangées de touches. Il appartient à la famille de la vièle et de la vielle à roue et s’inscrit, donc, au sein d’une riche parentèle. On en trouve la trace dès le XIV° siècle mais, au fil du temps, sa facture a évolué : le nyckelharpa moderne date des années 1940. Il est généralement tendu de trois cordes mélodiques, de douze cordes sympathiques et d’une corde bourdon. Autrefois répandu dans l’aire septentrionale de l’Europe, on le trouve aujourd’hui essentiellement en Suède : son fief est la région située au nord de la capitale.